Si les Sorcières ne volent plus

Le paganisme contemporain et les solanacées

par Chas S. Clifton


 

En 1966, lors du solstice d’été, Robert Cochrane (le nom magique de Roy Bowers), une figure importante du retour de la sorcellerie en Angleterre, s’est donné la mort par absorption d’un cocktail de somnifères, whisky et belladone. Certains ont parlé de suicide lié à un désordre mental, des amis à Cochrane pensaient plutôt à une communion rituelle avec les Dieux, alors que d’autres encore penchaient plus pour un sacrifice délibéré sur le modèle du Roi Divin. Ceux qui le connaissaient le mieux voyaient ce suicide comme la suite de son divorce et la fin d’une histoire d’amour.
Quelles que soient les causes de la mort de Cochrane, son influence a persisté. Sa correspondance, au cours des années qui ont précédé son décès, avec un jeune militaire américain a influencé plusieurs traditions américaines en particulier « 1734 » Roebuck et la Moshsian Tradition. Doreen Valiente qui a travaillé avec Cochrane le décrit comme « peut être la plus puissante et talentueuse personnalité de la sorcellerie contemporaine ».
En un sens, Cochrane est lié aux mésaventures qu’ont connues les utilisateurs actuels des solanacées enthéogènes. Comme la tomate, la pomme de terre, les haricots, les poivrons, la famille des solanacées comprend aussi une variété de drogue dont, par exemple, le tabac. Parmi les solanacées on trouve plusieurs plantes utilisées en magie et chamanisme de l’Asie à l’Amérique. Parmi elles ont peut citer différentes espèces de datura, la belladone, la mandragore et la jusquiame.
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On s’intéresse aux anciennes cultures païennes, on étudie des langues mortes ou marginales comme le Norois ancien ou l’Irlandais, on étudie les sites archéologiques et les artefacts et les textes, et on essaie de reconstituer le passé, mais on ignore l’utilisation rituelle des enthéogènes. Gerald Gardner, qui a écrit le premier livre sérieux sur le renouveau de la sorcellerie, « Witchcraft Today » en 1954 commence ainsi son second chapitre : « il y a toujours eu des sorcières » avec une description de la sorcellerie qu’il fait remonter au Paléolithique. Là non plus Gardner ne dit pas que les enthéogènes ont joué un rôle important dans la religion.
Gardner ne peut ignorer « l’onguent de vol », qui est attesté historiquement, il dit dans Witchcraft Today que « les sorcières du moyen âge connaissaient « certains encens » propices à la clairvoyance et à la vision spirituelle. Au moyen âge, de nombreux ingrédients venaient du moyen orient, mais à la base ces herbes étaient indigènes et certaines d’entres elles étaient des poisons… . L’utilisation de poisons pour entrer en transe ne blesse personne sinon vous-même ».
Au sein de la lignée initiatique gardnerienne, il y a toujours de nos jours une petite utilisation rituelle d’ enthéogènes. Un membre âgé, né au Pays de Galles et vivant actuellement au Canada dit : « une des marques distinctives de la wica gardnerienne est le manque de connaissance des plantes… Ce qui est fait de nos jours est plus proche de l’expérimentation générale… Bowers (Robert Cochrane) fut un de ceux qui fit ce genre d’expériences. Ronald Hutton historien à L’université de Bristol et auteur de « The Triumph of the Moon: A History of Modern Pagan Witchcraft » a dit que la seule preuve que Gardner et les siens utilisaient des champignons ou un autre enthéogène vient de ce qu’à dit Louis Wilkinson au sujet du New Forest coven de Gardner et rapporté par Francis King dans « Ritual Magic in England ». Contre cette affirmation, Hutton a dit: « Cette hostilité à la prise de drogue a été exprimée par Gardner dans la partie concernant les huit voies de la magie du Livre des Ombres. Ce peut bien sûr être le reflet de désillusions plus que d’une opposition de toujours, mais on constate aussi cette opposition dans son autobiographie fantôme « Gerald Gardner: Witch » où il montre qu’il en a vu les effets dans les colonies. Cochrane et « Taliesin » étaient plus indomptés ».
Comme on peut le lire dans ses lettres et dans les souvenirs de ceux qui l’ont connu, Robert Cochrane avait une vision moins dogmatique que Gerald Gardner de la sorcellerie. Comme l’a dit Cochrane lui-même il était sous « influence poétique » et affirmait être l’héritier des gitans, des chuchoteurs et d’une lignée de sorciers ruraux anglais.
Il ritualisait dans des grottes ou au sommet des collines, et on trouve dans ses lettres des références à l’amanita muscaria et au vin de belladone. Selon ceux qui l’ont connu, sa mort a découragé les membres de son coven à utiliser les enthéogènes traditionnels, ils se sont tournés vers des méthodes physiques d’induction de la transe au travers de rituels, de danse et de masques.

 

 


 

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Le Cercle de la Pierre Sorcière Wica et Sorcellerie