Les Romans Occultes de Dion Fortune:

La Prêtresse des Mers

 par A.Sumner version française Tof et Maud K.

Dion Fortune considérait ce roman comme celui dont elle été la plus fier. Elle a dit que c’était : 

« un Melkisedek littéraire. C’est un livre avec une idée profonde cachée sous la surface du roman, une thèse dont le thème est que toutes les femmes sont Isis et Isis est toutes les femmes. »

La femme archétypale dans ce roman est Vivien Le Fay Morgan, qui comme les personnages féminins dans les romans antérieurs de Fortune, est une réincarnation : dans ce cas, celle de la Prêtresse des Mers, une initiée mystérieuse qui est venu d’Atlantide à l’Antique Grande-Bretagne pour sauver la terre de la montée des eaux, dans une cérémonie qui a nécessité de nombreux sacrifices humains. Mais Morgan n’est pas comme les précédentes héroïnes de Fortune : elle est déjà une adepte puissante qui contrôle ses capacités magiques, étrangement belle et décrite d’une façon si mystérieuse qu’on pense qu’elle n’est pas simplement une réincarnation, mais qu’elle est réellement la Prêtresse des Mers, qui a survécu, immortelle, pendant des milliers d’années.

Le narrateur du roman est Wilfred, handicapé par son asthme alors qu’il subit la crise de la quarantaine. Puis il rencontre Morgan - et il est littéralement enchanté. Significativement, il la rencontre pour la première fois après avoir été sous l’influence de la Lune – souvenez-vous qu’après tout, Isis est une Déesse-lune. En présence de Morgan, Wilfred découvre ses propres souvenirs de vies antérieures : en tant que victimes des sacrifices de la Prêtresses des Mer,. Wilfred a une vision en faisant l’amour à la Prêtresse des Mers, une révélation mystique : 

« Et à ces heures alors que la marée montait, j’ai reçu des choses dont peu ont rêvé et moins encore ont connu. Moi j’ai appris pourquoi Troie a été brûlé pour une femme. Car cette femme n’était pas une femme, mais toutes les femmes et moi qui m’étais uni à elle, je n’étais pas un homme, mais tous les hommes, mais ces choses faisaient partie du savoir des prêtres et je n’ai pas le droit d’en parler. » 

Comme le personnage de Morgan est l’Archétype de la femme, l’avatar d’Isis en d’autres termes, elle est le standard selon lequel sont jugées les autres femmes du livre. Molly, la demoiselle que Wilfred épousera par la suite, est assez gentille, mais elle n’a pas ce qui fait qu’une femme est sexuellement attirante. D’un autre côté, une fille qui travaille dans un magasin tranquille et n’a aucune envie d’avoir des enfants ou d’étudier, doit certainement aussi avoir quelque chose d’attirant.

Morgan, cependant, disparaît au trois quarts du livre, laissant Wilfred dans l’embarras. En opposition avec l’aventure et l’excitation connue à l’époque de Morgan, il stagne dans un mariage sans attrait, désespérément conscient du fait qu’il a besoin de soins, mais sans savoir comment y parvenir. Molly apprend par la suite à imiter Morgan, elle invoque la Déesse et ainsi se soigne et soigne Wilfred.

Ce livre montre Dion Fortune au sommet de son art de romancière. Elle écrit en prose comme s’il s’agissait de poésie, en introduisant du rythme et jouant sur le nombre de pieds dans la structure de la phrase. On le remarque encore plus dans les passages que Fortune veut souligner - ceux qui nous semblent évoquer son message fondamental.

C’est la grande qualité de la prose qui insuffle la vie aux concepts qu’elle a traités dans ses livres antérieurs. Comme dans Le Taureau Ailé et Le Dieu à Pieds de Bouc, nous avons un homme qui a besoin de soins sexuels. Comme dans Le Taureau Ailé, nous avons en Molly une femme qui a elle-même besoin de soins magiques. Comme dans L’Amant Démoniaque et Le Dieu aux Pieds de Bouc, l’homme est racheté par la féminité naturelle d’une femme et comme dans la plupart de ces livres, nous y voyons les puissantes forces karmiques agir à travers le temps.

Pourtant, dans les premiers romans, ces idées sont utilisées dans ce qui semblent être des romans conventionnels ; avec La Prêtresse des Mers l’histoire n’est plus placée dans un décor occulte, c’est l’occulte qui est l’élément principal du livre. Fortune n’avait plus fait ceci dans un roman depuis Les Secrets du Docteur Taverner, mais dans ce livre le lecteur est souvent obligé d’accepter une explication du comportement d’un personnage sans que soient complètement expliqués les complexités des processus occultes en question.

Je n’ai que deux réelles critiques au sujet de La Prêtresse des Mers. Tout d’abord le personnage de Molly est sous-employé- elle n’apparaît qu’après que Morgan a disparu. C’est bien trop tard pour que le personnage puisse vraiment prendre corps, et pourtant ce personnage joue un rôle primordial à la fin.

Deuxièmement, Wilfred ne prend conscience des influences psychiques qui jouent un si grand rôle que lorsqu’il s’injecte de l’héroïne. Souvenez-vous que le roman a été écrit avant l’époque de la ventoline : le chlorhydrate de diamorphine a été employé pour soulager les asthmatiques, car une de ses propriétés est de supprimer le réflexe de toux et soulage le spasme musculaire qui est la base d’une crise d’asthme. Evidemment ce n’est qu’un détail pour s’assurer que Wilfred entre rapidement en action, mais je pense que cela envoie un mauvais message à ceux qui débutent en magie.

 


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Le Cercle de la Pierre Sorcière Wica, Wicca et Sorcellerie