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Dans les Livres des Ombres utilisés
par Gerald Gardner et ses Grandes Prêtresses, on trouve quelques extraits de
textes en français. Parmi ceux-ci il y a, dans le Livre des Ombres d’une Grande
Prêtresse Initiée par Gerald Gardner un grand passage de tiré de « Vénus, la
Déesse Magique de la Chair » un livre écrit en 1908 par Pierre Piobb.
Vénus,
la Déesse Magique de la Chair
par
Pierre Piobb
Vénus dans le Zodiaque.
Tous les signes zodiacaux correspondent trois à trois à
chacun des quatre éléments (1). La Balance correspond à l’élément appelé Air.
Par ce vocable, on sait que les anciens entendaient le temps objectivé comme un
des plasmas constitutifs des choses. Or, dans la gradation usuelle, les éléments
se suivent ainsi : Terre, Eau, Air, Feu. L’Air parait donc procéder de l’Eau,
c’est-à-dire de l’espace. En disant que le Soleil-Vénus sort de l’écume de
l’eau, on exprime donc simplement que le Soleil, marquant le temps, évolue dans
l’espace.
Le Soleil-Vénus commence donc son cycle zodiacal du mythe dans le signe de la
Balance. Les circonstances des premières années de la déesse symbolisent les
qualités de la Balance. On y voit une conque marine spiraliforme qui représente
la matière façonnée et, par extension, l’art plastique ; cette conque émet un
son et rappelle ainsi l’art musical ; enfin les Zéphires qui soufflent
personnifient les météores aériens. En effet, le signe de la Balance est en
astrologie celui des arts et, parmi les météores, il s’applique aux vents.
L’union avec Vulcain correspond au signe suivant, au Scorpion. Le Scorpion est
froid, parce que sa figure est celle d’un insecte à sang froid, qui, de plus,
vit dans l’eau. Cet insecte, très intelligent, est curieux à observer. Il est
muni de grosses pinces à l’avant et d’une longue queue à l’arrière. Il serre
avec ses pinces, mais il ne fait du mal qu’avec sa queue : en effet, son dard
venimeux est placé à son extrémité postérieure. Il est vif, bien qu’il ne vole
pas. Il peut cependant grimper aux arbres. C’est même sur les arbres qu’il
s'endort de préférence. Enfin, il ne marche jamais qu’en zigzag.
Cet animal symbolise, pour l’homme, l’effort vers le progrès. Il est aquatique
et terrestre ; il parait préférer la terre ; il sait s’élever sur les arbres. Il
est bien la représentation du progrès qui se constitue par la recherche du
mieux, du plus stable et du supérieur. Mais vit-on jamais un progrès se réaliser
normalement ? Aussi bien que le scorpion qui court en zigzag, le progrès avarice
par des tâtonnements. Avec ses bras robustes, comme les pinces de l’insecte, il
parait formidable ; on dirait qu’il va tout détruire. Ce n’est cependant pas en
heurtant les choses présentes de front qu’il les transforme. Toute révolution
n’est jamais opérée que par les éléments mauvais que le progrès traîne par
derrière. N’est-ce pas de lui qu’on a dit : in cauda venenum ? C’est dans
sa queue que se trouve le venin. Aussi bien, tout progrès est une mort du
suranné. Les vieilles gens, les misonéistes, qui existent à toutes les époques,
trouvent toujours que les idées avancées sont mauvaises. C’est pourquoi le signe
du Scorpion est un signe de mort, de déception, de tortuosité, de tares
physiques, de fermentation, de froid, mais aussi de chaleur. Car le progrès
destructeur cause des déceptions aux partisans des vieilles institutions ; il
suit des voies méandreuses ; il entraîne un cortège de maux, parce qu’il
bouleverse ce qui est établi ; il fermente sans cesse dans les bas-fonds de
l’humanité ; il est froid, car il est implacable ; mais il est chaud, car il est
actif. Le signe du Scorpion correspond à la planète Mars, astre de chaleur (2).
Enfin, le Scorpion, insecte noir, aux contours heurtés, peut être considéré
comme laid.
C’est Vulcain, disgracieux, boiteux, peu aimable, brutal et travailleur. Son
union avec la déesse Vénus est froide, décevante et, en fin de compte, tourne
mal.
L’adultère avec Mars se place dans le Sagittaire. Le Sagittaire est un centaure.
C’est même le centaure Chiron. Grand coureur de filles, son arc toujours tendu
et sa flèche toujours prête à partir ont conservé dans le langage des peuples
des métaphores énergiques.
Le Sagittaire est chaud : c’est un signe du Feu. Sa figure moitié homme, moitié
animal, symbolise le passage des espèces animales inférieures à l’espèce
humaine. Elle représente la mentalité de l’homme se dégageant de la brute, mais
étant toujours matérielle. Le plaisir domine le Sagittaire : les sports, les
femmes et la table sont les trois préoccupations de cet être éminemment
prosaïque qui, dans le sous-mythe le concernant, ne pense qu’à chasser, qu’à
conquérir les filles et qu’à manger. Dans la suite, dit-on, il devint médecin.
Mais le médecin, par sa profession, ses études et souvent même sa mentalité,
n’est-il pas toujours occupé uniquement de la matière ? Et puis, - en
transposant le symbole et en restant dans la conception d’un sagittaire moins
intellectuel, - un mari n’est-il pas un emplâtre qui guérit tous les maux des
filles, selon la cavalière expression de Molière ?
Mars est la consolation de Vénus mal mariée. Il lui procure du plaisir et lui
fait un enfant. Il l’amène également à la honte de l’adultère public. Aussi les
astrologues et les kabbalistes disaient-ils volontiers que le Sagittaire est un
signe de récompense et de châtiment.
La scène de la vengeance de Vulcain correspond au Capricorne. Le Capricorne,
c’est le péché pour les ésotéristes. C’est en tout cas un signe de Terre ; il
représente la matérialité chez l’homme, tandis que le Sagittaire correspond à
l’organisme ; il symbolisa la chair elle-même. C’est bien le péché originel,
soit : l’obligation pour l’âme humaine d’avoir une dépouille mortelle.
Vulcain fait constater le tableau de la misère humaine : l’amour réduit au
prosaïsme de la fornication, le mariage acculé à l’adultère, les amants enserrés
dans les lacs d’une fatalité imperceptible, mais inextricable. Voilà le résultat
de la chair ! Cependant le spectacle ne manque pas d’une certaine grandeur et,
malgré les détails vilains de l’amour physique et les désordres de l’adultère,
quel est l’homme qui refuse d’aimer et même d’'être adultère ?
La chair est faible, dira le Christ, elle est capricieuse, disaient les
mythographes. Aussi l’ont-ils symbolisée par une chèvre à queue de poisson. La
chèvre est faible, folle, sans suite dans les idées. Sa queue de poisson
l’alourdit : elle symbolise les conditions de l’espace (de l’eau où nagent les
poissons), que la chair traîne commue un boulet.
Antéros naît au Verseau. Antéros personnifie le plaisir et le Verseau le génie
humain. La figure du signe est celle d’un homme parfait tenant à la main une
urne et versant de l’eau. L’homme, ayant asservi les éléments terrestres, les
restitue à la nature. Rien ne se perd, car le poisson austral, Fomalhaut, qui
complète la figure, avale le jet d’eau.
Le plaisir dans l’amour, c’est l’ingéniosité humaine raffinant les étreintes. En
ce sens on peut dire que la véritable volupté commence seulement quand l’homme
s’applique à rechercher son maximum de plaisir. On peut donc comprendre le
plaisir comme une adaptation d’un principe naturel.
L’épisode du Typhon correspond au signe des Poissons. Le
sous-mythe explicatif de ce signe indique, du reste, que les poissons zodiacaux
sont ceux qui conduisirent au-delà de l’Euphrate la déesse Vénus et son fils.
Ces poissons sur les anciennes cartes célestes sont figurés attachés par un fil
noué au milieu. On sait aujourd’hui comment vivent les poissons. On sait que de
tous les animaux ce sont ceux qui se montrent le plus d’affection. Le mâle, au
temps de l’amour, fait pendant longtemps la cour à la femelle de son choix.
C’est une cour chaste, tendre, touchante même. Puis, quand enfin la femelle a
consenti, elle pond simplement ses œufs dans le nid préparé par son époux.
Celui-ci alors projette la laitance sur les oeufs. Et c’est tout. Aucun contact,
aucune liaison, sinon psychique. Le mariage des poissons est le plus chaste de
tous ! L’union se consomme dans leurs âmes et non dans leurs corps !
Quand Typhon, le monstre avide de chair, persécute la déesse Vénus, celle-ci ne
trouve de refuge que dans la chasteté, qui l’aide à mettre une barrière
infranchissable entre elle et son poursuivant.
Ici, le Soleil, en parcourant successivement les signes du Zodiaque, arrive au
Bélier.
Le Bélier est toujours le premier des signes sur tout cercle établi selon de
symbolisme zodiacal. Il implique donc toujours une idée de commencement.
Dans ce signe, nous voyons l’alliance de la déesse Vénus et de l’homme-amant
sous les traits d’Adonis. Le bélier, animal généralement doux, parce que de la
race des ovidés, se laisse mener facilement, se laisse même tondre, voire
égorger bêtement, symbolise par excellence l’habitude. En effet, le bélier
conduit le troupeau ; il marche en tête, mais il a soin de suivre exactement
chaque jour aux mêmes heures le même chemin. Il tient à la régularité de sa vie
avec un entêtement qui n’a d’égal que la docilité déployée par le troupeau pour
le suivre. L’apologue des moutons de Panurge est typique à cet égard. Le bélier
cependant est capable de colères : lent à s’emporter, il ne connait pas de
bornes à sa fureur. Il fonce alors sur son ennemi, aveuglément, la tête la
première, sans s’inquiéter du danger. Aussi le populaire dit-il couramment quand
le mouton devient enragé, rien ne l’arrête !
Ce sont là les qualités que le Soleil-Vénus adopte dans ce signe et que l’on
retrouve dans le mythe. La déesse, en effet, amoureuse d’Adonis, devient docile
et douce ; elle s’habitue à le suivre partout. Elle ne se révolte à la fin de
l’idylle que lorsque la mort lui arrache son amant. Encore son désespoir ne s’en
prend-il qu'à la fatalité !
Cet épisode de la vie symbolique de Vénus constitue par lui-même un sous mythe.
Dans cette version particulière, Adonis doit alors être pris pour le Soleil
lui-même tournant autour de la Terre comme un des sept astres (3) que les
systèmes d’astrologie géocentrique ancienne envisageaient. Macrobe l'a
formellement laissé entendre (4) et Dupuy, dans son Origine de tous les
cultes, a suivi ses traces (5). Ce sous-mythe avait, du reste, une
importance très considérable, car la cérémonie principale du culte public de
Vénus était fondée sur son développement.
Adonis meurt sous le signe du Taureau. Le taureau, animal doué d’une grande
force, est toutefois domestiqué par l’homme. Il appartient à l’espèce des
bovidés qui s’emploie couramment pour les durs travaux de la terre. Il
représente donc le travail assidu, patient, producteur. Mais c’est une bête
méchante que la passion génésique contrariée met hors de lui. Il symbolise donc
également la révolte des instincts non satisfaits. Le signe du Taureau doit
s’entendre comme la synthèse des astreintes de l’homme. Celui-ci est condamné au
travail et à la satisfaction de divers besoins. Ce sont pour lui des nécessités.
Adonis meurt et la mort est une des nécessités impérieuses de la condition
humaine. Il meurt tué par un sanglier, et ce sanglier, dans la voûte céleste,
est représenté par la constellation de la Grande Ourse, appelée aussi porc
d’Erymanthe, dans le sous-mythe d’Hercule. Or, la Grande Ourse parait s’avancer
sur le ciel, vers le Nord, à la suite du lever de la constellation du Taureau.
Le sanglier est un animal sauvage et dévastateur. Il est laid, implacable,
fantasque, rapide et destructeur comme la mort elle-même.
L’idylle de Vénus se termine par les larmes. Mais la nécessité des amours
humaines n’est-elle pas, à cause de la mort ou de toute autre séparation, de
finir dans les pleurs ?
Aux Gémeaux, le Soleil-Vénus rencontre Mercure. Le signe des Gémeaux est figuré
par deux jeunes enfants étroitement enlacés. Il symbolise l’affection terrestre
dans ce qu’elle a de plus innocent et de moins charnel. Les enfants se tiennent
l’un contre l’autre, côte à côte : leur amour parait être simplement fraternel.
On sait que ces enfants sont Castor et Pollux, et on connaît le sous-mythe qui
raconte leur amitié réciproque. C’est donc ici l’amour humain envisagé au point
de vue psychologique, et par conséquent différent de l’ardeur sexuelle du
Sagittaire (union de Vénus et de Mars) ou de la passion absorbante du Bélier
(union de Vénus et d’Adonis). L’amour des Gémeaux est un amour supérieur qui n’a
pas besoin de contact pour être complété. C’est donc l’amour conjugal,
fraternel, familial.
Aussi Vénus, sans grande passion pour Mercure, procrée avec lui son fils
préféré, Cupidon.
Le signe du Cancer contient la scène du jugement de Paris.
Le Cancer, disaient les ésotéristes du Moyen-Age, représente l’attachement à la
vie. En réalité, c’est la vie elle-même qu’il symbolise. Le cancer,
crustacé plat, laid et vorace, est un crabe plutôt qu’une écrevisse. On l’a pris
pour une écrevisse par suite d’un faux-sens, le mot cancer désignant d’une façon
générique le crustacé. Mais la figure céleste représente bien une sorte de
crabe. La vie, notre vie humaine et terrestre, ne se passe-t-elle pas dans la
platitude, la laideur, l’instabilité inassouvie ? Ne la vivons-nous pas tous de
travers, ainsi que marche le crabe qui ne saurait avancer que sur les côtés ? Ne
recherchons-nous pas, également, ici-bas un idéal de beauté que nous croyons
facilement atteindre dans la possession de la femme qui semble à nos yeux la
plus belle ?
Le jugement de Pâris est celui que nous aurions tous prononcé en pareil cas, si
nous n’avions considéré que les conditions de notre existence terrestre.
La guerre de Troie, conséquence de ce jugement, a lieu sous le signe du Lion
qui, dans la course zodiacale du Soleil, suit le signe du Cancer. Le lion est le
roi des animaux. Cette royauté, d’ailleurs, représente une simple tradition
mythologique. Le lion, félin, cauteleux et féroce, a du chat l’adresse,
l’égoïsme, la cruauté même ; il y joint une certaine grandeur d’âme parce qu’il
vit sauvage et qu’il a conscience de sa force et de son courage. Le lion
pourrait être un politique fameux : il n’aime que lui et les siens ; il sait,
comme le chat, se montrer caressant au besoin et faire patte de velours ; il
peut aussi montrer ses griffes et dévorer sans pitié son ennemi. Si le lion
devient roi, ne sera-t-il pas un de ces monarques tyranniques qu’Homère a si
génialement caractérisés du nom de démovores, c’est-à-dire mangeurs de
peuples ?
Le signe du Lion représente donc bien les troubles politiques auxquels la déesse
Vénus se mêle si malencontreusement.
Avec la Vierge, la Déesse remonte dans l’abstrait, dans l’Olympe. Son cycle
solaire est terminé.
La figure du signe de la Vierge représente une femme chastement vêtue, tenant
d’une main une plume et de l’autre un épi. La plume constitue la moisson des
bestiaux parce qu’elle est arrachée aux volatiles de la basse-cour et l’épi
rappelle les fruits du travail de la terre. Ce sont les symboles de l’honnêteté
et des gains licites.
Vénus finissant son rôle terrestre dans la Vierge et s’y fixant en quelque
sorte, signifie que, malgré toutes ses modifications altérées, l’attraction, en
principe, demeure honnête, licite et chaste.
*
* *
(1) Les signes du Feu sont : Bélier, Lion, Sagittaire ; les signes d’Air :
Balance, Verseau, Gémeaux ; les signes d’Eau : Cancer, Scorpion, Poissons ; les
signes de Terre : Capricorne, Taureau, Vierge.
(2) Le symbolisme a ses correspondances naturelles. Il doit même les présenter
toujours, sous peine d'être faux. Ainsi Mars est chaud, non seulement comme
dieu, mais aussi comme astre. En effet, les astronomes ont pu calculer que,
malgré que cette planète soit plus éloignée du soleil que la terre, l’eau doit y
bouillir à 45° centigrades et l’atmosphère privée de nuages y entretenir à
l'équateur une température plus élevée qu’ici.
(3) Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Venus, Mercure, Lune étaient les sept
planètes astrologiques.
(4) Cf. Macrobe, Saturnales.
(5) Cf. Dupy, Origine de tous les cultes.
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