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Roi des Sorcières - le Monde d'Alex Sanders
Le Jeune Initié

par J.Jones
version française Tof

Il n’y avait rien qui pouvait faire penser à Alex Sanders que cette journée allait changer le cours de sa vie et l’influencer jusqu’au jour de sa mort. C’était un jour gris et triste, comme souvent à Manchester, et Alex un garçon de sept ans petit pour son âge rentrait de l’école, la St George's Primary School à Hulme, et se rendait chez sa grand-mère.
La famille Sanders avait déménagé depuis peu dans une maison jumelée au 2 Stratton Road à Chorlton – ce qui était bien mieux que la vieille maison victorienne près du marché central de Manchester, où son père, sa mère et leurs trois enfants devaient vivre dans une seule pièce. Mais vivre dans un quartier plus prisé avait ses inconvénients. Le loyer était élevé et Mme Sanders avait pris un emploi pour compléter le salaire de son époux.
Petite - à peine 1M50 - et nerveuse, Hannah Sanders était déterminée à ce que ses enfants s’en sortent mieux qu’elle. Lors de son premier mariage, dix ans plus tôt, elle et son époux étaient à l’aise. Il était musicien et pendant environ cinq ans elle avait voyagé avec lui. Lorsqu’Alex leur premier enfant est né, lui aussi a fait le tour des music-halls et les théâtres. Mais rapidement Harold Sanders est devenu de plus en plus dépendant à l’alcool et lors d’un contrat dans l’Argyllshire il est arrivé complètement ivre sur scène et a été immédiatement licencié. Sa réputation était faite - jamais plus il n’a trouvé d’emploi au music-hall. Il est devenu manœuvre et la famille a emménagé dans une maison mitoyenne sur Grape Street à Manchester, avant d’avoir suffisamment d’argent pour déménager à Chorlton.
La vie n’était pas facile tous les jours, la famille avait de gros soucis financiers. Harold donnait aussi des cours particuliers de musique et travaillait également parfois pour des fanfares le week-end. Mais il se réfugiait souvent dans la boisson, ce qui était pénible pour sa femme et terrifiait ses enfants.
Hannah les rassurait au sujet de « la maladie » de leur père. Elle leur racontait la vie de leur grand-père paternel qui avait été capitaine d’un bateau transportant du thé. (Elle ne leur a jamais raconté qu’il avait été capturé par des pirates chinois et enterré vif.) Elle faisait le ménage chez un tailleur de Chorlton qui avait un fils qui avait la même taille qu’Alex, et une fois tous les semestres, elle acceptait de ne pas percevoir son salaire de 3 shillings et 6 dîmes pour une semaine en échange d’un paquet de vêtements trop petits pour le fils du tailleur. Ils ne mangeaient que de pain et de la sauce pendant une semaine, mais Alex avait de bonnes chaussures et était bien habillé pour six mois de plus.
Bibby la grand-mère d’Alex avait quitté Bethesda en Galles du Nord, sa ville natale, pour être près de sa fille. Veuve depuis de nombreuses années, elle avait maintenant soixante-six ans et avait les cheveux noirs qui, se vantait-elle, ne pouvaient être disciplinés. Enfant elle avait été au service de lord Penrhyn et avait appris à très bien faire la cuisine. Pour cette raison, Alex aimait beaucoup aller la voir, mais elle se sentait encore étrangère à Chorlton, elle n’avait déménagé dans la région que depuis quelques mois.
Ce jour là Alex était fatigué et avait faim. Il regrettait amèrement que sa mère ne soit pas comme les autres mères, pourquoi ne l’attendait-elle pas à la maison ? Il était amer parce qu’on l’avait envoyé chez sa grand-mère pour qu’elle lui donne son goûter. Généralement sa mère arrêtait le travail vers trois heures, mais aujourd’hui elle travaillait tard.
Le n° 46 Wilton Road est une maison mitoyenne avec une allée qui la séparait de son voisin. Au lieu de sonner à la porte d’entrée, Alex Sanders avait fait le tour par l’arrière pour surprendre Prince le colley, qui vivait dans la cour et était toujours prêt à chahuter. Aujourd’hui, la porte de la cour était ouverte et le chien n’était pas là. La grand-mère préférait toujours que les gens toquent à la porte, même la famille, mais le petit garçon l’avait oublié et est allé directement à la porte de derrière.
Il était totalement abasourdi par le spectacle qui s’offrait à lui dans cette cuisine. Une vieille femme avec un ventre ridé et des cuisses comme des allumettes se tenait au centre de la pièce au milieu d’un cercle en tissu sur lequel de curieux objets avaient été placés. Ce n’est que quand il l’a entendue parler qu’il a reconnu sa grand-mère.
« Que fais-tu là ? » a-t-elle dit sèchement. « Qui est-ce qui t’a envoyé ? »
Incapable de détacher son regard, le garçon a balbutié le message de sa mère.
« Bon, je vais te donner ton goûter » a dit sa grand-mère tristement. « Mais viens ici d’abord. »
Craintivement l’enfant est allé vers elle, dégoûté à l’idée du contact avec la chair jaune et ridée et les cheveux noirs qui, libérés de leurs épingles, descendaient bien en dessous de sa taille.
« Déshabille-toi » lui a-t-elle ordonné et comme il hésitait après avoir enlevé son manteau et ses chaussures, elle a ajouté: « Tous tes vêtements. »
Claquant des dents de peur, il a enlevé son gilet et son pantalon et resta là, comme un agneau sur le point d’être abattu. La vieille dame s’est penchée pour ramasser un petit couteau en forme de faucille posé au bord du cercle autour d’elle.
« Je vais m’assurer que tu ne vas jamais parler à qui que ce soit de ce que tu as vu aujourd’hui » a-t-elle dit à voix basse. « Si tu y fais la moindre allusion, je te tuerai. »
« Je n’en parlerai pas, mamie, vraiment, je n’en parlerai pas » a dit le jeune homme, recroquevillé devant elle, en pleurant.
 « Penche-toi » a-t-elle dit et elle l’a forcé à placer ses épaules contre ses genoux. Alex a ressenti une vive douleur et l’enfant a senti du sang goutter de son scrotum.
« Tu peux te relever maintenant. » Elle l’a lâché et a séché le sang sur le couteau. « Tu es des nôtres maintenant et toute la puissance du ciel et de la terre te frapperont si tu romps ta promesse. N’aies pas peur, mon garçon… » elle a soudainement réalisé qu’il était tout blanc et qu’il tremblait. Tu vas vivre et tu me remercieras pour cela. Je vais t’enseigner des choses dont tu n’as jamais entendu parler, la façon de faire de la magie et de voir l’avenir. »
Au lieu d’être réconforté, Alex était encore plus effrayé.
« Tu n’es pas une ... sorcière? » lui a-t-il murmuré en se souvenant des contes de fées avec des vieilles femmes horribles qui pouvaient transformer les enfants en crapauds.
« Bien sûr que je suis une sorcière et toi aussi maintenant. »
Elle lui a tendu ses vêtements et pendant qu’ils se rhabillaient tous les deux, elle lui a raconté comment, au cours des siècles, les sorcières avaient été craintes, calomniées et brûlées sur le bûcher. Elle lui a parlé du pouvoir de guérison qu’avaient les sorcières et de l’ignorance stupéfiante des non-croyants qui préféraient souffrir plutôt que d’être guéris par une sorcière.
« Toi aussi, tu pourrais être persécuté » l’a-t-elle averti, « c’est pourquoi tu dois pratiquer en une enfant. »
Elle l’a assis dans son fauteuil préféré pendant qu’elle rangeait la pièce, enlevait le cercle avec ses dessins étranges et commençait à préparer le goûter. Alex regardait prudemment autour de la grande cuisine bien équipée. Sur la cheminée il y avait un tissu drapé rouge bordé de petits pompons et il y en avait d’autres sur la commode galloise et sur la table à thé. Le cercle avait été enlevé ainsi que les bols en cuivre et les autres objets étranges, il n’y avait plus rien de remarquable, juste une cuisine ordinaire – à part le petit couteau avec lequel sa grand-mère l’avait entaillé et une paire d’épées sur la commode.
La grand-mère a suivi son regard et a placé les armes dans le double fond d’un coffre de l’autre côté de la pièce. En l’ouvrant elle lui a montré comment fonctionnait le double verrouillage du coffre.
 « C’est un beau meuble » a-t-elle dit. « Mon grand-père conduisait la diligence de Bangor à Londres et il avait ce coffre spécialement conçu pour y ranger l’argent qu’il devait transporter. »
Alex se mit à genoux à côté d’elle lorsqu’elle a sorti une boule de cristal et un couteau à manche noir de l’armoire.
« Voilà mon athamé » a-t-elle dit en lui montrant le couteau.
« Lorsque tu seras assez grand pour être une sorcière à part entière, tu en auras aussi un. »
Alex n’était pas certain d’en vouloir un, il préférait le cristal qui reflétait le carrelage noir et rouge sur le sol et la lueur agréable du feu. Mais sa grand-mère ne le lui a pas confié plus d’une minute. « Tu vas le troubler » lui a-t-elle dit. « Plus tard, je t’apprendrai à l’utiliser, mais c’en est assez pour une journée. Maintenant viens et prends ton goûter.
Ce n’est que des années plus tard qu’il a découvert qu’il était le dernier d’une lignée de sorcières remontant au XVème siècle et que l’initiation qu’il avait reçue n’était qu’une pâle réplique de celles pratiquées autrefois à Sparte où les hommes étaient émasculés afin de devenir prêtres de la déesse de la lune.
Bien plus tard, il a essayé de détourner ses pouvoirs et de s’en servir de façon maléfique et faire fortune. Cette mauvaise utilisation lui a fait perdre la personne qu’il aimait. Cette initiation a eu lieu en 1933 et Alex Sanders n’était qu’un enfant égaré qui croyait que lui et sa grand-mère étaient les deux dernières sorcières qui n’avaient pas été brûlées.


 

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!