Guérison
Faery
par Robert John Stewart version française
Tof
Dans les traditions
ethniques magiques du monde entier, la guérison n’est pas uniquement du ressort
de l’homme seul, des êtres spirituels collaborent aussi avec un médiateur
humain. En Europe, et, par le biais de l’émigration, aux USA, la tradition Faery
n’agit pas autrement. En effet, une grande partie de la médecine populaire
était, à un moment donné, un aspect essentiel de la tradition Faery. Dans ce
texte, je donnerai des exemples de cette guérison dans le folklore et l’histoire
et je décrirai la manière dont cela pourrait être utilisé aujourd’hui. Après
tout, il n’y a pas d’art magique ou spirituel s’il ne s’agit que d’observer et
fouiller le passé. Si cela peut marcher aujourd’hui, nous devrions nous en
servir.
Il serait irresponsable de ne pas agir ainsi en ces temps de crises mondiales.
Le pluriel est intentionnel, nous vivons à une époque où de multiples crises
internationales interagissent. Personne ne peut plus se retirer dans les
montagnes.
Guérison Faery dans le Folklore
Il existe de nombreux récits de guérisons dans la tradition Faery, il s’agit de
techniques de guérison tangibles qui étaient, et sont encore, associées à des
êtres féeriques qui coopèrent avec l’humain qui soigne, le guérisseur ou la
sorcière. Il s’agit d’une tradition très importante pour de nombreuses personnes
qui s’occupent de guérison chez les Européens (c’est-à-dire de la Méditerranée à
l’Atlantique) et qui a été explicitement associée à des êtres féeriques. On
retrouve une même magie folklorique dans les traditions africaines et dans
celles des tribus et nations d’Amérique. Ainsi, nous devrions voir la guérison
faery comme quelque chose ayant un fort enracinement ethnique ... même si on
n’en parle que rarement.
Vous pouvez maintenant vous détendre, cet article ne va pas se transformer en ce
qui est dit et répété, avec les différentes catégories de noms d’être féerique
et la liste de ce qu’ils font. Vous pouvez trouver ces listes dans de nombreux
textes, allant du texte laborieux copié d’un livre à l’autre, au très bon
ouvrage de référence. Ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas l’origine
ethnique, les noms régionaux, les pratiques ou les croyances, mais ce qui se
faisait effectivement et comment cela se faisait. Voyons quelques exemples:
1. On a souvent dit (au 17ème et 18ème siècle) que les guérisseurs Ecossais
étaient capables de retirer à distance une balle de fusil d’une blessure.
Généralement, mais pas toujours, le guérisseur crachait la balle dans un bol
d’eau. La blessure cicatrisait et l’Ecossais survivait et pouvait retourner se
battre. Hourra! La rumeur disait que les officiers Ecossais étaient à l’abri des
tirs des armes légères, en raison d’un sort jeté sur eux par les sorcières faery
d’Ecosse. Parfois, cette immunité protégeait certaines familles. A la fin des
années 80, j’ai parlé de cette tradition, avec un aîné d’une tribu amérindienne:
Il m’a dit qu’il avait des pouvoirs de protection tissés autour de lui quand il
était sous les drapeaux et il ne fut pas blessé lorsqu’il se trouvait au
Vietnam. Nous étions deux hommes modernes, avec des voitures et des ordinateurs,
nous parlions sérieusement l’un à l’autre. Je lui ai raconté l’histoire de mon
grand-père, qui, pendant la guerre de 14-18 est passé dans une tempête de
mitrailles tirée par les Allemands sans être blessé. Nous parlions de traditions
identiques partagées par différentes races. Les esprits protecteurs et les
esprits guérisseurs sont souvent les mêmes dans le folklore magique.
2. On a parlé d’une guérisseuse Anglaise du Sud Devon dans les journaux au début
du vingtième siècle car elle était en mesure de refermer les blessures à
distance, en récitant une prière spéciale ou un charme sur un tissu. A cette
époque les agriculteurs se blessaient souvent en travaillant avec des outils
tranchants. Les paysans croyaient, non sans raison, que s’ils allaient voir un
médecin ou l’hôpital, ils seraient susceptibles de mourir. On retrouve de telles
pratiques dans de nombreux pays pour la guérison d’échardes ou de plaies,
notamment chez les agriculteurs et les pêcheurs où de telles blessures sont
monnaie courante.
3. Les guérisseurs Irlandais, Ecossais, Gallois et Bretons pouvait retirer des
matières tuberculeuses du corps des malades (la tuberculose est endémique en
Irlande et en Ecosse depuis des générations. Mes deux grands-mères, Ecossaises
et Galloise en sont mortes au début du 20ème siècle). Cette méthode, qui fait
sortir des poumons des caillots et des matières putrides, est semblable à celle
des « chirurgiens psychiques » philippins dont on a beaucoup parlé et dit tant
de mal.
4. Les guérisseurs faery d’Europe étaient généralement capables de fermer les
crânes ouverts des nourrissons, de réduire ou de soigner les fièvres, de
refermer les plaies, de soigner les empoisonnements ou d’enlever les corps
étrangers dans les yeux, comme des éclats ou des fragments de paille et de mener
à bien toute une série d’autres guérisons simples mais efficaces. Certains
guérisseurs étaient spécialisés et ne pouvaient faire que certaines choses:
guérir des animaux, soigner des plaies, faire cesser les fièvres, etc. D’autres
travaillaient de façon plus générale, en particulier ceux qui travaillaient avec
une équipe d’alliés féeriques.
Il ne s’agit là que d’un petit nombre d’exemples et je n’ai pas la place ici de
détailler plus. Le lien entre ces personnes, ainsi que de nombreuses autres
formes de guérison inaccoutumée, fut la coopération d’êtres féeriques. Les
guérisseurs pouvaient avoir un ou plusieurs alliés féeriques qui travaillaient
avec eux et utilisaient souvent certains objets traditionnels, comme des pierres
ou des tissus et parfois des charmes ou des prières qui leur furent transmis par
un mentor et / ou un membre de leur famille. Ils pouvaient (ou non) avoir été
des guérisseurs dispensant des médicaments ou des remèdes à base de plantes...
malgré nos idées romantiques modernes au sujet des guérisseurs de village, les
guérisseurs faery étaient souvent limités à des tâches simples mais puissantes.
Ils n’étaient pas les sages femmes ou les sorciers tout puissants des fictions
contemporaines.
Mais comment ça
marche ?
Les êtres féeriques sont des êtres spirituels, associés à la vitalité de la
terre ou de la mer. Ils ne sont pas liés par le temps et l’espace, comme les
humains semblent l’être. Les sorcières peuvent percevoir des choses à distance
par le biais des « yeux » ou de la conscience d’un être féerique. La guérison
est souvent faite de la même manière: les fées « qui marchent avec vous », les
cousins ou les alliés, enlèvent la lame brisée dans la chair et le guérisseur
humain, peut-être dans la même pièce ou alors à quelques kilomètres de là, la
place dans de l’eau qui a été bénie. La blessure se referme, parfois elle guérit
visiblement devant témoins. Dans des circonstances moins spectaculaires, mais
non moins importantes, les forces combinées d’un humain et d’un être féerique
passent par les mains du guérisseur et purifient ou dynamisent quelqu’un, un
humain, un animal ou même un arbre ou un lieu. C’est à ce niveau que l’on peut
trouver des possibilités d’agir aujourd’hui. J’ai eu à travailler ainsi pendant
quelques années dans mes propres explorations et pratiques et j’enseigne
certaines des méthodes en résultant à des petits groupes aux USA.
En quoi cela peut
il servir aujourd’hui?
Je pense que la voie la plus efficace pour la guérison faery aujourd’hui, et
celle qui est ni plus ni moins qu’un devoir pour nous humains, est une guérison
et une transformation des terres et des océans que nous avons pollués. Pour être
franc avec vous, chers lecteurs, je suis fatigué d’entendre parler de besoins de
« guérison » ne concernant que les hommes: tous les fans de new age et leur
chien peuvent « guérir » d’une façon ou d’une autre, et nous avons tous
l’impression de vouloir « guérir ». Est-ce qu’il ne s’agit que d’indulgence
envers nous-même ? ou peut être suis-je cynique ? Récemment, j’ai lu un article
formidable d’une journaliste britannique qui avait essayé des guérisons, des
thérapies, du développement personnel et ainsi de suite pendant des années. « Un
jour » a-t-elle écrit « je me suis soudainement réveillée et je me suis demandé
quand est-ce que j’aurai terminé, quand serai-je achevée, terminée, cuite, et
entièrement autonome, développée, intégrée et guérie? » Après s’être posé cette
question elle a cessé sa quête de guérison et de développement personnel et a
commencé à vivre sa vie à fond. Les choses ont commencé à changer pour elle, à
s’améliorer.
En travailler avec les races féeriques, nous pouvons, en tant qu’humains
responsables, aller bien plus loin en ignorant les maux humains, qu’ils soient
réels ou imaginaires. Je ne suis pas en train de dire que nous devons ignorer
les maux humains, mais que nous devrions aller à la source de ce qui crée notre
malaise collectif: la destruction et la pollution du monde vivant. Si vous
voulez réellement travailler avec des êtres spirituels féeriques, voilà où se
trouvent vos tâches. Ce sont des tâches qui étaient inconnues de nos ancêtres
guérisseurs. Je vais reformuler cela et le redire d’une autre manière: la
guérison faery est différente aujourd’hui de ce qu’elle était il y a seulement
un siècle. Nous pouvons utiliser les nombreuses techniques et collaborer avec
elles par des méthodes nouvelles et appropriées mais nous devons les appliquer à
de nouveaux problèmes, de nouvelles situations.
La guérison faery a quitté nos vies en raison des changements dans la façon dont
les gens vivent car nous sommes dans une culture urbanisées et moderniste où
l’accent est mis sur les machines et les médicaments offensifs et agressifs.
Mais cette même culture s’est avérée de courte durée et maintenant elle agonise
fébrilement. Je propose que nous revenions à certaines des traditions
spirituelles de nos ancêtres (et la guérison faery en est une importante) alors
que nous commençons à trouver des moyens de guérir et de recouvrer notre
relation avec la planète. Sans répéter les pratiques folkloriques de nos
ancêtres mais en nous fondant sur leurs arts traditionnels de guérison et en les
recréant pour notre époque et selon nos besoins actuels.
La guérison faery c’est travailler consciemment avec des esprits alliés
féeriques dans certains arts thérapeutiques: il y a de nombreux êtres féeriques
qui sont compétents dans ces arts et peu d’humains qui savent comment travailler
avec eux. Je vois notre nouvelle vague de guérison faery non pas comme une autre
sorte de thérapie alternative pour gagner de l’argent, mais comme une
acceptation compassionnelle de la responsabilité et la volonté d’aider à
racheter et transformer ce qui souffre et les malades dans notre monde. Mes
alliés faery, mes cousins et ceux qui « marchent avec moi » sont d’accord avec
moi sur ce point et travaillent avec moi dans de tels buts.