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Dans les Livres des Ombres utilisés par Gerald Gardner et ses Grandes Prêtresses, on trouve quelques extraits de textes en français. Parmi ceux-ci il y a, dans le Livre des Ombres d’une Grande Prêtresse Initiée par Gerald Gardner un grand passage de tiré de « Vénus, la Déesse Magique de la Chair » un livre écrit en 1908 par Pierre Piobb. 

Vénus, la Déesse Magique de la Chair
Bases de la Religion

par Pierre Piobb

On doit envisager la Religion, sous quelque forme qu’elle se présente, comme un enseignement supérieur complet, divisé en deux parties : l’une, théorique, - la doctrine ; l’autre, pratique, -l’adeptat. Il est du reste constant que, pour appartenir effectivement à une religion, il faille non seulement en adopter les croyances, mais encore en suivre les rites, c’est-à-dire pratiquer.
Les doctrines religieuses comprennent les dogmes et la morale. Les dogmes forment un ensemble de connaissances sur la Divinité, sur le Monde sur l’Homme. La morale indique les devoirs de l’homme envers son dieu, envers ses semblables, envers lui-même, envers aussi les différents plans de « ce qui existe ».
Les dogmes de toutes les religions sont l’expression d’une science très élevée, très pure et la plus secrète qui ait jamais été. Ceux qui la reçurent de leur initiateurs ne la révélèrent point, sinon à quelques rares privilégiés comme eux : nulle part, ils ne la consignèrent par écrit ; à peine osèrent-ils en graver quelques formules a plusieurs sens. Ceux qui, par études personnelles parvinrent peut-être à l’entrevoir se gardèrent toujours de l’exposer complètement. C’est à elle que Lucrèce faisait allusion en s’écriant :
          Felix qui potuit rerum cognoscere causas
C’est la Haute-Science des nombres, des forces et des formes. Elle est uniquement mathématique et, par conséquent, rigoureusement vraie. L’auteur est heureux de l’avoir retrouvée en partie, conjointement avec quelques hardis chercheurs (1). C’est ce qui lui a permis d’écrire cet ouvrage. Celle science est en quelque sorte une métaphysique positive et rationnelle. Elle n’est point fondée sur la dialectique pure et l’hypothèse, commue celle que nous ont léguée les scholastiques, mais sur l’arithmétique, la géométrie et la mécanique. La raison ne peut se refuser à l'admettre (2).
Cette science est néanmoins très élevée. Dans notre siècle, où l'instruction se trouve pourtant si répandue, elle échappe au public. Peu de gens sont assez familiarisés avec les mathématiques pour en saisir toute la finesse. Dans l'antiquité, ce nombre était encore plus restreint. Si donc les vérités supérieures eussent été présentées sous cette forme peu accessible, elles n’auraient pas été comprises. C’est pourquoi le mythe fut inventé. Il est bien plus aisé de retenir la succession des douze travaux d’Hercule que de saisir la théorie du cercle de M. Charles-Henry !
Mais le Mythe peut présenter des aspects presque infinis. De là, la diversité des traditions et la contusion apparente des religions.
Les dogmes, cependant, sont uniques en leur fond. Leurs formes même ne sont pas innombrables. Elles sont, au contraire, très déterminées. Ce sont ces formes que la Haute-Kabbale révélait jadis aux initiés supérieurs.
La Haute-Kabbale peut être considérée comme l’application de la Haute-Science ; elle ne traite pas de la Divinité, mais des formes de cette Divinité ; elle rend Dieu accessible à l’Homme ; elle donne la raison des dieux (3)
Il n’y a donc qu’une Vérité, il n’y a donc qu’une Religion. Mais il y a plusieurs expressions de cette Vérité, plusieurs formes de cette Religion.
De là une plus grande variété de morales. Une morale est un ensemble de lois, une réglementation de la mentalité de l’homme, une direction de sa vie. Elle s'occupe donc particulièrement du concret. Elle n’a pour but que de guider l’évolution de l'être, sans jamais la restreindre. Elle procède de la forme religieuse adoptée et n’a d’autre raison que cette forme même. Elle est, de plus, humaine au premier chef et non divine. Chaque religion a donc non seulement la sienne propre, mais encore peut en avoir plusieurs.  

* 

L’adeptat complète la doctrine. C’est la mise en pratique des dogmes. Il se compose des sacrements et du culte.
Les sacrements représentent d’abord l’ensemble des divers stades par où passe successivement l’adepte et dans lesquels successivement, il se trouve apte à recevoir une instruction de plus en plus grande. Le mot sacramentum signifie serment. Un serment est toujours exigé du candidat à un grade initiatique. Ce serment constitue la matière du sacrement. Quant à la forme, c’est-à-dire au rite suivi, elle est toujours l’expression physique des formules de la Haute-Science. Les formes des sacrements, dans toute religion, varient selon le principe qui constitue la base même de la religion. Cependant, ces formes ne sont pas infinies. Elles se ramènent à un très petit nombre. Ce qui fait que dans plusieurs religions on rencontre des pratiques sacramentelles à peu près semblables. Il n’y a pas, en effet, beaucoup de manières de conférer un sacrement de l’eau : il faut toujours opérer une immersion totale ou partielle, et ce sera toujours un baptême !
Les sacrements constituent ensuite une méthode, à la fois symbolique et réelle, de faire communiquer les adeptes entre eux ou avec le plan divin. C’est la libation, par exemple, qui unit les communiants, au moyen de la coupe unique dans laquelle ils trempent à tour de rôle leurs lèvres. C'est aussi la communion qui rapproche l’adepte de son dieu.
Enfin les sacrements ont pour but de consacrer certains actes de la vie. Tels sont, dans le christianisme, le baptême qui sanctifie la venue au monde de l’adepte, le mariage qui bénit l’union des époux, etc.
Il y a donc trois sortes de sacrements : les initiatifs, les communicatifs et les moraux. De ces trois sortes, la première est absolument indispensable dans une religion, on la retrouve partout, avec même très peu de diversité dans les rites. La seconde n’est que nécessaire et, conséquemment, varie davantage. Quant à la troisième, elle est seulement possible et toutes les religions n’en usèrent point. Le christianisme, qui est plus exotérique qu’ésotérique, dont la forme même ne comporte pas une initiation secrète, a donné une très grande importance aux sacrements moraux, plus considérable même qu'aux sacrements initiatifs. Maie le christianisme est avant tout une religion de la foule.
L’adeptat, outre les sacrements, comprend le culte. Le culte est, à proprement parler, la forme extérieure d’une religion. Il s’étale au grand jour, et même, en quelque sorte, se trouve ouvert à tous, croyants ou incroyants.
On distingue trois sortes de cultes. Le sacrifice d’abord : c’est-à-dire la solennité par laquelle se fait l’adoration du dieu. On le célèbre toujours en public, les fidèles s’unissent au prêtre par leur présence, leurs prières, parfois même leurs chants. Il se constitue ainsi un vortex magnétique qui relie, pour un instant, le plan terrestre aux plans supérieurs (4) L’observance ensuite, qui se compose d’un ensemble de rites particuliers ayant pour objet de sanctifier diverses époques de l’année ou certaines périodes de l’existence. On rangera dans cette catégorie les fêtes publiques et privées, les temps de jeûnes ou d’abstinence. L’observance est voisine de la morale, comme le sacrifice est parallèle aux dogmes. Enfin l’imploration, ou culte personnel, qui se résume en la prière et remplit pour chacun, dans les usages ordinaires de la vie, le même but que le sacrifice solennel.  

*

Telle est en substance, la composition de toute religion.
Il faut prendre garde, cependant, que cet ensemble se présente sous deux aspects : l’un secret, réservé à une élite, que l’on nomme l’initiation, l’autre patent, accessible même aux profanes, que l’on prend généralement pour la religion elle-même.  
C’est faute d'avoir tenu compte de cette dualité que la plupart des érudits sont tombés dans la confusion et l’erreur.
Il ne peut y avoir de religion sans initiation. Il n’y en a pas, d’ailleurs ; quoique les prêtres interrogés l’aient toujours nié. Mais le propre d’une initiation c’est de demeurer insoupçonnée et le premier devoir de l’initié est de nier l’initiation. Si, en effet, l’existence des secrets est connue, chacun voudra posséder ces secrets ; et, si la masse des croyants est admise à les partager, elle ne croira plus. Ces secrets, même les plus intimes, sont ceux de la raison des pratiques religieuses : ils révèlent la partie scientifique du culte et de la morale ; celui qui les apprend perd immédiatement la foi, et, quand il n'est pas préparé, il ne tarde pas à s’écarter de la religion. Il s’écrie qu’on l’a trompé, il ne respecte plus rien ; et, s’il s’arrête là, si son instruction demeure inachevée, il oublie le divin et tombe dans la matérialité la plus bornée, dans l’erreur. Les secrets supérieurs, ceux qui concernent les sacrements et les dogmes, sont encore plus dangereux. Révélés incongrûment, ils peuvent conduire soit à la folie les cerveaux inaptes, soit au mysticisme les âmes enthousiastes, soit aussi à l’immoralité les mentalités faibles.
De tous temps, les prêtres raisonnèrent ainsi. On les accusa de profiter de ces secrets pour dominer les peuples, certains d’entre eux même se laissèrent aller à cette extrémité coupable ; mais, en général, ils furent toujours guidés par des intérêts supérieurs et ils laissèrent dire. L’humanité ne possédait pas encore les moyens d’explication scientifique que le siècle dernier lui a donnés. Elle n’aurait pu comprendre le sens exact des vérités de l’initiation. Il a mieux valu pour elle qu’elle ne les connût pas. Il fallait, du reste, que cela fût ainsi.
Aujourd’hui, les temps sont changés. L'instruction se généralise au point que certaines connaissances, telles celles du mouvement des astres, loin d’être secrètes, sont vulgarisées. On peut hardiment révéler tout ce que les cryptes des temples conservèrent jalousement sous le cadenas du silence. On peut impunément exposer non seulement la science initiatique inférieure, mais encore l’ésotérisme supérieur et même la Haute-Science des raisons et des causes. Nul ne sera tenté de tomber dans l’erreur : la science profane a progressé de telle sorte qu’elle est capable de fournir des preuves rationnelles, positives et expérimentales de ce que les initiés, jadis, comprenaient seulement par intuition.
Un exemple le démontre. La mécanique céleste exige pour le bon fonctionnement de l’univers que tout ensemble formé d’un soleil et de planètes ait un poids déterminé, invariable. Uranus et Neptune, qui participent eu poids total de notre système, sont donc nécessaires. Les savants anciens, qui ne calculaient pas la mécanique céleste à l’aide de nos moyens, mais qui avaient leurs méthodes presque aussi certaines, connaissaient l’existence de ces deux astres. Ils ne la révélaient point cependant. Pourquoi? Parce que s’ils eussent dit à leurs élèves que les planètes ne se bornaient pas au nombre de celles que l’on voit à l’oeil nu, personne ne les aurait crus et leur science aurait été mise en doute. Le télescope n’était pas là pour leur rendre évidente la vérité.
Il en est ainsi de mainte connaissance ancienne. Nous nous apercevons journellement que le patrimoine scientifique de l’humanité ne s’est pas accru par les progrès modernes ; mais nous constatons, avec joie, que ces progrès nous permettent de rendre compréhensibles les données traditionnelles.
En révélant les secrets initiatiques, on dépouille les religions de leur symbolisme, on les ramène à la raison, mais on détruit la religiosité. La religiosité fut utile à des époques où l'instruction était l’apanage d’un petit nombre. Elle a ainsi conservé toute une série de formules qui se fussent perdues sans cela. Elle devient inutile maintenant. Si elle disparait, elle cédera la place au Savoir.
Les temps sont changés, les nouveaux sont venus. Ce que les prophètes ont prédit arrive : l’ère où à la croyance se substitue la certitude commence.
Les mystères des dieux peuvent être expliqués.

(1) Notamment l’ancien élève de l'École Polytechnique E. C., qui a fait de remarquables travaux sur l’Influence électrodynamique des Astres, et le mathématicien Warrain, qui a étudié les Modalités universelles de la quantité.
(2) Cette Haute-Science, c’est, en somme, celle de Pythagore, dont la formule générale consistait dans le Tetractis, - « douze combinaisons résultant de quatre éléments pris trois à trois », ainsi qu’à dit Stephanus : - c’est donc aussi celle de Platon, celle de Zenon. Les anciens pouvaient facilement la pratiquer, parce qu’elle est déductive ; nous l’avons négligée, parce que nous sommes des inductifs. En alliant les deux méthodes, nous devons trouver le plus haut point du savoir auquel l’homme puisse jamais atteindre et donner du même coup un essor colossal au progrès industriel.
(3) On croit généralement que la Kabbale est uniquement la doctrine initiatique des juifs. On attribue son origine aux rabbins Akiba et Ben Yokai ; et on la fait remonter par tradition à l’époque de la captivité de Babylone. En réalité, la Kabbale est antérieure à cette date même : elle est aussi plus universelle. On sait qu’il existe une Kabbale dite occidentale, doctrine initiatique chrétienne que l'on retrouve dans divers auteurs, notamment dans Guillaume Postel et le P. Kircher. On sait aussi qu’il y a une Kabbale extrême-orientale ou chinoise ; on la constate dans plusieurs textes et principalement dans les chroniques de Chi. Si l’on veut bien voir, on la remarque partout.
Il faut donc envisager la Kabbale générale comme l’expression de la Haute-Initiation et le moyen principal de la Haute-Science. Appliquée aux hiératismes, elle se particularise en plusieurs Kabbales restreintes qui empruntent le cachet spécial de chaque religion. On ne peut du reste raisonner d’hiérologie sans connaitre la Kabbale générale : elle donne la clef du symbolisme universel. On ne peut étudier une religion sans tenir comme de la Kabbale restreinte qui s’y applique, sans, en d’autres termes, se préoccuper des moyens kabbalistiques employés par les hiérophantes.
Les juifs ne sont certainement les inventeurs ni de la Haute-Science, ni de la Haute-Initiation, ni, par conséquent, de la Kabbale. Ils sont, du reste, venus d'Égypte où la Kabbale était connue. Mais la forme spéciale de leur religion affecte une allure panthéiste et se trouve ainsi suivre de plus près les schémas-type universels, établis selon les méthodes de la Haute-Science, donc de la Kabbale. On se dispute aisément au sujet de cette question : certains hiérologues modernes tendent à amoindrir l’oeuvre judaïque tandis que d’autres en relèvent volontiers des traces, même là où il n’y en pas. Le judaïsme est analogue à toutes les religions. Son influence n’a été ni plus forte ni plus faible que celle des autres hiératismes : il ne faut ni l’exagérer ni la restreindre.
(4) Cf. Dr Baraduc, La force curatrice à Lourdes.

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!