Je t'ai attaché comme

le faisaient nos Ancêtres

  

Lors de l'initiation en sorcellerie on nous lie les mains, et on nous explique que nous sommes attachés comme l'étaient nos ancêtres lors de leurs funérailles. Il est vrai qu'ils l'étaient, bien que je ne croie pas qu'on les attachait les mains dans le dos. Par contre, voici un texte qui parle d'une tribu dite barbare dont le nom signifie « ceux qui attachent », la similitude quant au fait d'être attaché pour entrer dans un endroit sacré m'a interpellée.

 Ces derniers jours, en lisant un vieil ouvrage de 1878 (assez peu intéressant somme toute) j’ai trouvé une mention à un peuple ancien qui vouait un culte aux arbres et aux bois. Leur nom allemand était les Semnones ce qui signifie „ceux qui attachent“. Ca m’a fortement intriguée et j’ai un peu approfondi le sujet.

Comme souvent dans ces cas il faut commencer par se référer à Tacite. Les Semnones sont une tribu faisant partie des Suèves. Voici ce qu’en dit Tacite :

« Leur particularité est de ramener leurs cheveux d'un côté en les nouant pour les fixer. C'est ainsi que les Suèves se démarquent de tous les autres Germains et, de la même façon, les Suèves nés libres se distinguent de leurs esclaves. Auprès d'autres peuples, cette pratique est rare, que ce soit par parenté avec les Suèves, ou, ce qui est courant, par imitation, et se limite d'ailleurs aux jeunes gens. Mais le Suève, c'est jusqu'à ce qu'elle blanchisse, qu'il rassemble sa chevelure hirsute pour l'attacher, souvent au sommet même du crâne. Ils ne cherchent en somme qu'à se rendre plus imposants et plus effrayants. C'est pour les yeux des ennemis qu'ils partent en guerre si soigneusement parés.

Les Semnons se prétendent les plus antiques et les plus nobles parmi les Suèves. La vraisemblance de leur ancienneté est confirmée par une pratique religieuse. À date fixe, toutes les tribus de même sang rassemblent leurs émissaires dans une forêt consacrée par les auspices de leurs ancêtres. On y éprouve une peur qui vient des premiers âges. Sous les yeux de l'assistance, un sacrifice humain est l'effroyable prélude d'un rituel barbare.

Voici une autre marque encore de respect envers le bois sacré: nul n'y pénètre qu'entravé de liens, reconnaissant ainsi son infériorité devant la puissance de la divinité. Si, par hasard, on tombe, il n'est question ni de se faire relever ni de se remettre debout. Ceux à qui cela arrive se roulent sur le sol. Toute cette contrainte superstitieuse vise à démontrer que c'est de là que le peuple tire son origine, que c'est là que se trouve le dieu qui règne sur tous les êtres, et que tout ce qui existe en dehors du dieu lui doit soumission et obéissance.(…) Puis viennent les Reudignes et les Avions et les Angles et les Varins et les Eudoses et les Suardones et autres Nuitons, qui sont protégés par des cours d'eau et des forêts. Il n'y a rien de bien particulier à signaler pour chacun d'eux, excepté le culte qu'ils rendent en commun à Nerthus, autrement dit à la Terre Mère. Ils croient qu'elle intervient dans les affaires humaines et qu'elle se fait conduire auprès de leurs peuples.

Dans une île de l'Océan s'étend une forêt sainte. Elle abrite un char consacré, que dissimule un voile. Un seul prêtre est autorisé à le toucher. Il prend conscience de la présence de la déesse dans le sanctuaire, fait atteler le char par des génisses et le suit avec grande vénération. Viennent alors des jours de liesse. C'est la fête dans les endroits que la déesse juge dignes de l'accueillir et de l'héberger. On n'entame pas de guerres, on ne prend pas les armes. Tout fer est enfermé. Ce n'est qu'alors qu'on connaît le calme de la paix, ce n'est qu'alors qu'on l'apprécie. Il en est ainsi jusqu'à ce que le même prêtre rende à son temple la déesse comblée par son séjour chez les mortels.

Ensuite le char et le drap et, si on le trouve crédible, la divinité elle-même sont immergés dans un lac à l'abri des regards. Ce rite est accompli par des esclaves que ce même lac immédiatement engloutit. De là, la peur du mystère et l'inviolable ignorance de ce que seuls voient des êtres qui vont mourir ».

Ce groupe ethnique occupait donc un territoire allemand au cours du 1er siècle. Là se trouvait une forêt consacrée à Ziu. On ne pouvait y pénétrer qu’attaché. On peut voir dans la corde que portent les moines autour de la taille un souvenir de cet usage. On est attaché, on s’est attaché soi même, à un Dieu, pour le servir et aussi pour prouver ainsi qu’on se livre à lui „pieds et poings liés“. J’ai lu aussi que ces liens étaient faits de fibres de plantes sacrées, de poils ou crins d’animaux sacrés et de branches d’arbres sacrés. Le seul contact avec toute cette sacralité faisait qu’on était par là même en contact direct avec la Divinité.

Les Semnones étaient un peuple migrant qui a traversé le territoire, seul ou avec d’autres tribus barbares (comme les Allamans avec qui ils se sont dirigés vers l’Espagne) jusque vers le 6ème siècle où il a été assimilé et christianisé. .

On trouve mention de leur nom sur une stèle érigée en l’an 60 par Marcus Simplicinius Genialis, qui parle d’une victoire de Rome sur « les barbares de la tribu des Semnones et des Juthunes »

Ils vivaient essentiellement de chasse et d’élevage. Ils étaient belliqueux (comme l’étaient sans doute toutes ces peuplades qui essayaient de se faire une petite place sur les territoires qu’elles traversaient). Ils possédaient un alphabet runique dont on ne sait s’il leur était propre ou s’ils l’avaient assimilé lors de leurs migrations.

Au nord est de Berlin, se trouve une colline boisée, qui est traversée par une route parfaitement rectiligne (l’ancienne voie postale de Hambourg) qui tend vers la direction de la lune à son apogée au solstice d’hiver, ce qui laisse supposer son origine cultuelle. Elle coupe par le milieu un cercle boisé d’un rayon de plus de 900 mètres. Du fait de ces dimensions hors normes on peut supposer qu’il ne s’agissait pas d’un lieu de culte local, mais bien d’un lieu central pour tous les Semnones.

 

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Le Cercle de la Pierre Sorcière Wica, Wicca et Sorcellerie