Le Masque du Chien
par Evan John Jones
 

Le masque du Chien est la continuation du mythe de la Jument Nocturne. Une fois encore nous rencontrons le concept du jugement et de la punition contre une personne ou un groupe, à la fois dans ce monde et dans le suivant. Tout cela se fait au nom des Dieux, par les serviteurs de ces Dieux. Nous devons comprendre que les anciens prêtres ne se voyaient pas comme nous nous voyons aujourd’hui. Pour eux celui qui mettait en péril l’existence du groupe d’une manière ou d’une autre devenait l’ennemi du groupe. Mettre en péril le groupe, pas uniquement physiquement, mais aussi en commettant des blasphèmes, en profanant des sépultures ou des sites sacrés ou plus grave encore en violant un tabou du groupe. De nos jours, cela peut nous sembler difficile à comprendre mais nous devons essayer d’y parvenir un tant soit peu si nous voulons comprendre comment le concept a évolué.
Pour les Celtes, la croyance en une après-vie était si forte que souvent il arrivait qu’on promettait de rembourser, dans la vie suivante, une dette contractée dans celle-ci.
Dans le même esprit, dans l’Egypte Antique on saccageait souvent la tombe d’un propriétaire terrien que l’on détestait ou d’un seigneur qui avaient fait représenter des scènes d’une après-vie idéalisée car on pensait que ça serait sa vie dans l’autre monde. En coupant, par exemple, le pouce (sur la fresque) du propriétaire de la tombe, son âme était ainsi estropiée de même de manière magique.
De même les anciens prêtres voyaient la malédiction d’un ennemi comme quelque chose qui pouvait le poursuivre après sa mort. Les anciens prêtres se voyaient comme les gardiens de l’esprit de la communauté. Ils étaient ceux qui soignaient les malades, ceux qui repéraient les malfaisants, les gardiens et ceux qui étaient les garants des tabous de la tribu, l’équivalent humain des chiens des Enfers. Au nom des Dieux, ils pourchassaient une personne ainsi que son âme pour une action commise contre les Dieux et la communauté.
Alors que d’un côté il y avait la religion de la tribu / du pays administré par toute une hiérarchie de prêtres / conseillers placés sous l’autorité du roi ou avant du prêtre / roi, il y avait de l’autre côté le vieux rebouteux du village ou de la région. Ce devait être vers eux que se tournait la communauté même s’ils n’étaient pas reconnus par les dignitaires.
Profondément ancrés dans les campagnes, c’étaient eux qui se chargeaient de la vie spirituelle et du bien être de la communauté. Ce sont eux qui ont préservé l’ancien savoir bien après que le christianisme ait supplanté l’ancienne foi païenne chez les dirigeants. Cette foi fut ensuite qualifiée de « Culte Satanique » et ses pratiquants de « Méchantes Sorcières ».
De ce qui précède on déduira que le masque du Chien n’est invoqué que dans des circonstances spécifiques tout comme la Jument Nocturne et la figure du Dieu Cornu / Cavalier c’est à dire lors des malédictions. Nous mettons l’accent sur le fait que si jamais ce type de rituel est utilisé, ce n’est qu’en tout dernier ressort.
Aujourd’hui, bien que le rituel de la malédiction formelle soit bien connu, le masque du Chien n’est pas impliqué dans ce type de pratiques. A Imbolc, le 2 février, on ne met plus l’accent sur les mêmes choses, mais l’ancienne idée d’une période de purification est toujours observée, maintenant l’accent est mis sur l’esprit de l’ancienne année plutôt que sur les fantômes de nos ancêtres.
Néanmoins, nous conservons la tradition de l’ancienne Chasse Sauvage mais d’une manière plus douce. La course folle pour s’enfuir du lieu du rituel doit faire penser aux membres qu’ils sont les chiens lâchés qui courent à perdre haleine. Très souvent ce qui se passe à ce moment est à l’opposé de ce qu’on recherche et celui qui a commencé en incarnant juste un rôle est saisi par la Déesse et tout devient réalité. Les membres du groupe sont pris par les évènements et deviennent les descendant vivants des Chiens des Enfers, qui courent une fois de plus pour leur très ancienne chasse.
Le masque du Chien nous rappelle que la capacité, le savoir et la compréhension sur la manière dont il faut s’y prendre pour jeter un sort sont toujours là. Si parfois quelque chose va de travers et que quelque chose de négatif en provenance de « l’autre côté » nous tombe dessus et cause toutes sortes d’attaques psychiques et de désordres, le groupe doit avoir l’expérience et le savoir qui lui permettra de contrer tout ce qui lui tombera dessus et de le renvoyer là d’où cela provient. Une partie de ce type de rituel sera attribué mentalement au masque du Chien et une fois encore celui qui représente les serviteurs à quatre pattes du Chasseur Cornu, le Prince du Tertre et de l’Autre Monde, renvoyant quelque chose qui n’est pas de ce monde vers là d’où ça vient.

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Le Cercle de la Pierre Sorcière Wica et Sorcellerie