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Dans les Livres des Ombres utilisés
par Gerald Gardner et ses Grandes Prêtresses, on trouve quelques extraits de
textes en français. Parmi ceux-ci il y a, dans le Livre des Ombres d’une Grande
Prêtresse Initiée par Gerald Gardner un grand passage de tiré de « Vénus, la
Déesse Magique de la Chair » un livre écrit en 1908 par Pierre Piobb.
Vénus,
la Déesse Magique de la Chair
Les Mystères des Dieux - Introduction
par
Pierre Piobb
Parmi les sables mouvants des régions
désertées, sous les ardeurs d'un soleil implacable, les temples et les idoles
s'effritent.
Au milieu de nos cités pratiques, sillonnées de véhicules hâtifs, hérissées
d'immeubles où le confortable prime le goût, les églises se vident.
Les religions s'en vont !
Qui donc connait encore les dieux ?
Les dieux de jadis ont passé. Si leur souvenir demeure toujours dans les ruines
des villes mortes, dans la poussière des livres initiatiques et sous le voile
impénétré des mythes, si leur âme plane toujours sur les civilisations antiques,
les noms qui les désignèrent n'éveillent plus en nous aucun sentiment de
respect. Leur règne est fini. Ils sont tombés dans le chaos de notre mémoire et
quand, par hasard, quelque savant téméraire ose débrouiller cet amas obscur des
théologies vétustes, il se heurte à une infinité de traditions qui se croisent,
s'enchevêtrent et l'induisent en erreur.
Les dieux de jadis sont morts ! Le symbolisme de leurs temples est incompris, la
clef de leurs bibles est perdue, le sens de leurs mythes est inconnu ! Leurs
noms même sont confondus, leurs cultes mélangés. On leur attribue des cérémonies
qui ne leur furent jamais célébrées. On les prend l’un pour l’autre. On
distingue deux divinités dans une seule, on en rassemble deux qui étaient
voisines, mais différente !
C’est l’invasion de la barbarie positiviste dans l'empire des civilisations
poétiques.
Le dieu d’aujourd'hui - le Christ - passe. Notre société, nos lois, nos
coutumes, sont cependant le reflet de ses institutions ; ses évangiles sont dans
toutes les mémoires, et ses prêtres sur ses autels célèbrent toujours son
sacrifice. Mais qui le comprend encore ? Qui pénètre le symbole de l'homme-dieu
ou du dieu fait homme ? Qui peut lire le sens réel de ces livres admirables,
qu’écrivirent les premiers initiés de son culte, sous la signature de quatre
apôtres ? Qui est capable de suivre une cérémonie chrétienne, - mieux, de la
conduire selon le rite véritable ?
Le dieu d’aujourd'hui se meurt. La plupart le renient comme ils renient tous les
autres. Quelques-uns le vénèrent toujours par habitude, sans conviction ni
savoir.
Le désarroi de la Religion est complet. Et s’il fut jamais dans le monde une
époque de paganisme, c’est la nôtre.
Le paganisme, en effet, c'est l’adultération des cultes, des initiations et des
métaphysiques, c’est la vulgarisation du divin, le morcellement des religions.
Son résultat est la superstition. La superstition est bien le cadavre des
pratiques religieuses qui survivent encore, malgré toutes les déformations (1).
Aussi, par réaction, voit-on naître l’esprit anti-religieux et l’athéisme.
Quiconque est simplement spectateur des choses, quiconque s’en tient à
l’expérimentation brutale, quiconque, ayant perdu la foi aveugle, n’a ni le
goût, ni le temps d’approfondir les phénomènes terrestres, doit nécessairement
être anti-religieux et athée.
Admettre sens preuve, sans démonstration d’aucune sorte, un ensemble de
pratiques dont l’utilité immédiate échappe, cela répugne à toute mentalité
moderne. Les philosophies critiques, positivistes et rationalistes ont donné aux
esprits contemporains une admirable et sûre méthode scientifique. Aucune
théologie ne peut résister au contact de cette méthode.
Ceux qui ont conservé dans leur coeur l’ombre de leur foi des premiers âges,
tremblent devant l’investigation du divin. Ils bâtissent un mur entre leur
science et la théologie. Ceux qui pensent avoir libéré leur esprit de toute
croyance, reculent effarouchés à l’idée de pénétrer dans le domaine religieux.
Ils creusent un fossé profond entre leur philosophie et les métaphysiques.
Chacun proclame la liberté de conscience : croyez ce que vous voulez, mais n’en
parlez jamais !
C’est la conspiration du silence.
Les dieux sont passés, le dernier passe, mais leur souvenir fait toujours peur !
Il y a cependant des novateurs. Ce sont des gens de science érudits. Ils sont
convaincus que tout phénomène psychologique ou social est digne de considération
et d’étude. Ils pensent qu’un progrès quelconque peut parfois résulter de la
recherche de l’inutile ; ils savent que la science occasionne des surprises. Ne
doit-on pas mainte découverte à une circonstance fortuite ? Ces savants-là
s’occupent des religions. Qui peut dire si de leurs travaux ne sortira pas
quelque bien social ? On doit donc les respecter, encore que leurs recherches
soient vaines. Ils ont tout au moins catalogué les rites et les croyances, et
s’ils n’ont pas osé les rassembler et les ranger par cultes divins, c’est qu’ils
ont employé une méthode trop analytique et qu’ils ont renversé le problème.
Si l’on veut étudier la Religion sous les diverses formes qu’elle a pu ou
qu’elle peut avoir dans l’humanité terrestre, il ne faut pas, en effet, analyser
d'abord. L’analyse n’est ni supérieure, ni intérieure à la synthèse. C’est un
outil brutal dont on doit se servir quand l’autre est impossible. L’analyse
n'est pas toujours bonne : employée à tort, elle conduit à la statistique
stérile. La synthèse est souvent dangereuse : quand elle n'a pas de fondement
scientifique, elle conduit au dogmatisme.
Cataloguer les diverses croyances ne mène à rien. Éternellement, en dressant des
listes de cultes, on demeurera profane, - c’est-à-dire hors du temple.
Il faut entrer dans le temple. Il faut monter jusqu’à l’autel, pénétrer dans le
saint des saints et descendre dans la crypte, pour comprendre la Religion, pour
pénétrer les mystères des dieux.
C’est là, la véritable initiation.
C’est la clef de la haute et sublime science qui, seule, peut donner la raison
suprême des choses !
(1) Cf. Eliphas Lévi Dogme et rituel de Haute-Magie. « Superstition vient
d’un mot latin qui signifie survivre. C’est le signe qui survit à la pensée :
c’est le cadavre d’une pratique religieuse. »
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