Chapitre 1 - Airline (quatrième partie)
par
R. Deutsch version française Tof & Néphilim
Des choses adorables pour une magnifique enfant de dix
ans, qui avait envie de se promener dans les bois avec un chien de compagnie, ou
« d’emprunter » un cheval, ou encore de rester seule dans sa chambre à apprendre
l’extase de son propre sexe. Maxine Sanders n’a jamais perdu un reste étonnant
de pudibonderie provenant de ce conditionnement précoce : on a fait remarquer
ailleurs que « dégénérés » est son insulte la plus cinglante. Elle a aussi un
zeste de cruauté, à la Ignace de Loyola, qui semble souvent impossible à
concilier avec la femme épuisée qui a passé une semaine sans beaucoup dormir et
à s’occuper d’un parfait inconnu qui était en train de mourir à l’hôpital: ce
dernier ne s’est jamais réveiller pour la remercier.
Voila pour moi, l’auto-contradiction du christianisme organisé : son premier
précepte c’est: fais le bien ou je te tuerai. Si tu n’es pas parmi les fidèles,
un membre de l’armée du Christ, un adepte des forces de la lumière, éloignant
avec une torche les forces des ténèbres, alors tu es damné.
Techniquement, Arline n’a pas été baptisée avant l’âge de sept ans, mais sa mère
était catholique, elle était aussi membre d’autres groupes religieux. Le passé
catholique de Maxine s’affiche parfois de façon incongrue, son autel de sorcière
est souvent orné d’une statue de Saint François. Mais dans la plupart du temps
l’éducation catholique insuffle à l’enfant, pratiquement dès sa naissance, des
sentiments tels que ceux que j’ai cités plus haut.
Si tu n’es pas ce que la sainte Mère l'Église dit, alors tu as tort.
Si tu n’es pas catholique, tu es une sorcière.
« Il suffit de dire qu’à un moment je savais que la terre était plate, que le
Père Noël existait vraiment et que plus tard j’étais certaine que l’on pouvait
tomber enceinte en s’asseyant sur une chaise que venait de quitter un jeune
homme. »
Cinq ans après sa confirmation : à l’époque où elle savait qu’elle pouvait
tomber enceinte et désigner comme père un fauteuil, alors qu’elle écoutait avec
sérieux les religieuses qui lui disaient d’avoir avec elle trois journaux si
elle voulait s’asseoir sur les genoux de son jeune époux lorsque les mêmes
religieuses lui ont assurée qu’il était dangereux de marcher dans une flaque
d’eau boueuse, car un homme pouvait voir sa culotte dans le reflet, à cette
époque elle allait rencontrer un homme qui allait modeler toute sa vie.Pourquoi
précisément trois et non pas deux ou quatre journaux? Comme s'ils pouvaient
arrêter un homme se transformer en animal, elle ne pouvait que l’imaginer. Ses
dix premières années avaient été chaotiques, mais pas vraiment malheureuses et
elle avait déjà développé un gout de l’aventure qui ne l’a jamais quitté. Il est
vrai que ces années avaient été remplies de bouleversements, déménageant sans
cesse, vivant dans un cadre somptueux un jour et dans un taudis le suivant,
jouant au poker toute la nuit et assistant à des séances de spiritisme à la
demande insistante de sa mère à un âge où la plupart des filles rêvaient d’Elvis
Presley. Elle affirme aujourd'hui qu’elle a des difficultés à relier les
évènements de son enfance avec des lieux.
A quinze ans, elle a été présentée à Alex Sanders ou re-présentée, puisqu’il
l’avait connue quand elle n’était encore qu’un bébé. Il n’est pas le Père Noël,
mais c’est un sorcier et un magicien. Et il est tout à fait réel, bien réel.
(à suivre)