La Foi des Sages

 

L'article suivant a été écrit par Robert Cochrane et publié dans Pentagram d'août  1965.

Certaines " autorités " affirment que la Foi des Sages, quand toutefois elles croient en son existence, est un simple fait : une religion pré-chrétienne vénérant des Dieux et des Déesses, pratiquée par des paysans simplets mais sincères, et qui parfois sous une forme plus sophistiquée peut se retrouver dans les conversations de salons

En conséquence nous avons un phénomène intéressant : des êtres civilisés et sophistiqués qui courent en rond en se conduisant comme de simples paysans, et de simples paysans qui n’ont jamais entendu parler de telles choses ! ces mêmes " autorités " maintiennent que nous suivons une croyance qui, comme l’a dit un vieil ami, à la tête de laquelle se trouve une déité " qui est la plus douce des femmes, tout le monde l’aime ". Pour citer quelqu’un d’autre qui est simplement un étudiant de l’Art, " la sorcellerie tourne autour des rituels " ce que je suppose être exact, si on accepte cette définition pour la sorcellerie.

Tout ceci m’ennuie quelque peu, quoi que je ne sois pas un paysan et que je ne souhaite pas plus être dominé par une douce créature, et les rituels, pour moi, sont un moyen plutôt qu’une fin en soi. Qu’en est il de la Foi ? Je ne peux parler que pour moi, et ce que j’écris ici n’est que mon opinion, mais allons y.

Malheureusement pour les autorités, les étudiants et " ceux qui cherchent la vérité ", la foi n’est rien de ce qui est écrit ci-dessus. La foi n’est que vérité, vérité totale. C’est une des plus anciennes religions, et également une des plus efficaces, mettant l’homme en contact avec des Dieux, et avec lui-même. Car une telle foi est un mode de vie différent et distinct de ce que disent les autorités ou les historiens. Dans cette foi, l'homme peut offrir sa dévotion aux Dieux, et reçoit une certaine perception de leur existence par sa participation à la nature parfaite du divin, se souvenant qu’il existe un intérieur et un extérieur, ce qui est bien plus " la vérité ". Dans la Foi il y a la dévotion que l’on porte en soi, et finalement le mysticisme et l’expérience mystique. Elle a, au même titre que toutes les grandes religions, une force intérieure bien plus grande que ne l’est le monde extérieur. C’est une discipline qui, à partir du monde, crée une vision interne enrichie. Elle peut englober la totalité de l’expérience humaine, de la naissance à la mort, et au-delà et le fait effectivement. Elle crée, dans l’esprit humain, une lumière qui éclaire les ténèbres, et qui ne pourra plus jamais s’éteindre. On ne peut jamais ni totalement l’oublier, ni totalement s’en souvenir. La Vraie Foi est la vie de celui qui la suit, sans elle il n’est rien, avec elle il a assimilé une partie de la création.

La force exige des formes à ce niveau d'existence, donc le rituel existe pour contenir cette force. Le divin exige une adoration, donc le rituel existe pour concrétiser et exprimer ce culte. L'homme a besoin d'aide, donc le rituel est conçu pour apporter cette aide. Il est possible de comprendre la divinité ou la force sans le rituel, puisque le principe premier du divin est d’être présent à tous les niveaux, dans toutes les choses et à tout moment, mais la perception totale n'est pas donnée tout le temps à toute l'humanité. Dans ce but le rituel devient un moyen d’élargir la perception en attendant qu’une partie du Divin nous soit finalement révélée, et ce qui est en dedans et en dehors est partiellement compris : compréhension par la personne physique du participant jusqu'à ce qu'il ne fasse qu’un avec son être total. Les forces comprises font partie de la personne vivante, intégrées à sa vie quotidienne comme élément d'une discipline spirituelle, mentale et physique qui renvoient le croyant encore et encore à la Source originale.

La dévotion exige des preuves. Cette preuve existe dans les disciplines de la foi. La nature de la preuve ne peut pas être expliquée, car la force ne peut se comprendre que par l’expérience, et non pas par le raisonnement intellectuel. La nature de la preuve peut être de nombreuses formes, mais parmi les plus communes il y a :

(a) UNE VISION POÉTIQUE, lors de laquelle le participant accède aux images rêvées et aux symboles. C'est le résultat de l’inconscient stimulé par divers moyens. Ces images sont enseignées comme élément d'une tradition, et existent également (comme le spécule Jung) à leurs propres niveaux. Elles sont, si elles sont bien comprises, des moyens par lesquels une petite partie de vérité peut être comprise.

(b) LA VISION DE LA MÉMOIRE, dans laquelle le croyant ne se souvient pas uniquement d’une existence passée mais aussi, parfois, d’une perfection passée.

c) LA VISION MAGIQUE, dans laquelle le croyant entre donc en contact avec certains niveaux et assimile le Divin.*

d) LA VISION RELIGIEUSE, dans laquelle on permet au croyant d’accéder au vrai Divin pendant une courte période. C'est une partie de la vraie initiation, et la conclusion d’une dévotion dans un but mystique.

e) LA VISION MYSTIQUE, durant laquelle le croyant entre en union avec le Divin. Ce stade n'a pas d’existence réelle, étant un point où seule la force est présente. Il y a des preuves, car quiconque a été en contact avec de telles forces, ne peut plus y avoir de doutes quant à la nature de l'expérience. L'homme doute par nature mais pour celui qui participe à une telle expérience, le doute concerne plus le monde extérieur, que son monde intérieur. La réalité d'une telle expérience illumine toute sa vie.

Ainsi il peut être montré que la foi est une philosophie complexe, liée finalement avec la nature de la vérité, avec l'expérience et la dévotion. Elle exige discipline et travail ; une dévotion complète et totale dans le but commun. Elle ne peut être réalisée que par le culte, et certains mettront de nombreuses années à y parvenir.

La Foi ne tolère aucune absurdité, et ceux qui y viendraient, doivent venir l’esprit vide en disant " je ne sais rien, je cherche tout, " car toutes choses peuvent être contenues et sont contenues dans la structure de la Foi. Elle a survécu, dans le secret et le silence à la persécution, à l’indifférence et aux falsifications. Elle est secrète car seuls les méritants peuvent appréhender le merveilleux silence du domaine des Dieux. Elle est silencieuse parce que dans le silence est la force, la protection et un futur. Elle est aussi silencieuse aujourd'hui, parce que comme l’ont dit les Grecs " ceux que les Dieux voudraient détruire, deviendront d'abord fou. " Il est presque impossible d’y parvenir à moins que le postulant montre d’indubitables preuves de sa mémoire passée et d'un véritable chemin mystique, et qu’il soit prêt à entreprendre les épreuves qui le forceront finalement à révéler ce qui en lui est le plus secret.

La foi n'a aucun secret dans ce sens qu'il existe des formules écrites qui peuvent être aisément comprises et enseignées. Elle est finalement la Vraie Foi, restant immuable à travers l'espace, le temps et l’aventure humaine.

* Étant prié par le rédacteur de clarifier ce sujet j’invite le lecteur que le sujet intéresse à examiner les lettres hébraïques IHV telles qu’elles seraient dans leur contexte matriarcal original, et qui expliqueront une partie de la nature même du rite magique et du rituel. Ce devrait être aussi clair que le Chevreuil dans le Bosquet l’est maintenant.

 

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