La Colline en Flamme (première partie)

par J.Jones
version française Tof

David le sixième enfant des parents d’Alex Sanders est né en 1939 un peu avant que la guerre n’ait éclaté. Alex, comme la plupart des autres enfants de Manchester, avait été évacué vers la campagne pour échapper aux raids aériens. Ca a été dur pour lui de quitter ses parents et ses frères et sœurs, qui avaient été envoyés dans différentes familles d’accueil, mais le plus difficile a été de quitter sa grand-mère. « Souviens-toi de ton serment » lui a-t-elle dit sévèrement. « Garde tes lèvres closes et ton honneur propre. Et n’aies pas peur. » Elle a tenté de réconforter le jeune garçon au visage blême. « Tu vas passer un bon moment à la campagne : il y a une jolie maison qui t’attend et un luxe comme tu n’en as encore jamais connu. »

Les enfants étaient hébergés bon gré mal gré par des familles qui avaient chambres en trop, certains dans des chalets, d’autres dans de très belles demeures. Alex a été placé dans la luxueuse maison du propriétaire d’une filature de coton à Great-Harwood, au cœur du Lancashire, une région célèbre pour ses sorcières, les chasses aux sorcières et leur exécution au cours du seizième siècle. Oncle Louie avait environ 45 ans, il était le père d’une fille très jeune, Gillian. Sa maison de style baroque avait été bâtie sur les contreforts de Pendle Hill et pour Alex, il s’agissait d’un véritable palais. Le thé était servi dans un service en argent par servantes, il y avait des armures dans des niches dans le hall d’entrée et mieux encore, de sa chambre il voyait les pentes de Pendle Hill. Oncle Louie a réconforté le petit garçon, il l’emmenait en promenade dans les collines et lui enseignait ce qu’il savait à propos des arbres et des forêts campagnardes.

Tante Alice n’était pas aussi aimable, fille d'un mineur, elle avait travaillé dur pour s’élever et elle ne trouvait rien d’engageant chez ce garçon de la ville qui lui rappelait sa propre enfance. Elle ne s’occupait que de ses besoins physiques, mais l’antipathie était réciproque et Alex l’évitait.

Rapidement il fut enrôlé dans la troupe des scouts dirigée par Oncle Louie. Dans les champs et les bois Alex a vu pour la première fois des exemples vivants des plantes qui se trouvaient dans le livre de sa grand-mère. Ce furent des jours heureux, car Oncle Louie était ravi de son petit disciple.

Un jour d’automne Alex a été emmené à un pique-nique au sommet de Pendle Hill, un magnifique coin de nature. Bien qu’il faisait beau, il frissonnait sur la colline dépourvue d’arbre. Des relents des siècles antérieurs le glaçaient jusqu’aux os, le vent gémissait dans son cœur et il avait envie d’être seul pour essayer de comprendre ce qui se passait. Oncle Louie ne savait rien de cela.

« Regarde la vue mon garçon ». Il désignait l’étendue brumeuse du Lancashire autour d’eux. « Les gens disent que les sorcières montaient ici et adoraient des dieux païens, mais certaines personnes disent n’importe quoi. »

Une par une, Alex prenait conscience des sorcières mortes depuis longtemps, floues, mais avec les symboles de la sorcellerie bien en évidence : les cornes, signe du culte de la fertilité - le manche à balai, les athamés levées. Il savait qu’il ne serait jamais satisfait avant de les avoir conjurées dans un cercle pour écouter ce qu’elles avaient à lui dire.

Alex était incapable de pratiquer correctement sa sorcellerie, sa grand-mère lui avait expliqué plusieurs fois que seule une sorcière du troisième degré pouvait pratiquer dans un cercle et il devait pratiquer les rites de pleine lune avec au moins un compagnon devant la fenêtre de sa chambre. C’est sa grand-mère qui avait conservé son athamé et il en était arrivé à souhaiter retourner à Manchester malgré l’affection qu’il avait pour Oncle Louie.

Il a eu un choc lorsque Oncle Louie lui a dit un matin qu’il devait être confirmé et quand il a protesté, ses objections n’ont pas été prises en compte.

« J’ai écrit à tes parents » a dit Oncle Louie « Ta mère m’a dit tu as été baptisé dans l’Eglise Anglicane. Elle serait heureuse que tu sois confirmé.

La cérémonie a eu lieu en l’église Saint-Hubert de Great Harwood et Alex a prié tout au long de la cérémonie en s’excusant auprès de Jésus-Christ et en Lui assurant qu’il ne souhaitait pas commettre de blasphème. Il n’a pas ressenti le besoin d’apaiser le dieu des sorcières, Alex savait qu’il comprendrait.

(à suivre)


 

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