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Il est bien connu que Doreen Valiente collectionnait les balais et les livres traitant d'occultisme.
On sait aussi qu'elle hantait les brocantes et y achetait de vieux objets magiques.
Ce qu'on sait peut être un petit peu moins c'est que pendant plusieurs dizaines d'années elle a découpé et collectionné des articles de journaux traitant de sorcellerie.
J'ai eu le bonheur d'avoir accès à une partie de sa collection.
Voici la version française d'une de ses coupures de presse
:

 

Elles se rencontrent pour un jour très spécial
par Alan Bestic in « Womans’ Own » du 23 juin 1984
version française Tof  


 

Ce dimanche, le jour du Solstice d’Eté, Janet Farrar, son époux Stewart, et peut être une douzaine de leurs amis danseront nus, si le temps le permet, autour d’un feu de joie dans le jardin de leur maison, protégés des regards indiscrets par des murs de 3m50 de haut.

Vous apprendrez qu’il ne s’agit pas là d’une fantaisie érotique mais du côté respectable (si tant est qu’il puisse y en avoir un) de la sorcellerie au 20ième siècle, sans trace de désir et pure comme un enfant. En tout cas c’est ce dont on m’a assuré lorsque je me suis rendu chez les Farrar à 5 km de Drogheda en République d’Irlande. Tous deux admettent que le sexe a une grande importance dans la sorcellerie, mais, insistent-ils vivement, il doit être privé et uniquement entre deux personnes mariées ou entre deux amants stables.     

« Pour les sorcières, le sexe est sacré et doit être traité avec égards mais sans pudibonderie » dit Stewart un Grand Prêtre, élancé et âgé de 67 ans avec une petite barbe. Il déplore que les journaux fassent l’amalgame entre la sorcellerie contemporaine et orgie, promiscuité et débauche. Sa femme de 33 ans approuve et ajoute : « En tant que sorcières nous sommes contre les abus de sexualité. »

Mme Mary Whitehouse (ndt : une partisane du retour aux valeurs chrétiennes) ne l’aurait pas dit avec plus d’élégance ou de conviction. A part, peut être, une peinture représentant une déesse nue en taille réelle sur un des murs du salon, tout est convenable dans la maison. Il en est de même pour les Farrar qui partagent leur demeure avec Ronald, le père de Janet, (un chrétien pratiquant qui accepte tout à fait le paganisme ardent de sa fille). Deux autres membres du coven, Jane Russell et sa fille, Ginny, vivent aussi sur place. Les Farrar ont également quinze chats, quatre chiens, deux poneys, deux douzaines de poules et cinq canards.              

« Nous avons été séduites quand nous avons appris que la sorcellerie acceptait les animaux » dit Jane. « J’étais presbytérienne et je n’ai jamais pu croire qu’il n’y avait pas d’animaux au paradis. »

Janet Farrar qui fut réceptionniste et mannequin a découvert la sorcellerie avec quelques inquiétudes. «  Une amie vulnérable s’y était intéressée » dit-elle « je suis allée avec elle pour voir qu’elle ne faisait pas de bêtises. Elle a rapidement changé de centre d’intérêt, mais je suis restée et j’ai été initiée avant d’avoir vingt ans. »

Le parcours de Stewart est un peu plus bohème mais néanmoins orthodoxe : Ecrivain pour la télévision (Emergency Ward 10, Dr. Finlay’s Case Book, Crossroads), journaliste et des convictions politiques (membre du parti communiste britannique depuis quinze ans). Il s’est intéressé à la sorcellerie lorsque son rédacteur en chef lui a demandé d’enquêter dessus.

Janet et Stewart se sont rencontrés dans un coven en 1970, ils ont formé le leur un peu plus tard la même année et se sont mariés il y a dix ans. L’année suivante ils ont émigré en Irlande pas parce qu’ils étaient attirés par la magie Celtique, mais parce que, comme Stewart est écrivain, il n’y est pas soumis à l’impôt.

« En tant que sorcières nous essayons de vivre en harmonie avec la nature » explique-t-il « nous essayons de développer des pouvoirs psychiques pour soigner, régler des problèmes etc. Mais un sort » (c’est ce que j’attendais) « c’est plutôt une forme de rituel pour contrôler l’imagination et le pouvoir de la volonté afin de produire un effet psychique sur le plan physique. » Bien sûr nous parlerons des figurines de cire une autre fois. Après tout, les sorcières sont bien connues pour infliger des punitions ahurissantes à leurs ennemis en faisant des représentations de leurs ennemis et en y plantant, apparemment, des aiguilles..

« Oui, nous utilisons des poupées de cire » dit Stewart « mais le coup des aiguilles n’est pas exact. » Cela ferait du mal et leur sorcellerie n’est utilisée que pour le bien. « Supposez, par exemple, que quelqu’un répande des calomnies. Nous ferions une poupée représentant cette personne. Elle serait nue et son sexe serait très voyant.   

Une photographie du visage de la personne fixée sur la tête pourra nous aider à créer une image mentale et on pourra aussi placer de ses cheveux ou ongles dans la poupée pour créer un lien psychique. »

Mais fabriquer la poupée n’est que le début. Une fois qu’elle aura été fabriquée elle sera consacrée sur l’autel sorcier et nommée. Puis on la laissera au centre de l’autel pendant que les membres du coven danseront la Rune des Sorcières, un chant destiné à créer de la puissance.

Et comment cela empêche-t-il une personne de faire du mal ?

« Nous lui disons que c’est mal et qu’il faut cesser, » dit brutalement Stewart. « Nous traitons la poupée comme s’il s’agissait d’une personne vivante et lui faisons subir un traitement symbolique, nous pouvons lui coudre la bouche par exemple. Ensuite nous cachons la poupée aussi longtemps qu’il le faudra.   

Ensuite on éparpillera la poupée dans un fleuve ou une rivière. Janet enterre la poupée sous des arbres au bord d’un fleuve. Peu à peu le courant désagrégera la poupée et l’emportera au loin. »

On pourrait penser que Stewart et Janet sont un peu « à l’ouest » mais ils sont convaincus que leurs méthodes sorcières fonctionnent.

Et leur forme de magie la plus puissante est … le sexe. Les sorcières croient que faire l’amour génère un pouvoir psychique et plus grande est la passion plus fort sera le pouvoir.

L’extase amoureuse porte le pouvoir à son sommet. On peut ensuite s’en servir pour quelque chose qui en vaut la peine.

Les sorcières appellent ça « projeter le vortex » et les Farrar offrent un nouvel exemple de ce qu’ils peuvent faire.

Lorsqu’ils sont arrivés en Irlande il n’y avait qu’une autre sorcière dans leur coven. Ils souhaitaient en attirer d’autres. « Nous avons donc projeté le vortex pour créer un phare astral au-dessus de notre maison, » dit Stewart. Ca a marché. Le lendemain ils ont rencontré un couple dont les deux membres sont devenus leurs premières sorcières Irlandaises et depuis leur coven a grandi.

« Des gens entendent parler de nous et entrent en contact – des étudiants du Trinity College, de jeunes hommes d’affaires et leurs épouses. » dit Stewart « Nous faisons très attention, bien sur, à ce que leurs motivations soient bonnes, mais la plupart sont sincères.

Nous nous débarrassons rapidement de ceux qui ne viennent que pour se faire peur, dans l’espoir de prendre des drogues en commun ou de participer à des orgies sexuelles. Le fait que nous pratiquions nus – nous disons vêtus de ciel – leur fait penser au sexe, mais la nudité est aussi normale pour nous qu’elle l’est pour les naturistes. »

Mais pourquoi la nudité est elle nécessaire ?

« Car, » répondent Janet et Stewart « elle rend plus facile la création de pouvoir psychique.

Les sorcières travaillent sur tous les plans – spirituel, mental, astral, éthérique, physique.» explique-t-il « Essayer de pratiquer avec l’un d’entre eux masqué c’est comme d’essayer de jouer au piano avec des gants ou peindre une toile en portant des lunettes noires »

Les Farrar font remarquer qu’il y a bien plus dans la sorcellerie que l’image qu’en donnent les tabloïdes. Par exemple, elles pratiquent aussi la projection astrale par laquelle elles affirment que leur corps « astral » ou « psychique » quitte leur corps physique et voyage à volonté.

« Cela peut m’arriver lorsqu’une de mes sorcières est menacée par quelqu’un sur le plan astral » dit Janet. «  Une nuit je me suis retrouvée sur le plan astral au-dessus de Dublin illuminé par de très nombreux néons. J’ai suivi une piste verte et visqueuse qui m’a conduite dans la chambre à coucher d’un ami, une jeune rock star. Il dormait et une grande limace verte aspirait sa force de vie à partir de sa veine jugulaire.

J’ai attaqué la limace avec mon épée de sorcière – une épée astrale, bien sur. Elle fut désintégrée. Je suis ensuite retournée dans mon corps physique. Le lendemain mon ami a remarqué deux petits points sur sa nuque et mon épée physique était recouverte d’un étrange dépôt vert.

Plus tard j’ai appris qu’un ami de la rock star le jalousait. Ce jeune homme étudiait l’occulte et avait essayé, une nuit, de se métamorphoser en animal. L’expérience a échappé à son contrôle et la jalousie a pris le dessus. »  

Les Farrar ont manifestement une vie remarquable. Mais comment réagissent leurs voisins vis-à-vis d’eux ?

« Il y a eu des rumeurs – fausses – selon lesquelles nous pratiquerions le Satanisme, que j’ai un grand nombre d’amants, que Stewart et moi ne sommes pas mariés et que mes seins sont siliconés » dit Janet « à part cela nous avons été chaleureusement accueillis.

Les femmes viennent me voir pour obtenir des conseils, peut être parce que je suis une femme et qu’avec moi elles peuvent parler plus librement de leurs problèmes qu’avec un médecin ou un prêtre.

Je ne demande pas de paiement pour un conseil, bien sûr, mais traditionnellement on laisse un don. Une nuit j’ai entendu une voiture à l’extérieur de la maison.

Le lendemain nous avons trouvé deux sacs devant notre porte, l’un était rempli de bûches,  l’autre de provisions. »

Ils furent bien acceptés par leurs voisins lorsqu’ils résidaient à Ferns, Co. Wexford.

Un touriste est entré dans un pub de la ville et a dit :

« Ce n’est pas ici que vivent les tarés qui se qualifient de sorcières ? »

Il a été jeté dehors et on lui a dit de ne plus revenir. Les Irlandais ne tolèrent pas que les étrangers parlent ainsi de leurs voisins.


 

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!