Le petit garçon en Gérald Gardner
par Loïs Bourne
Pour la plupart des gens, la raison de leur présence sur terre demeure obscure.
Mais, pour Gérald Gardner, c’était clair comme de l’eau de roche, c’était pour
rétablir et promouvoir la compréhension et le culte des dieux et déesses de nos
lointains ancêtres.
Gérald Gardner était une personne on ne peut plus indulgente et très généreuse
lorsqu’il s’agissait de juger les autres. Au cours de toutes les années où je
l’ai fréquenté, je ne l’ai jamais entendu prononcer un mot déplacé ou critiquer
qui que ce fut. Il laissait à tout le monde le bénéfice du doute et il hésitait
toujours à tirer des conclusions sans preuve. Il faisait beaucoup trop confiance
aux gens et certains de ceux qui ont dit du mal de lui dans les années qui
suivirent furent ceux qui lui empruntaient de l’argent, qui prenaient ces prêts
pour un don et qui profitaient de son hospitalité.
Tout au fond de son cœur, Gérald Gardner était un celte. Il m’a dit qu’il a
toujours senti l’appel de son aïeule (une sorcière nommée Grissell Gardner qui
fut brûlée en 1610 à Newburg) et, tout au long de sa vie, il fut fasciné par
l’occulte. Il a été confronté à des éléments occultes puissants alors qu’il
vivait et travaillait en extrême orient, où il a travaillé dans des plantations
de thé et de caoutchouc, et pour le Service des Douanes en Malaisie. Son travail
dans le caoutchouc s’est montré très lucratif, cela lui a permis de voyager et
d’investir son temps et son argent dans des recherches sur l’histoire ancienne
et la civilisation malaisienne ainsi que son archéologie.
Albert Einstein a dit que « la plus grande expérience que l’on puisse faire
c’est l’expérience des Mystères » et Gérald Gardner à incontestablement fait
plusieurs fois de telles expériences lorsqu’il voyageait en Extrême-Orient. Il
s’est toujours intéressé au mysticisme et il y avait en lui quelque chose de
simple et de pur. J’ai toujours pensé qu’il n’avait pas perdu son enthousiasme
de petit garçon. A l’extérieur, c’était un gentleman âgé, mais en lui il était
toujours resté un petit garçon innocent. C’est pour cela qu’il s’entendait si
bien avec mes garçons, il se mettait à leur niveau et ne leur parlait jamais de
haut comme le font souvent les adultes avec les jeunes enfants.
Nous passions des heures ensemble dans son musée. Il parlait de la provenance de
la collection et expliquait l’histoire des documents. Parfois aussi, nous
allions nous promener au « Calf of Man » un îlot séparé de l’Ile de Man par un
bras d’eau. Nous pouvions rester ainsi assis sur les falaises pendant des heures
à regarder les mouettes plonger et à parler des expériences qu’il a eues au
cours de sa longue vie, de ses voyages, des personnages étranges qu’il avait
rencontrés et de magie. Il avait toujours de nombreuses anecdotes et histoires à
raconter et j’ai toujours pensé qu’il aurait pu écrire une douzaine de livres ou
plus encore si seulement il en avait eu le temps et l’énergie.