Aleister Crowley, la Golden Dawn
par Doreen Valiente
Mais, de quels rituels se servaient-ils ? Et qu’en est-il
réellement du rôle joué par Aleister Crowley dans le revival sorcier
contemporain ?
Dans mon livre précédent « An A.B.C. of Witchcraft Past and Present », j’ai
écrit qu’Aleister Crowley n’était pas sorcière malgré le fait que ses surnoms de
« Grande Bête » ou de « Plus Mauvais Homme au Monde » etc… se retrouve cité
dans la presse à sensations dans tous les articles traitant de la sorcellerie.
Je sais que dans son livre « Witchcraft Today » Gerald Gardner s’interroge sur
l’origine des rituels sorciers et il y affirme qu’Aleister Crowley lui a dit
avoir été membre du culte sorcier dans sa jeunesse. Gerald Gardner m’a dit que
Crowley l’affirmait mais qu’il ajoutait qu’il avait quitté le culte car « il ne
voulait pas être commandé par une femme » (l’attitude dédaigneuse de Crowley vis
à vis des femmes se retrouve tout au long de ses écrits). Je prends cela avec
des pincettes, car je pense qu’il peut aussi s’agir d’une fanfaronnade de la
part de Crowley.
De nouvelles et curieuses informations ont été divulguées il y a peu par un
correspondant du journal sorcier « The Wiccan » une publication irrégulière qui
circule dans les covens anglais et américains ainsi que chez leurs
sympathisants.
Cet homme qui résidait auparavant en East Anglia, affirme qu’il est membre d’un
coven héréditaire de l’Essex et que ceux de son groupe savent que dans leur
jeunesse, Aleister Crowley et Allan Bennett furent les élèves du fameux « Old
George » Pickingill » le fameux sorcier de Canewdon en Essex. Il existe, selon
lui, une vieille photo de Pickingill et certains de ses élèves. On y reconnaît
facilement Allan Bennett et le jeune homme derrière lui ressemble beaucoup à un
jeune Crowley.
Cela se passait à l’époque où Crowley et Allan Bennett étaient colocataires à
Londres et étudiaient ensemble la magie. A ce sujet, celui qui a écrit le texte
pour The Wiccan (dont le nom n’a pas été publié à sa demande) signale dans son
livre « Confessions » Aleister Crowley parle de la « baguette destructrice »
d’Allan Bennett et de ses étranges pouvoirs. Il suggère que Bennett n’a reçu
cette arme magique ni de l’Ordre de la Golden Dawn ni de la Société Théosophique
et cela semble être un point des plus intéressants.
De plus dans le Volume 1 n° 3 de la revue d’Aleister Crowley « The Equinox »
Allan Bennett parle d’un rituel datant de cette époque « Le Rituel pour
l’Evocation sous une Apparence Visible du Grand Esprit Taphtharath ».
Taphtharath est l’Esprit de Mercure, et Bennett espérait persuadé cette entité
de lui enseigner ainsi qu’à trois de ses amis les secrets de l’art magique et du
savoir occulte en général.
Ce rituel, tout en ressemblant aux rituels engagés et résolument dramatiques de
l’Ordre de la Golden Dawn, comprenait également des éléments qu’on ne retrouve
pas dans les pratiques de la Golden Dawn. Son point de focalisation au centre du
Cercle était « un petit chaudron de cuivre chauffé par une lampe à alcool dans
lequel était conservé un serpent » Ce chaudron était le réceptacle pour le
« brouet de l’Enfer » dont Bennett avait la charge en tant « qu’assistant Mage
de l’Art ». Il était là pour fournir à l’esprit la base pour prendre une
apparence visible. Certaines lettres d’Allan Bennett au sujet de ce rituel et
surtout de la composition du « brouet de l’Enfer » ont été reproduites dans le
livre d’Ellic Howe « The Magician of the Golden Dawn ». Il donne à son ami F.L.
Gardner (à ma connaissance rien à voir avec le vieux Gerald) une liste de
substance à réunir et l’averti de ne parler à personne de ce rituel si ce n’est
aux trois autres personnes qui y prendront part.
Ce rituel qui a eu lieu en mai 1896 et de toute évidence proche des pratiques
sorcières. Il n’y a pas de chaudron ou de brouet de l’enfer dans les rituels de
la Golden Dawn et cela on dirait que cette expérience magique était
non-officielle voit clandestine. Quel en fut le résultat, s’il y en a eu un, il
semble qu’il n’y en ai aucune trace écrite.
Les liens entre Bennett et la sorcellerie britannique on cessé lorsqu’il a
émigré à Ceylan probablement début 1900. Il y est devenu moine bouddhiste et est
surtout connu en occident pour son travail sur le bouddhisme. Pourtant il a du
être déçu par le bouddhisme car il est retourné en Angleterre et a repris
l’étude de l’occultisme opératif. Il est mort en 1923 selon ce que dit à son
sujet Ithell Colquhoun dans son livre « Sword of Wisdom : MacGregor Mathers and
the Golden Dawn ».