Dion Fortune & The Society of Inner Light
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Ma'at par S.Farrar version française Tof Quoi que l’on puisse dire des autres panthéons, personne ne peut dire qu’une déité Egyptienne n’a pas le sexe approprié, que ce soit psychologiquement ou spirituellement. De nombreuses religions païennes ont été altérées par le patriarcat et des fonctions essentiellement féminines étaient reprises par des dieux masculins et même dans l’histoire de Zeus et Métis c’est lui qui donna naissance à Athéna leur fille. Mais la religion égyptienne a conservé son équilibre jusqu’à sa disparition (si l’on peut dire qu’elle a disparu). A première vue, Ma’at ou Mayet, la déité égyptienne de la loi, de la vérité et la justice et de l’ordre divin peut sembler faire exception. Bien sûr, édicter la loi et le discernement de vérités factuelles est une fonction de logique linéaire – en d’autres termes une fonction de dieu. En termes kabbalistiques il s’agit du rôle de Chesed, l’administrateur bénévole. Mais ce serait là une mauvaise compréhension du concept de la « mère divine » que représente Ma’at. Elle représente l’ordre des choses, naturel et inévitable, de façons à la fois macrocosmique et microcosmique. Sa loi est organique et non législative. Les lois de l’ordre divin, la justice inéluctable, les vérités de la réalité cosmique – voilà des fonctions indubitablement féminines. En termes kabbalistiques, Binah (la Mère Surnaturelle) prend les énergies désordonnées de Chokmah (le Père Surnaturel) et leur donne forme en les intégrant à l’harmonie naturelle du cosmos. Chesed (l’aspect Paternel du niveau suivant de manifestation) prend les formes auxquelles Binah a donné naissance et « réglemente » leur activité. Mais les lois naturelles qui déterminent dans un premier temps ces formes font partie des fonctions de la Mère Surnaturelle. Ainsi, les Egyptiens avaient raison de faire de Ma’at une déesse. Mais Binah et Chesed doivent se compléter l’un l’autre – la « réglementation » doit être en harmonie avec l’ordre naturel. Le panthéon Egyptien insistait sur ce point en faisant de Ma’at l’épouse de Thoth, dieu de la sagesse, de l’apprentissage et des mesures, l’inventeur du discours, dont les activités reflétaient les lois de Ma’at. On peut lire dans le Papyrus de Nebseni que Toth a dit « Je lui ai amené Ma’at pour qu’il l’aime ». La loi humaine, pour être saine et effective doit être en harmonie avec les lois supérieures que symbolise Ma’at. Reconnaissant cela, les Pharaons invoquaient toujours rituellement sa bénédiction sur leurs lois, ils offraient des statuettes de Ma’at aux dieux, car c’était « plus acceptable que tout autre sacrifice ». Tous les juges étaient considérés comme des prêtres de Ma’at et les princesses royales portaient souvent sa plume rouge symbolique comme couvre-chef, pour montrer qu’elles étaient ses prêtresses. Même Akhenaton qui était monothéiste et avait aboli toutes les déités à l’exception d’Aten, honorait le nom de Ma’at. Quoi qu’on puisse penser de ses opinions religieuses, son règne ne fut pas très constructif. Pour corriger le chaos de son règne, ses successeurs ont mis en œuvre la « restauration de Ma’at ». Selon la légende de la création égyptienne, Ma’at était la fille de Ra le dieu Soleil. Elle et Thoth étaient avec lui dans sa « Barque des Millions d’Années » lorsqu’elle a émergé du Néant, les eaux primordiales. Elle était la lumière que Ra a apportée au monde. La création a débuté lorsqu’il a mis Ma’at à la place du chaos. Ra, comme tous les dieux, était sujet de Ma’at sa propre fille et sa course quotidienne dans le ciel était soumis à la loi de Ma’at. On ne sera pas surpris de voir qu’elle jouait un rôle important dans le jugement des morts. Le jugement avait lieu dans la Salle de la Double Ma’at dont les représentations montrent Ma’at debout des deux côtés de la pièce. On ne pouvait échapper à l’ordre naturel, ni en venant ni en s’en allant. Dans la balance du jugement, le poids du cœur du mort était comparé à celui de la plume rouge qui était le symbole de Ma’at, ou sur d’autres représentations à de petites statuettes représentant Ma’at et souvent elle était la balance elle-même. Toth son époux avait la double fonction de vérifier que le mort avait une chance de se justifier et (comme scribe des dieux) il enregistrait le verdict. La civilisation moderne est dangereusement près de séparer Thoth et Ma’at, de rompre l’intégration qui doit exister entre la vérité cosmique et la pensée intellectuelle, entre la loi naturelle et l’organisation humaine. La restauration et célébration de ce mariage divin sont un besoin urgent pour l’humanité et la Wicca s’y consacre tout particulièrement. Utiliser aujourd’hui les formes égyptiennes de Ma’at et Thoth (ou Tehuti, pour lui donner son nom véritable) lors d’un rituel ne doit pas être lié à une quête d’exotisme. Ma’at et Tehuti symbolisent ce danger contemporain et sa solution, peut-être plus clairement que toutes autres formes de déités, alors pourquoi ne pas les invoquer ?
Nous avons besoin d’être nourris par Ma’at, la fleur qui
s’épanouit qui est la véritable nature de notre univers. Comme le dit un texte
égyptien : « Place Ma’at sous ton nez et respire son parfum pour que vive ton
cœur, tu dois te nourrir de Ma’at. »
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