Taliesin

Un ami de Cochrane qui employait le pseudonyme de « Taliesin », qui partageait cette façon de voir de la wicca, écrivait aussi pour « Pentagram » ; il prétendait appartenir à un groupe sorcier de l’Ouest du pays qui partageait certaines croyances avec Cochrane. Dans le numéro de mars 1965 de « Pentagram », il a aggravé les choses en dénonçant ceux qui suivaient la tradition de Gardner et en prenant fait et cause pour Cochrane. Tout cela a explosé dans le numéro de décembre où des partisans de Gardner, Patricia et Arnold Crowther, ainsi que le Grand Prêtre d’un coven du Suffolk ont attaqué par écrit Taliesin et Cochrane. Taliesin a répondu assez directement aux deux lettres. Ce fut le dernier numéro de « Pentagram » dans ce format, mais les nouveaux numéros traitaient de sujets plus variés. « John Math » a dit qu’il ne pouvait plus continuer à publier le magazine en y mettant que des articles sur la sorcellerie, car il n’y avait pas assez à écrire à ce sujet ! On a ensuite plus entendu parlé de la W.R.A..

Le dernier numéro de « Pentagram », dans son ancienne formule, fut intéressant à bien des égards. Tout d’abord, dans sa réponse au Grand Prêtre du Suffolk, Taliesin suggérait que le culte sorcier du moyen âge ait été influencé par des concepts du Moyen Orient. Il est intéressant de constater que Cochrane exprimait la même opinion dans sa correspondance avec Bill Gray. Il disait qu’il croyait que, jusqu’au 12e siècle, l’église catholique romaine et le paganisme survivant dans ce pays se mêlaient et se toléraient mutuellement. Il dit ensuite : « … un peu avant et pendant la première croisade, des pèlerins venant de Perse sont arrivés en Grande Bretagne et en Irlande et ont eu une forte influence sur la sorcellerie de cette époque… ; les ordres Druidiques et Bardiques s’étaient convertis en un nouvel ordre lié au Dieu Cornu ». Cochrane a aussi parlé de cette théorie dans un article dans Psychic News, où il affirmait qu’une influence du mysticisme islamique avait infiltré les coven au cours des 13e et 14e siècles. Cochrane pensait que l’église romaine avait réagi négativement à cela et que c’est ce qui déclencha la chasse aux sorcières en Europe.

Une telle théorie n’est bien sûr pas nouvelle. Elle a déjà été proposée par l’occultiste et magicien Rollo Ahmed (1936) et par Idries Shah (1961), le maître Soufi. On en trouve aussi la trace dans la légendaire Sorcellerie de Pickingill, telle qu’elle est racontée par le sorcier héréditaire E.W. Liddell (1994). Cochrane croyait que les survivances païennes, telles un culte de la nature et des rites de fertilité, ont disparu au cours du 12e siècle. D’autres auteurs ont formulé cette théorie un peu différemment, en affirmant que les survivances païennes furent absorbées par une nouvelle forme de sorcellerie ainsi que dans des traditions saisonnières populaires.

 

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