Pratiques

 

Quelles étaient exactement les pratiques et les croyances de Cochrane et de son coven ? Doreen Valiente nous en a donné le point de vue d’une participante. Elle a rencontré Cochrane en 1964 et fut rapidement acceptée dans son groupe. Ils pratiquaient en général à la campagne ou, si la météo ne le permettait pas, dans la maison de Cochrane. Les rituels dans la nature se passaient à Burnham Beeches près de chez lui et probablement après sa rencontre avec Valiente dans le Sud du Sussex. Après ces rituels, le coven avait l’habitude de rester dans l’appartement de Doreen à Brighton. Pour ces rituels, ils portaient des robes noires avec un capuchon et pour cela ils étaient connus comme un « coven habillé ». C’était une expression courante dans les années 50 et 60 pour des Sorcières Héréditaires et Traditionnelles. La plus grande partie de la production de puissance se passait dans le cercle et consistait à danser autour d’un petit feu allumé au centre du cercle en chantant. Ils pratiquaient aussi une forme de méditation en marchant doucement autour du cercle en silence. Selon Valiente, « le coven adorait le Dieu et la Déesse ainsi que les anciens pouvoirs primordiaux de la nature enfouis dans les profondeurs du temps ».

Selon d’autres sources, le coven adorait « la Déesse Blanche » et un dieu masculin du feu, du monde d’en-dessous et du temps. Il est généralement connu sous le nom de Tubal Cain, le premier forgeron mentionné dans la Bible. On l’appelait aussi Bran, Wayland et Herne et on l’a décrit comme le « dieu du feu au pied de chèvre, de la sorcellerie, de la basse magie, de la fertilité et de la mort ». Selon la tradition de Cochrane, l’union de ces deux principes masculins et féminins a donné naissance à l’Enfant Cornu, qui était l’enfant divin ou le jeune dieu soleil.

La Déesse est conventionnellement représentée comme la Jeune Fille, la Mère et la Vielle Femme dans la croyance néo-païenne ; elle est aussi connue comme étant les Trois Mères, les Trois Sœurs ou les Trois Dames. Sous cette forme, elle est liée aux Parques ou Norns de la mythologie anglo-saxonne et Cochrane et Evan John Jones ont tous deux fait ce lien. Elle est aussi associée à Diane et à Hécate dans les aspects brillants et sombres de la lune. Par-dessus tout, elle est la Destinée, « la vraie déesse des sorcières », et fut symboliquement représentée comme la tisseuse ou la fileuse qui contrôlait le destin et le futur des Dieux et de la race humaine.

Dans ses écrits, Cochrane décrit une mythologie plus sophistiquée et complexe. On y trouve un mythe créateur où la Nuit « une force féminine sans forme donne naissance à l’homme et avec lequel elle découvre l’amour, et c’est ainsi que tout a débuté ». Cochrane dit que les Dieux Agés ont eu sept enfants qui ont créé sept mondes à diriger. Ils ont aussi créé les forces élémentaires de la terre, de l’air, du feu et de l’eau et qu’elles sont dirigées par quatre dieux. Chacun vit dans un monde séparé et dirige un château. Ce symbolisme est lié aux quatre quartiers du cercle. Pour la Gnose, il y a sept archanges qui gouvernent les planètes, ce sont les descendants des dieux des planètes des anciennes Babylone et Sumer.

Cochrane croyait que derrière les Dieux il y avait encore l'Inconcevable, l'Innommable, le Divin, qui était au-delà du genre ; cependant, paradoxalement, il était parfois représenté comme la Déesse Cachée. Bien que souvent Cochrane et son groupe plaçaient l'accent sur les rituels pratiqués, il était principalement intéressé par le côté mystique des choses. Une partie de son intérêt est illustré dans une lettre qu’il a adressée à Bill Gray où, parlant de christianisme, il dit : « rien n’est entièrement bon ou mauvais, ce ne sont que des mots que l’homme a donnés à des mystères inconcevables. Pour moi, la Déesse, blanche lorsqu’elle travaille pour le bien, est aussi noire lorsqu’elle travaille pour les ténèbres, mais les deux sont compatissantes, bien que la compassion ne soit qu’un paravent pour la cruauté de la Vérité totale. La Vérité n’est qu’un autre mot pour le Divin. Masculin ou féminin, cela n’a pas de réelle importance, ce qui compte c’est de reconnaître qu’il n’y a ni bien ni mal, ni noir ni blanc et d’accepter la « volonté des Dieux », d’accepter la Vérité opposée à l’illusion ».

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