Par Nigel Jackson
1. Derrière vous la cloche de l’église sonne les douze coups de minuit, vous marchez en vous éloignant des maisons dans l’air froid de la nuit, d’un pas tranquille à travers les prés vers la haute haie épineuse qui entoure et encercle le village. Vous voyez sa masse sombre devant vous à mesure que vous vous approchez. Vous marchez maintenant à côté de la haie.
Comme vous marchez doucement, vous commencez à entendre les sons qui parviennent du loin, de l’autre côté des haies - les appels des oiseaux et des animaux nocturnes, des bruits rapides et secs, des feuilles que l’on piétine, le hululement éloigné d'un hibou, le coassement du crapaud, le glapissement d'un renard.
2. Vous continuez à marcher, la haie est à votre gauche et, après un moment, vous arrivez à un passage dans la haie. Devant vous il y a un encadrement de porte en pierre qui vous guide au travers du mur épineux. Sur les cotés de l’encadrement en pierre, vous voyez des symboles qui y sont gravés. L’étoile des sorcières d’un côté et le pied griffu des sorcières de l’autre. Contre la pierre, on a posé un bâton et à son pied se trouve un petit pot d’onguent vert foncé. Vous avancez et prenez le bâton en main. Sous votre doigt vous sentez sa surface lisse et les glyphes qui y ont été gravés. Vous vous agenouillez et prenez le pot d’onguent qui vous laisse une impression amère.
3. Vous vous tenez maintenant debout, le bâton en main devant l’encadrement de pierre, en silence, et la haie imposante et les paroles mystiques des prières du Sabbat viennent à vous.
« Robin, Sombre Maître,
Que les hommes appellent le Diable.
Boucca Cornu des champs, des collines et des marais,
Seigneur du crane et du phallus,
Qui dirige la chasse sauvage,
Ouvre la voie, nous t’en prions,
La voie sorcière vers le sabbat.
Neuf fois mère des sagesses nocturnes,
Dame Hel, Dame Birch, Morgan Le Faye,
Que les hommes appellent la Reine du Pays des Elfes,
Grande Hérodias qui vole dans les ténèbres,
Nous te prions, Reine et Sorcière,
Dirige-nous sur la voie sorcière
Vers la splendeur étrange du sabbat,
Qu’il en soit ainsi ».
4. Par le portail de pierre, vous entrevoyez maintenant une sphère de lumière douce au-dessus du sol, brillant dans la brume sans chasser les ombres. Vous regardez sa couleur alors qu’elle se déplace derrière la pierre. Alors que vous regardez intensément dans la boule de lumière, vous avez l’impression d’apercevoir un animal, une forme ou un oiseau. Derrière le portail de pierre, votre lumière-esprit frémit et plane au-dessus du sol, elle brille doucement dans l'obscurité, et vous incite à aller plus loin dans votre voyage de l'autre côté.
Vous regardez maintenant au loin par l’encadrement. Vous voyez une lune pleine et jaune accrochée bas dans le ciel sur un paysage brumeux de bruyères, de bois, de marais, de prés brumeux, de collines et de pierres levées qui lancent de longues ombres noires dans les rayons de lune où des lièvres clairs sautent dans la bruyère. Au pied du montant en pierre, un sentier étroit se dirige tout droit sous la faible lueur de la lune. Vous sentez que le sentier se dirige vers sur une colline sombre qui apparaît vaguement au loin.
6. Vous tenez le bâton et le pot d’onguent et vous franchissez le seuil et passez par l’ouverture. Les épines s’accrochent à vos vêtements alors que vous arrivez de l’autre côté sur l’herbe humide. Pendant quelque temps, vous vous tenez debout, vous respirez l’air glacé, puis vous plongez vos doigts dans le petit pot de terre et vous vous enduisez la poitrine et le front de cet onguent vert. Vous prenez le bâton et vous le placez entre vos jambes. Alors que vous le serrez le bâton entre vos cuisses, vous murmurez en silence l’ancienne incantation :
« Tout, tout à tout, à travers et autour, au nom du Maître Cornu ! ».
7. Alors que vous êtes à califourchon sur le bâton, une brise se lève dans la haie derrière vous et le vent commence à souffler au loin. Son hurlement commence à remplir l'air et on a l’impression de discerner des voix qui appellent et crient dans la nuit. Au loin, une corne beugle et le vent s’intensifie jusqu’à ce que vous le sentiez vous tirez et vous soulever du sol. Vos pieds ont quitté la terre et vous vous envolez vers le ciel nuageux.
La lumière qui vous attire survole le chemin devant vous, vous montrant la voie, alors que vous montez dans le ciel avec aisance, glissant sans à-coup dans la nuit. Vous chevauchez facilement le bâton dans cette froide atmosphère, et vous allez vers la colline sombre au sommet de laquelle des feux rougeoient au loin.
8. A califourchon sur le bâton, vous montez en flèche et volez à toute vitesse. Le vent glacé dans vos cheveux secoue votre manteau, alors que vous volez dans le ciel nocturne. Vous sentez que vous volez haut et regardez la terre en dessous de vous - les champs, la cime des arbres, les marais éclairés par la lune blême. Au-dessous de vous, la voie chemine droite comme un fil d'argent lumineux.
Vous devinez, dans l’air sombre et la brume, des compagnons fantômes voler autour de vous, un hibou silencieux, des personnages à califourchon sur des balais la peau noircie au charbon et des chèvres. Certains portent de hauts chapeaux sombres. Vous volez vers l’avant, vous déplaçant sans à-coup et rapidement comme dans un rêve.
9. La masse imposante de la Sombre Colline apparaît confusément devant vous, le feu allumé sur son sommet se détache dans la nuit. Vous volez de plus en plus bas sur votre bâton. Vous descendez doucement dans les airs jusqu’au pied de la colline qui surgit devant vous, une masse sombre au sommet de laquelle danse une flamme.
Vous flottez toujours plus bas jusqu’à ce que vous sentiez vos pieds toucher le sol. Vous vous retrouvez debout, votre bâton à la main, au pied de la colline à côté d'un vieux sureau tout tordu dont les branches sont comme des doigts noirs et crochus qui tentent d’agripper la lune. Autour des racines de l’arbre vous voyez que de luxuriants plants de morelles portant des fruits pourpres. Près du Sureau vous voyez une embrasure en pierre qui permet de pénétrer dans la colline et l’on voit rougeoyer une lueur sur l'herbe au fond du tunnel. Vous vous tenez debout devant ce portail pendant quelques secondes et vous vous penchez ensuite légèrement pour entrer dans le tunnel. Vous marchez sur le passage pavé, bas de plafond, et vous entendez résonner le bruit de vos pas alors que vous avancez.
Vous entendez maintenant au loin un son léger, des murmures, des chants étouffés, des flûtes plaintives, le bourdonnement des cornemuses et des tambours. Vous descendez toujours plus bas et le passage devient très étroit. Vos mains touchent les murs de pierres brutes, alors que vous rampez plus profondément dans la colline. Maintenant la lumière étrange brille plus fort comme si vous étiez près de sa source. Tout à coup, le tunnel s'élargit et vous passez sous de nombreuses arches et pénétrez dans le crépuscule du royaume du mystère…
(Vous respectez maintenant une période de silence pendant laquelle vous parvenez à la communion magique avec les anciens pouvoirs du Sabbat).
10. Pour revenir des Mystères Sabbatiques du Monde de Sous Terre d’Hel/Annwyn, la sorcière chevauche le bâton et chante l’air de retour.
« Rentum Tormentum au nom du Maître Cornu ! ».
Par ce charme, vous reviendrez instantanément de la Sombre Colline de Féerie du Sabbat, vous reviendrez des lieux hauts et isolés des Puissances Sauvages et vous traverserez la haie dans l’autre sens vers la Terre du Milieu et le monde des vivants, vous réveillerez votre corps assoupi. Ce retour est la re-naissance sacrée dans le monde de l'utérus primordial de Dame Bouleau, l'Ile des Pommes de Morgan le Faye, la caverne des Mères. Ceux qui reviennent des profondeurs d'Annwyn sont réincarnés, reviennent et sont sorcières, des femmes et des hommes qui détiennent la sombre puissance et la connaissance secrète.