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Dans les Livres des Ombres utilisés par Gerald Gardner et ses Grandes Prêtresses, on trouve quelques extraits de textes en français. Parmi ceux-ci il y a, dans le Livre des Ombres d’une Grande Prêtresse Initiée par Gerald Gardner un grand passage de tiré de « Vénus, la Déesse Magique de la Chair » un livre écrit en 1908 par Pierre Piobb.

Vénus, la Déesse Magique de la Chair
par Pierre Piobb

La Prostitution

On comprend alors pourquoi l’hiérodulisme s’est trouvé presque uniquement pratiqué par les femmes.
Aussi les législateurs se sont-ils heurtés au fait de la prostitution féminine. Quand ils se montraient empreints de sagesse comme Solon, ils se sont contentés d’établir des dictérions, réservés aux fidèles de l’amour selon la morale de Vénus, Mais ils se sont soigneusement gardés de couvrir d’opprobre leurs institutions ; ils leur ont, au contraire, donné un cachet quasi-sacerdotal. Ce n’est que plus tard, avec la décadence du culte, que, par suite d’une déviation de l’idée de vertu, la claustration des courtisanes prit un caractère infamant. Il est vrai d’ajouter que, si les femmes des dictérions étaient libres, ce furent des esclaves qui peuplèrent les porneions. Avec l’esclavage, toute la noblesse de la fonction disparut, toute la liberté symbolisée par le Capricorne s’évanouit, la contrainte du trafic engendra nécessairement la honte. L’humanité en vint naturellement à mépriser les malheureuses galériennes de l’amour. Chose curieuse : notre civilisation de liberté, d’égalité et de fraternité n’a pas encore pu se débarrasser de cette plate sociale. La traite des femmes commencée avec l’esclavage, avec l’altération du culte de Vénus, avec l’anthropocratie des religions de spiritualité, existe toujours au XX, siècle.
Les principes logiques de la religion de Vénus établissent nettement le caractère libre et personnel de la prostitution. La forme du sacrement qui confère l’hiérodulismne, tirée de l’interprétation des signes du Verseau et du Cancer, en est la meilleure preuve.
Dans le mythe, le Verseau est le point zodiacal auquel correspond la naissance d’Antéros, fils de la déesse et de Mars, et le Cancer celui où se place la glorification de Vénus par le jugement de Pâris. La naissance d’Antéros représente le plaisir, fils de l’amour ; elle se relie, dans le plan abstrait correspondant et parallèle, au triomphe de Vénus sur Junon et Minerve.
Le Verseau symbolise l’intelligence humaine appliquée à la nature. C’est la science industrielle qui utilise les ressources terrestres et les forces cosmiques. C’est aussi la science amoureuse qui s’ingénie à perfectionner les caresses pour augmenter le plaisir et parfaire le spasme. Le Cancer, d’autre part, c’est l’existence de l’homme, la vie.
Déjà on voit que l’hiérodule doit dépasser en instruction tous les fidèles de Vénus ; qu’il doit aussi se dévouer avec une complaisance sans bornes et qu’il doit enfin consacrer à la déesse sa vie entière. Nous trouverons un hiérodulisme dans toutes les religions, car la logique veut nécessairement que nous rencontrions en chaque hiératisme des croyants qui préfèrent se vouer complètement au service du dieu. Ces croyants sont toujours des hommes qui estiment les biens de l’abstrait supérieurs à ceux du concret.
Ici, cependant, par la forme même de la religion qui est éminemment concrète, et par la coutume que nous avons d’envisager le plaisir et le spasme comme des biens concrets, il nous semble que l’hiérodulisme soit purement matériel. Ce n’est qu’une apparence, et l’on s’en convaincra si l’on veut bien penser que tout hiérodulisme comporte une initiation et que toute initiation conduit vers la spiritualité.
Les prêtresses des temples de Vénus s’adonnaient, certes, avec une fureur sans égale, à la prostitution la plus complète ; mais, en agissant ainsi, elles satisfaisaient précisément aux conditions même de leur religion. Rien ne nous dit qu’au sortir des bras de leurs amants, elles ne se livraient pas à des dissertations savantes sur la Kabbale, la Haute-Kabbale même, dans ce que ces sciences ont de plus élevé ? Les philosophes, en Grèce, fréquentaient volontiers les courtisanes. Etait-ce uniquement pour les plaisirs physiques ? N’était-ce pas plutôt parce que les courtisanes se trouvaient capables de discuter sur la constitution de l’univers ? Comment pourrait-on croire que des spéculateurs aussi hardis et des sages aussi profonds que l’ont été Socrate, Platon, Epicure, Aristippe, Périclès, Sophocle, Diogène même et tant d’autres se fussent plu dans la société de petites femmes ignares et bêtes (1) Nous ne savons pas ce qu’était une courtisane antique, car nous ne possédons plus en Occident d’initiation à Vénus (2).

L’hiérodulisme de Vénus comportait une certaine gloire. La courtisane, représentant en quelque sorte la déesse, s’auréolait de la victoire proclamée par Pâris. Mais elle justifiait le respect dont elle était entourée par sa science profonde des caresses et de leur raison cosmologique. Instruite complètement en amour, elle dépassait toutes les autres femmes par ses raffinements ; initiée aux mystères de l’attraction, elle se distinguait de la masse des croyants par la possession des secrets des rites.
L’histoire n’a-t-elle pas rapporté que plusieurs d’entre les courtisanes passaient pour magicienne et expertes dans la manière de composer les philtres ? Nous savons que la Haute Magie n’est autre qu'une physique oubliée et méconnue qui explique les pratiques des hiératismes (3). Nous savons aussi que les philtres d’amour sont des préparations pharmaceutiques connues ou inusitées qui ont pour but d’augmenter le désir et de parfaire le spasme chez celui qui les absorbe (4), La connaissance de la magie de l’amour suppose nécessairement une initiation et une longue étude. Il est indéniable que les hiérodules recevaient en dépôt certains secrets et qu’elles se trouvaient admises dans les cryptes des temples.


(1) Cf. Athénée, Banquet des savants. – Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres.
(2) En Orient, c’est autre chose : au Japon, par exemple, la courtisane reçoit toujours une instruction supérieure, ce qui est un reste ou une forme d’initiation. - Cf. Gomez Carrillo, Terres lointaines.
(3) Cf. Formulaire de Haute-Magie.
(4) Cf. Dorvault, Officine de Pharmacie pratique.

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!