Le Masque du Chat

par Evan John Jones

 

A certaines époques on a paradoxalement donné au chat un statut proche du divin tout en le considérant comme un très bon animal de compagnie et un ami. Plus tard on l’a associé au Diable et à ce qui tournait autour, il était utile d’en avoir un avec soi.

Ce pauvre vieux chat qui était coupable par association. L’association entre les chats et les hommes est très ancienne, mais personne n’a jamais vraiment pénétré la pensée du chat ou même compris le chat aussi bien que nous comprenons le chien.

Dans l’ancienne Egypte, le chat était associé à la Déesse Bastet, elle-même représentée comme une déesse de la fertilité, du plaisir et de la maternité à tête de chat.

Il y a aussi toute une série d’indices qui montrent que le chat était aussi associé avec Isis et Osiris. Plutarque, l’historien romain raconte que pour les Egyptiens, le chat représente le soleil ainsi que la Reine et la lune. On a retrouvé une fresque dans une tombe où le dieu Ra est représenté sous l’apparence d’un chat mangeant le serpent des ténèbres. Les sistres utilisés dans le temple étaient souvent décorés d’un motif représentant une chatte Lors des éclipses, ces sistres étaient agités pour aider et encourager la Déesse Bastet à dévorer les ténèbres et à faire réapparaître la lumière.

Sur un plan plus prosaïque, là où l’on conservait le grain, la capacité du chat à tuer la vermine avait une grande importance et l’affection qu’on avait pour ces animaux est attestée par le grand nombre de momies de chats qui ont été retrouvées.

Les Grecs, de leur côté, ont compris la valeur du chat pour lutter contre les nuisibles, mais ils ne lui ont jamais donné de statut religieux ou mystique, ne le voyant que comme un animal utile à avoir près de chez soi. Les Romains voyaient le chat comme un symbole de liberté : l’ancien fort de Car Vicense aux Pays Bas célèbre toujours cela dans son nom Kattewyk ou Ville des Chats.

Chez les Celtes, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à la loi du roi gallois Hywel Da datant d’environ 936 pour saisir l’importance du chat ainsi que le paiement compensatoire qui était d’une mesure de grains ce qui est assez poétique si l’on songe que le chat détruisait les rongeurs.

Ainsi, comment après des siècles d’adoration un animal semi-divin et apprécié pour ses qualités de chasseur, notre bon vieux matou est il devenu une créature satanique ?

Une des raisons peut être son lien avec Freya, la déesse de la fertilité norroise. Son chariot mystique était tiré par des chats sauvages, plus grands et plus féroces que le chat domestique mais ayant la même apparence. A une époque, son culte était une concurrence pour l’Eglise Catholique qui n’était pas aussi universelle qu’elle aimait le penser. C’est cette même église dont le chef, le Pape Innocent VIII qui a légalisé les premières persécutions de sorcières et par là même celles des chats. Tout au long de cette période de persécutions des sorcières, le chat en tant que familier était sensé être celui qui apportait toutes sortes de malheurs au nom du Diable : Morts subites, fausses couches, folies, mauvaises récoltes, épidémies humaines et animales – tout ce que vous vouliez, la sorcière et son chat en étaient responsables.

L’Eglise elle-même a inspiré et soutenu l’hystérie anti-sorcières qui au cours du moyen age a conduit à écrire des livres comme « Attention au Chat » qui avertissaient solennellement qu’une sorcière pouvait se changer en neuf chats différents, l’un après l’autre. Il ne suffisait pas de tuer un chat, il fallait les tuer tous les neuf. Cette conviction était tellement largement répandue qu’à de très nombreuses reprises des chats furent menés au tribunal juste au cas où ils seraient une sorcière déguisée.

En France, la coutume voulait qu’on brûle des sacs pleins de chats le jour de la St Jean en son honneur.

Encore de nos jours, lors de la Fête des Chats à Ypres en Belgique des chats factices avec un ruban autour du coup sont jetés du beffroi de la ville, ils seront ensuite échangés contre des prix.

Tout cela n’est qu’une commémoration de la pratique millénaire où l’on jetait des chats vivants d’une tour pour prouver que les citoyens d’Ypres étaient de « bons chrétiens ». Dans le même esprit, en France et en Allemagne, des chats étaient souvent suspendus puis offerts en sacrifice / remerciement rituel au moment des moissons.

Parfois aussi de pauvres vieilles femmes, seules, à moitiés tordues par l’arthrose avaient pour seul compagnon un chat, c’était probablement leur seule compagnie qui depuis des années leur apportait un peu de tendresse. Lorsque ses voisins – par malveillance, peur ou pour récupérer sa maison ou un peu de terre – souhaitaient s’en débarrasser, ils l’accusaient de sorcellerie. Des preuves ? « La Vieille Sorcière garde un chat et nous savons tous qui sert le chat, n’est-ce pas ? » et pour ce crime on les brûlait certainement. Peut être qu’en un sens le chat tenait sa revanche, sans le grand nombre de chats nécessaires pour lutter contre les rats, l’épidémie de peste bubonique du XVième siècle s’est développée encore plus vite.

Même si le chat n’est plus vu comme une manifestation de Satan, il y a toujours une croyance résiduelle en les capacités et aspects surnaturels du chat – mais tout cela est totalement infondé. Pour certains, un chat noir porte-bonheur, alors que dans le passé le chat noir était plutôt vu comme messager de mauvais temps, de naufrages, d’incendies, de désastres et probablement de toutes sortes d’autres malheurs allant des pieds plats au mal de dents. Si le chat du bateau s’échappait, c’était le signe certain que ce sera son dernier voyage. En extrême Orient on plaçait un chat en écaille de tortue sur le haut du mat pour chasser les démons des tempêtes. On trouve tout un folklore sur l’influence du chat sur le temps. Si le chat tourne sa queue vers le feu c’est un signe certain de froid qui arrive. S’il lèche sa queue c’est qu’il va pleuvoir. Les chats sont très sensibles aux changements de temps et réagissent en changeant de comportement.

Si l’on considère combien le chat a souffert par la faute de la bigoterie humaine parce que d’autres hommes lui donnaient un rôle semi-divin, il n’y a pas à en douter, le chat fait partie des animaux du rituel. Dans le passé une déesse était représentée avec des chats harnachés à son char, une autre Déesse était représentée avec une tête de chat et maintenant nous devons nous souvenir que le chat est une créature de la nuit et qu’il est sacré pour la Déesse de la Nuit. C’est pour cela que ceux qui leur nuisent sont maudits car ils nuisent à la déesse. En nous souvenant de leur histoire nous devons les honorer en portant le masque du Chat dans le Cercle Sacré. Comme nous, à leur manière ils connaissent la déesse et lui rendent une forme de culte.      

 

Retour

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Cercle de la Pierre Sorcière Wica et Sorcellerie