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Roi des
Sorcières - le Monde d'Alex Sanders
Rembourser le Diable
par J.Jones version
française
Tof

Un excès de bienveillance n’a pas contribué à diminuer les
pouvoirs de clairvoyance d’Alex et il n’hésitait à partager ses visions. « Vous
serez en prison l’an prochain à cette époque de l’année », a-t-il dit une fois
un riche propriétaire terrien du Suffolk que cela a bien amusé. Moins d’un an
plus tard l’homme a été incarcéré pour six ans pour abus de confiance. Même si
Alex voyait le symbole de la mort il en parlait et ses hôtes et invités lui
demandaient de leur en dire plus.
Pendant ce temps, son empathie naturelle l’avait abandonné. Il était riche et
indépendant, que les faibles aillent au diable, surtout les femmes. Certaines
demoiselles qu’il avait prises comme maîtresses étaient réellement amoureuses de
lui, mais il les traitait toutes comme des femmes intéressées ou des
prostituées.
A des amis voyeurs qui appréciaient le sexe par procuration, Alex avait
l’habitude d’expliquer comment il faisait découvrir la bénédictine aux
demoiselles. « On a l’impression que c’est une boisson inoffensive un peu comme
un sirop contre la toux et plus la demoiselle était jeune moins elle se posait
de question quant à son degré en alcool. Après quelques verres il était facile
de l’emmener dans son lit. Une fois sur le lit il fallait encore se battre un
peu avec sa robe puis tout se passait comme sur des roulettes. Ce qui était
drôle, c’est qu’une fois la première difficulté passée, une fois la robe
enlevée, elle se laissait faire. Elles étaient généralement vierges et elles
revenaient, nuit après nuit, comme des chiennes en chaleur. »
Ruth était différente, elle ressemblait à une écolière un peu délinquante, mais
elle était en réalité une femme de dix-neuf ans, séparée de son mari. Elle était
venue à une fête d’Alex avec un ami commun et elle fut un changement apprécié
par rapport aux vierges habituelles. Temporairement au chômage, elle était
heureuse d’emménager à Riversdale et de lui tenir chaud dans son lit en échange
de son hébergement et sa nourriture. Tant qu’elle était sobre, elle était une
compagne merveilleuse - égocentrique, mais pleine d’esprit et une experte en
imitation. Mais une fois qu’elle avait bu quelques verres cela se dégradait, ses
imitations devenaient caustiques et elle s’amusait à répéter des confidences
qu’on lui avait faites à ceux à qui cela pouvait faire le plus mal. Cela
n’aurait pas eu d’importance si tout le monde avait été éméché comme elle, mais
Ruth était toujours ivre longtemps avant tout le monde. Les fêtes d’Alex ont
rapidement perdu de leur popularité, beaucoup de ses amis occupaient des postes
à responsabilité en ville et de toute indiscrétion de la part de Ruth pouvait
avoir des conséquences désastreuses.
Lorsque Alex lui a dit de faire ses valises et de s’en aller, elle n’a pas
essayé de demander une seconde chance. En fait, elle est partie immédiatement,
bien qu’il lui avait proposé de rester encore quelques jours le temps de trouver
où loger.
« J’ai réussi à m’en sortir avant de te connaître » lui a-t-elle dit. « Je
pourrais à nouveau me débrouiller toute seule. »
Quelques semaines plus tard Alex l’a vue avec un jeune homme dans un pub de
Manchester et elle l’a totalement snobé. Un mois ou deux plus tard, il l’a
rencontrée à nouveau dans le même pub mais cette fois elle était seule. Il s’est
approché d’elle et lui a demandé comment elle allait et elle lui dit qu’elle
avait un petit appartement et un nouvel emploi. Son indépendance a blessé Alex,
de quel droit était-elle heureuse alors qu’elle portait encore les vêtements
qu’il lui avait achetés ?
« A quelle heure seras-tu chez toi ? » a-t-il demandé sans cacher ses
intentions. Ruth lui a donné son adresse et il s’est arrangé pour passer la voir
ce soir-là. .
Son appartement se composait de deux chambres mansardées dans une maison
victorienne à deux ou trois kilomètres de Riversdale, et là leur romance a
repris. Il a refusé qu’elle revienne à Riversdale car l’amour dans un grenier,
même aussi spartiate que celui-ci, l’excitait bien plus. Mais la passion fut
brève et n’a pas duré. Peu après, dans un pub en ville ils ont eu une violente
dispute. Ils avaient bu toute la soirée et Alex venait d’acheter une bouteille
de vin pour emmener chez elle et elle a commencé à se moquer de ses amis.
« Ils t’utilisent » a-t-elle dit. « Ils n’en auraient rien à faire de toi si tu
n’avais pas d’argent, ils font semblant de t’apprécier et de te trouver
fascinant. Tu devrais être reconnaissant que je te laisse revenir chez moi pour
ne pas être obligé de passer la soirée tout seul. Tu ferais mieux de t’occuper
de moi, parce que si je trouve quelqu’un d'autre, tu n’auras plus personne. »
Alex lui a dit une fois de plus qu’il n’avait pas l’intention de l’installer
Riversdale, maintenant ou plus tard. « Si tu étais capable de te taire et de te
contenter de t’occuper de la décoration tu serais plus qu’un bienfait», a-t-il
ajouté.
Elle lui a dit de s’en aller et de ne plus jamais revenir. Alex l’a prise au
mot. Insensible à ses larmes et à sa rage, il a posé la bouteille de vin non
ouverte devant elle et lui dit qu’il en avait fini avec elle. Blessant, il a
ajouté qu’il aurait pu se payer un certain nombre de filles avec ce qu’il avait
dépensé pour elle et cela aurait été plus agréable.
Quand il est arrivé chez lui le téléphone sonnait, mais il n’a pas décroché car
ce pouvait être Ruth. Le téléphone a recommencé à sonner deux ou trois fois au
cours de la soirée. Le lendemain matin il fut réveillé par la police et invité à
faire une déposition. La logeuse de Ruth l’avait trouvée affalée sur une chaise
dans sa toute petite cuisine à côté d’elle la bouteille de vin était à moitié
vide, le gaz s’échappaient de sa gazinière. Elle était morte.
Alex a parlé de la querelle et a dit qu’il n’avait pas répondu au téléphone.
L’enquêteur a suggéré qu’elle avait entendu d’autres résidents entrer dans la
maison et qu’elle avait pensé qu’Alex avait été l’un d’eux, surtout qu’elle
avait probablement essayé de lui téléphoner et qu’elle n’y avait pas eu de
réponse. En mettant en scène un suicide dramatique elle aurait pu vouloir faire
peur à Alex pour que leur histoire redémarre. Mais le plan n’a pas fonctionné et
le suicide a réussi.
Alex est sorti du bureau sans pouvoir faire face aux regards de mépris de ceux
qui avaient entendu son témoignage. Sans lui, Ruth n’aurait pas renoncé à son
emploi. Sans lui, elle ne se serait pas saoulée. Sans lui, elle serait encore en
vie. Même son blindage d’égoïsme ne pouvait le soustraire aux reproches qu’il
savait avoir mérités.
De temps à autre Alex passait voir sa sœur Joan, mais leur relation n’était plus
ce qu’elle avait été. Elle avait épousé Eric, un ancien major du régiment des
Green Howards qui travaillait maintenant pour la Manchester Corporation. Tous
les deux avaient eu du mal à s’installer. Alex avait offert de les aider,
quelques milliers de livres auraient fait toute la différence pour le confort de
sa sœur et pour lui ce n’était rien. Mais elle ne voulait pas en entendre
parler. Elle lui conseillait vivement de renoncer à sa vie de perdition.
« Je ne crois pas à toutes ces absurdités que tu appelles sorcellerie, mais je
crois que tu es lié avec le diable. Pourquoi ? Il suffit de te regarder ! Tu
n’as que vingt-huit ans et tu as l’air d’en avoir quarante. Retourne au travail,
Alex, je t’aiderai. »
« Tu veux m’aider ? » a-t-il demandé en ricanant, en comparant son pull et sa
jupe de prêt à porter avec son costume de prix.
Il rendait également visite à sa mère mais rarement car il n’était pas le bien
venu. Elle ignorait comment il en était arrivé là, mais elle savait que ce
n’était pas par des moyens honnêtes et Alex n’a rien fait pour la rassurer. Il
méprisait la maison misérable de sa famille et leur auto-satisfaction qui lui
semblait tout à fait injustifiée. Ses jeunes frères avaient été apprentis dans
l’entreprise de carrelage qui avait employé son père ce qui amenait une certaine
stabilité à la maison mais leurs salaires étaient bas. Alex aimait se montrer
avec ses costumes voyants et ses bagues en diamant et cela l’irritait que ses
parents refusent l’argent et les cadeaux qu’il souhaitait leur offrir. Sa mère
ne cachait pas son dégoût pour son mode de vie et lui a dit plusieurs fois
qu’elle aimerait qu’il change. Comme Alex la méprisait car elle avait accepté
les déficiences de son père tout en refusant les siennes, sa mère lui a répondu
avec dignité que l’alcoolisme est une maladie alors que la luxure est un vice.
Lorsque le rejet par sa famille devenait trop lourd à porter, Alex allait
visiter la salle égyptienne du musée municipal de Manchester et s’asseyait à
côté de la petite prêtresse momifiée que sa grand-mère l’avait emmené voir
lorsqu’il était un enfant. Là, à côté de la figure ridée, il ressentait la même
pitié confuse qui l’avait agité si longtemps et il oubliait pendant quelques
heures son égoïsme dérisoire.
L'une des femmes qui vivait à Riversdale à cette époque était fascinée par les
couteaux et épées sorcières qu’il avait rassemblés et bien qu’elle ne croyait ni
à la sorcellerie ni à l’occulte, elle a accepté d’être initiée afin de pouvoir
s’asseoir avec lui dans le cercle pour l’aider à créer du pouvoir. Nuit après
nuit, elle a participé aux rituels, elle a répété les chants runiques qu’on
exigeait d’elle sans résultat, jusqu’à ce qu’un soir, elle ait entendu le son
d’une explosion.
« Cela ressemblait à un coup de feu » a-t-elle dit. « Il n’y a personne dans la
maison à part nous n’est-ce pas ? »
Alex lui a assuré que ce qu’elle avait entendu n’était pas encore arrivé, mais
c’était sa première approche du futur. Elle n’aimait pas ça. Elle s’est hâtée de
sortir du cercle, se refusant à se mêler encore de sorcellerie et elle a essayé
de se convaincre que le bruit avait été celui d’une voiture pétaradant à
l’extérieur.
Trois jours plus tard, ils étaient en train de déjeuner quand le téléphone a
sonné. On avait tiré sur la sœur d’Alex. Il s’est précipité à l’hôpital de
Blackpool situé à 80 km de là. Il est arrivé lorsque Joan sortait de la salle
d’opération où elle on lui avait fait plus d’une centaine de points de suture.
Elle et son mari avaient rendu visite à des anciens amis de l’armée qui
pratiquaient le tir de revolver. Un coup de feu était parti accidentellement et
Joan avait été dans la ligne de mire.
Pendant deux jours, Alex est resté à l'hôpital à prier pour que les puissances
épargnent sa sœur et quand elle a fut hors de danger, il était sûr que c’était
grâce à son intervention. Il est retourné à Manchester en étant certain que ses
ennuis étaient terminés. Il s’est dit qu’il s’agissait là de la catastrophe que
lui avaient annoncée les cartes de tarot. Pourtant, quand il a tiré les cartes
quelques jours plus tard, la mort le regardait toujours.
Lorsque Joan est sortie de l’hôpital Alex l’a persuadée de venir à Riversdale,
sa maison était en train d’être démolie et elle avait prévu d’emménager dans un
logement provisoire. Maintenant, il avait une aile de la maison qui avait été
transformée à la hâte en un appartement indépendant pour elle et Eric. « Vous
pouvez aussi profiter d’une vie de luxe » leur a-t-il dit.
Mais Joan a détesté chacune des minutes des six mois qu’elle y a passés. Bien
que Alex n’ait pas organisé de grandes fêtes lors de son séjour et qu’il avait
éloigné ses petites amies, elle pouvait se faire une bonne idée du genre de vie
qu’il menait.
« Tu as vendu ton âme au diable » lui a-t-elle dit alors qu’il était allé
prendre le thé chez elle un jour. « Je sens le mal autour de toi. »
Alex a ri et lui a dit qu’elle avait probablement eu une indigestion.
« Tu as peut-être raison » a-t-elle gémi. « Je ne me suis plus sentie bien
depuis que je suis sortie de l’hôpital. D’une certaine façon la douleur ne m’a
plus quittée. »
Il l’a regardée de près et pour la première fois il a remarqué sa pâleur, mais
elle s’est moquée de sa sollicitude et elle lui a conseillé de s’occuper de ses
propres affaires et de ne pas se soucier d’elle.
« Es-tu certaine que ce n’est pas le cancer ? » Les mots furent prononcés avant
qu’Alex ne l’ait réalisé.
« Pour l'amour du ciel » a-t-elle protesté, mais elle a accepté qu’on appelle le
médecin.
Il l’a envoyée à l’hôpital pour faire des tests et quand elle est revenue à la
maison elle a dit à Alex qu’aucun signe de maladie n’avait été trouvé. Pendant
son absence, elle avait décidé de quitter Riversdale.
« J’apprécie tout ce que tu as fait pour nous, lui a-t-elle dit, « mais
l’atmosphère de cet endroit me déprime. Même à l’hôpital j’ai été plus heureuse
qu’ici et je sais que je n’irais pas mieux avant d’être partie d’ici. »
Avec réticence, Alex l’a aidée à trouver une maison et à déménager. Elle avait
été pour Alex la seule influence stable dans un monde d’instabilité, car, bien
qu’il était attaché à ses bienfaiteurs, ils faisaient de lui un enfant gâté.
Joan au moins tempérait de critiques son amour pour lui.
Une fois que sa mère l’avait rencontré alors qu’il était allé voir Joan dans sa
nouvelle demeure. Elle a demandé à ce qu’il reste à l’écart de sa soeur.
« Je ne veux pas que tu corrompes ta sœur, lui a-t-elle dit. « Tu vis une vie de
perversions et tu vas le regretter. Tu ne dois pas nuire à ta sœur. «
Alex a protesté en vain, il ne voulait que l’aider, mais son aide, économique et
personnelle, a été rejetée. Il n’est plus allé voir Joan, et quand quelques mois
plus tard il a rencontré Pat sa sœur cadette à Manchester. Elle lui a appris que
Jeanne avait été hospitalisée, son cancer était en phase terminale. Il a refusé
d’y croire, il a même refusé d’y penser. Quelques semaines plus tard, il a reçu
une carte postale de Jeanne disant : « Je suis à l'hôpital, ne m’oublies pas
s’il te plait. »
Cependant il n’a pas pu aller la voir. Endurcissant son cœur, il s’est dit que
si elle allait mourir, elle devait faire avec, il n’y avait rien qu’il puisse
faire pour faire changer cela. Il espérait juste qu’elle s’en aille rapidement
pour qu’elle ne souffre plus trop longtemps.
Puis il a appris qu’elle était sortie de l'hôpital et a repris espoir. Est-ce
que les médecins et les cartes de tarot s’étaient trompés ? Il s’est précipité à
Manchester avec un très grand panier de friandises et de fruits qu’il a apporté
à sa sœur.
Elle ne pesait plus que quarante-cinq kilos, elle ressemblait à un squelette
vivant.
« Je pensais que tu ne viendrais pas » a-t-elle murmuré. « Ne me laisse plus
jamais seule. »
Alex s’est souvenu de tous les bons moments qu’ils avaient passés ensemble
lorsqu’ils étaient enfants, les confidences et leur amitié, il a décidé de faire
tout son possible pour la garder avec lui.
« J’ai vu un magnifique manteau de fourrure, juste à ta taille », lui a-t-il
dit. « Dès que tu seras sur pieds, je te l’offrirai, puis toi, Eric et moi nous
partirons pour de merveilleuses vacances. Nous ne sommes jamais partis
ensemble… »
Il continué à parler de ce qu’elle allait faire, souhaitant que cela se réalise.
Et elle écoutait avec un demi-sourire, heureuse que son frère lui soit enfin
revenu.
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