Joseph Wilson

Dans le numéro de décembre 1965 de « Pentagram » est parue une annonce d’un certain Joseph B. Wilson de Wichita, Kansas, USA. Wilson souhaitait correspondre avec « quiconque qui était intéressé par l’Ancienne Religion, le druidisme, etc… ». Il disait aussi dans son annonce qu’il publiait une feuille d’information qu’il enverrait en échange de la modeste somme d’un shilling (5 pence). Cochrane a répondu à cette annonce et les deux hommes ont commencé une courte mais célèbre correspondance. Par la suite, des copies des lettres de Cochrane à Wilson sont devenues la base de la création de ce qu’on appelle, aux Etats Unis, la tradition 1734.

La version de Wilson sur la manière dont cette correspondance a débuté a été récemment postée sur Internet et est maintenant librement disponible. C’est une lecture intéressante. Wilson affirme qu’il était lié à un enseignant en sorcellerie dénommé « Sean » et à son groupe appelé « le groupe de Wichita » depuis 1962. Lorsque Wilson a reçu une copie de « Pentagram » et l’a montré à son professeur, « Sean » lui a montré qu’il y avait des similitudes entre sa tradition et les écrits de Cochrane et Taliesin. La lecture de « Pentagram » a donné à Wilson l’idée de publier sa propre revue nommée « La Lune Montante ».

A l’époque où Wilson écrivait à Cochrane, il avait vingt-trois ans, était marié et avait trois jeunes enfants et servait dans l’US Air Force. Avant de rencontrer « Sean », Wilson était un très fervent baptiste. Il fut même ordonné prédicateur et était prêt à partir pour le séminaire. En décembre 1965, lorsque sa correspondance avec Cochrane débuta, Wilson s’est débrouillé pour faire modifier les informations le concernant dans l’US Air Force et ainsi sa religion était devenue « druide », car il ne savait pas à cette époque comment la décrire autrement.

Même si Wilson n’a jamais rencontré Cochrane, il est allé en Angleterre en 1969 grâce à l’US Air Force. Il était basé à Upper Heywood dans le Oxfordshire et avait le grade de sergent. Pendant son séjour en Angleterre, il a pu rencontrer plusieurs personnes qui avaient connu et travaillé avec Cochrane. Malheureusement, son séjour s’est interrompu brutalement au début des années 1970, suite à un coup d’éclat. Wilson a comparu comme témoin à charge lors d’une cour martiale où l’on jugeait des militaires qui avaient critiqué la guerre du Vietnam. Au cours du procès, Wilson a refusé de prêter serment sur la Bible car il était païen. La défense l’a aussi accusé d’être un espion pour le renseignement militaire. Après que la cour eu entendu Wilson, il a été renvoyé aux Etats Unis pour éviter toute publicité dans les journaux britanniques.

A son retour aux Etats Unis, Wilson a donné, à plusieurs coven déjà en place, des copies des lettres de Cochrane et, avec les années, ce qui c’est appelé « la tradition 1734 » est née. La plupart de ces groupes et des isolés ont utilisé les lettres de Cochrane comme base de l’enseignement qu’ils donnaient à leurs initiés. Certains ont adopté certains aspects de la Wica pour donner une structure à leurs rituels, mais ils ont été critiqués par les puristes pour cela. Depuis 1990, ces groupes ont aussi des rituels structurés fournis par Evan John Jones, avec l’aide de Doreen Valiente, dans son livre « Witchraft : A Tradition Renewed ».

The Roebuck Coven basé à Los Angeles est probablement le groupe 1734 le plus connu. Il a été fondé en 1976 par Ann et Dave Finnin. Les Finnin étaient sur la scène sorcière depuis environ un an avant de rencontrer Joe Wilson en 1975 et de rejoindre son groupe. Le premier rituel auquel ils ont participé s’est déroulé fin 1975 à l’occasion d’Halloween. L’objet du rituel fut de conjurer l’esprit de Cochrane. Au solstice d’hiver 1976, ils ont fondé le Roebuck Coven et en 1977 ont affirmé que Wilson leur a transmis « officiellement » la Tradition 1734. En 1982, les Finnin se sont rendus en Angleterre et y ont rencontré Bill Gray et d’autres sorciers qui avaient connu Cochrane, dont Evan John Jones. Après un an et un jour d’apprentissage transatlantique, les Finnin ont été adoptés par Jones dans le Clan de Tubal Cain. En 1989, le Roebuck Coven fut officiellement incorporé à un mouvement religieux exempté d’impôt connu sous le nom de « Ancient Keltic Church ». Sur leur site web, on peut voir une photo des Finnin en costume écossais.

Une certaine confusion règne dans l’origine du nombre 1734 utilisé pour décrire la tradition américaine. On a dit que Cochrane pouvait remonter son ascendance sorcière jusqu’en 1734. Cela vient probablement de la présentation de l’article de Cochrane du « Pentagram », paru en août 1965, dans lequel il affirme cela. On a aussi dit que 1734 était le numéro de la rue où résidait sa première « Grande Prêtresse » qui qu’elle fut (Tante Lucy ?). Une faute de grammaire et une mauvaise compréhension d’une référence citée par Cochrane dans une de ses lettres a aussi créé une mystérieuse, mais totalement imaginaire, société secrète appelée l’Ordre de 1734 de laquelle Cochrane est supposé tenir son savoir.

Toutes ces versions fantaisistes peuvent être réfutées par une lecture attentive de la seconde lettre de Cochrane à Wilson et datée de la douzième nuit (le 6 janvier) 1966. Dans cette lettre, Cochrane dit clairement que « cet ordre de 1734 n’est ni une date ni un événement, mais un groupe de chiffres qui signifie quelque chose pour une sorcière ». Cet ordre ou séquence de chiffres est une référence codée à la nature et aux attributs de la Déesse des sorcières. C’est aussi simple que cela.

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