Quelle Faveur du Seigneur

Refuseriez-Vous Aujourd'hui ?

Par Thorn

 

Thorn semble être celle qui donnera un nouveau souffle à la tradition Feri.
Elle écrit, anime des workshops, danse, chante dans une optique « Feri ».


Il y a quelques mois, j'ai retrouvé par hasard une broche qu’un ami m'avait donnée. Elle traînait dans une coupe avec de vieux bijoux, des pièces de monnaie sans valeur et d'autres objets sur un petit meuble dans ma chambre. La broche reprend un détail d'une peinture de la Renaissance représentant l’Annonciation, Gabriel est à genoux aux pieds de Marie.
Sur un coup de tête, je l'ai dépoussiérée et l'ai fixée à mon sac à dos. J’ai donné à mon chat un câlin et je suis sortie de la maison.
Cette représentation de l'Annonciation me faisait penser à une phrase du Coran qui bourdonnait à mes oreilles :
« Quelle faveur du Seigneur refuseriez-vous aujourd'hui ? »
J’y ai pensé toute la journée. Qu’est qui se serait passé si Marie avait refusé ? Ce qui nous semble être une faveur doit avoir ressemblé à un fardeau pour elle. Si ça avait été moi qui étais assise là, j'aurais probablement dit :
« Quoi, est-ce que vous êtes fous ? Laissez-moi seule! Je suis occupée. Je suis parfaitement heureuse de ma vie, merci beaucoup. En plus, qui êtes-vous pour apparaître ainsi de nulle part ? »
Mon réflexe est de refuser. Cela me donne l'illusion que j'ai un peu de contrôle sur ce qui se passe autour de moi. Que quelque part je sais d'une façon ou d'une autre – je sais ce qui est le mieux, je sais comment agir, je sais quel sera le résultat probable de mes actions et de mes décisions.
Mais comment puis-je savoir ? Qu’est ce que je refuse vraiment ? Je refuse d'écouter, je refuse de voir.
Cette méditation n'est pas un appel à laisser faire les choses. Ce n'était pas un appel à devenir des traîne-savates. Bouddha n'était pas un traîne-savate. Jésus n'était pas un traîne-savate. C'est un appel à la respiration, une pause avant d’essayer rapidement de changer le cours de choses. Je dois être assise avec moi, commencer à me connaître, pour mieux écouter ce qui peut demeurer en moi - ce qui a été appelé l'esprit, la grâce ou l'âme.
« Quelle faveur du Seigneur refuseriez-vous aujourd'hui ? »
C'est une grande question, particulièrement les jours où je ne veux voir personne, quand la ville où je vis semble trop avide et persistante et lorsque ce que je fais pour maintenir sa culture me semble suspect. Ainsi je dois me demander :
Ai-je passé du temps juste assise avec moi-même aujourd'hui ? Ai-je l'esprit, le coeur et le corps clairs ? Puis-je même soupçonner tout ce que j’ai raté un jour où j’étais sur-occupée ?
C'est là qu’arrive la prière, la méditation, ou juste le fait de rester calme quelque temps. Nous refusons tellement d’oublier tout ce qui nous entoure. Nous avons besoin d'un but. N'importe quel prophète aurait dit oui s'il avait eu la moindre chance de le faire. Marie aurait-elle accepté le fardeau et le cadeau?
J'ai de nombreuses questions et peu de réponses définitives, mais j'ai y repensé pendant des mois.
« Quelle faveur de Dieu refuserai-je aujourd'hui ? »
Si je laisse cette question pénétrer mon esprit assez souvent, il s'ouvrira vraiment plus. Là où il y a de l'espace, la grâce peut entrer et comme il est écrit dans le Coran,
« Partout où vous allez, il y a le visage de Dieu ».
Si je refuse moins souvent, peut-être verrai-je ce visage plus souvent.

 

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