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Dans les Livres des Ombres utilisés par Gerald Gardner et ses Grandes Prêtresses, on trouve quelques extraits de textes en français. Parmi ceux-ci il y a, dans le Livre des Ombres d’une Grande Prêtresse Initiée par Gerald Gardner un grand passage de tiré de « Vénus, la Déesse Magique de la Chair » un livre écrit en 1908 par Pierre Piobb.

Vénus, la Déesse Magique de la Chair
par Pierre Piobb

Esotérisme du mythe d’Adonis

Cinyras (1), roi de Chypre, eut un jour une fille nommée Myrrha, dont plus tard il s’éprit. De cette union incestueuse naquit Adonis. L’enfant fut élevé par les nymphes dans les grottes de l’Arabie. Quand il fut grand, il alla vivre à la cour de Byblos en Phénicie et charma tout le monde par ses manières et sa beauté. Vénus le rencontra comme il chassait et en tomba éperdument amoureuse. Mars fut jaloux de voir la déesse, qui ne l’avait pas aimé, se livrer ainsi follement aux transports de sa passion. Il suscita un sanglier monstrueux. Celui-ci, dans les forêts du mont Liban, blessa d’un coup de ses défenses le beau chasseur aux parties génitales, lui enlevant ainsi sa virilité. Le sang se répandit en telle abondance qu’Adonis en mourut. Vénus se désola de cette perte et pleura si abondamment que ses larmes, mêlées au sang de son amant, donnèrent naissance à la fleur de l’anémone. Adonis descendit aux enfers. Proserpine le vit et conçut aussitôt à son égard un violent amour. Cependant Vénus avait été trouver Zeus et sollicitait de lui la résurrection du mort. Proserpine, ayant connaissance de ces démarches, s’y opposa formellement ; elle prétendait garder auprès d’elle son nouvel amoureux. Les deux déesses se disputèrent. Alors Zeus, toujours conciliant, décréta qu’Adonis passerait six mois aux enfers avec Proserpine et six mois au ciel avec Vénus (2). Aussitôt les Heures et les Saisons furent envoyées dans le séjour des ombres pour chercher le héros. Ainsi Adonis ressuscita trois jours après sa mort. Depuis, il s’est rigoureusement conformé aux ordres de Zeus, partageant sa vie entre les deux déesses.
Cinyras représente l’initié passé maître ou prêtre. Son nom signifie : celui qui se désole (3). Il est roi de Cypris, l’ile de Chypre. Cypris constitue l’appellation initiatique de Vénus au troisième grade, ce mot sacré symbolise la manifestation de la potentialité attractive sur la terre, qui apparaît surtout dans la floraison et dans l’amour (4). Mais l’amour n’est-il pas la fleur de l’être charnel, comme la fleur est l’amour de l’être végétal ? Si la plante fleurit, n’est-ce pas pour aimer ? Si elle se pare de ses plus belles couleurs, si elle exhale son meilleur parfum, n’agit-elle pas, en somme, comme la femme qui met ses plus beaux habits, qui arrange son visage et orne sa chevelure, et qui répand sur soi des odeurs agréables afin de séduire celui qu’elle aime ? Les moeurs, du reste, ont conservé le geste délicat d’offrir des fleurs à la femme en symbole d’hommage et d’amour.
D’ailleurs, la fille de Cinyras se nomme Myrrha, c’est-à-dire le parfum suave (5). Elle symbolise l’oeuvre du troisième grade, - soit le résultat de la polarisation des fluides dans la cérémonie cultuelle. Le prêtre, en tant que médiateur humain entre les fidèles et le dieu, doit polariser sur l’autel les émanations de la potentialité-dieu. Si celle-ci est, comme dans l’espèce, l’attraction universelle, elle se polarisera en un parfum constituant, en quelque sorte, l’amour terrestre en soi. Comme toute oeuvre est une production de celui qui la crée, ce parfum peut se considérer comme un enfant de l’initié du troisième grade. En ce sens, Myrrha est fille de Cinyras.
Mais Cinyras, ou le prêtre de Vénus, n’est pas parvenu au point initiatique où il se trouve sans passer par les étapes précédentes. Il connait l’amour physique du premier grade et l’amour intellectuel du second. Il a goûté à la volupté et expérimenté la passion psychique. Il ne lui reste plus qu’à ressentir l’amour divin. Or, qu’est-ce que l’amour de la Divinité inconnaissable sinon l’attraction qui unit le créateur à la création, attraction dont le résultat principal est la multiplication de la création même ? Cette attraction, ainsi envisagée, prend l’allure d’un inceste, c’est-à-dire de l’union du créateur avec son oeuvre. Les anciens initiés appelaient d’ailleurs inceste l’opération matérielle de la création (6). Cinyras aime donc sa fille Myrrha, éprouvant ainsi l’amour divin, qui comprend à la fois la passion intellectuelle et la volupté physique. Il opère, alors, le grand oeuvre d’amour, but suprême de l’initiation à Vénus (7).
De cet inceste naît Adonis, personnification de l’amour humain. Ce qui veut dire que celui-ci est un composé des trois sortes d’amours.
Dans le développement du sous-mythe, ou peut donc envisager Adonis soit comme l’amour humain, soit comme l’homme qui aime, soit aussi comme le Soleil. En ce dernier cas, on l’élèvera à la dignité d’un dieu secondaire (9).
De toute façon, cependant, l’épisode de l’union de Vénus avec Adonis représente l’incarnation et la passion de la déesse. Les mythes de chacun des dieux envisagent toujours ces deux phases. Dans la première, le dieu descend sur la terre et se mêle à l’humanité ; c’est l’humanisation ou, si l’on veut aussi, l’incarnation de la potentialité. Elle a comme résultat une déception pour cette même potentialité. En effet, celle-ci, en s’unissant A l’humanité concrète et matérielle, subit les nécessités de la contingence ; elle ressent, forcément, la gêne et la douleur. De là la seconde phase : la passion du dieu.
Aussi voit-on Vénus, heureuse d'abord de posséder Adonis, se désoler ensuite quand son amant meurt.
Le mythe solaire se développe de la façon suivante : Cinyras est roi de Chypre au signe du Bélier. On sait que ce signe s’oppose à celui de la Balance, laquelle a, en astrologie, un rapport étroit avec la planète Vénus et que cette dernière a sans doute été appelée de ce nom par confusion avec la déesse. On sait aussi que, dans l’institution anthropocralique du mariage, le mari se considère comme le seigneur de sa femme. Cinyras, du Bélier, s’unit à sa fille Myrrha (10) au signe suivant, au Taureau. Il leur nait un fils aux Gémeaux, symboles des enfants. Celui-ci est élevé par les Naïades, nymphes des eaux, au signe du Cancer, qui a trait à l’élément Eau. Il passe ensuite à la cour de Byblos, sous le signe royal du Lion. Il y charme tout le monde sous celui de la Vierge, représentation de la beauté naturelle. Il inspire une violente passion à Vénus quand il arrive à la Balance. Un sanglier enfin l’attaque au Scorpion.
Le Scorpion s’oppose au Taureau, dans le Zodiaque, de manière à ce que, sur l’horizon, quand un de ces signes se lève à l'est, l’autre se couche à l’ouest et réciproquement. Par conséquent, quand le Scorpion se couche, le Taureau se lève et avec lui la constellation de la Grande Ourse, ou sanglier d’Erymanthe, s’avance dans le ciel. La planète Mars est, astrologiquement parlant, en corrélation avec le signe du Scorpion. D’où l'instigation de la bête féroce par ce dieu (11), dont la jalousie, inopinée, n’intervient là que comme une raison plausible.
Le héros est blessé aux parties génitales. Le signe du Sagittaire qui suit le Scorpion symbolise, on l’a vu, l’ardeur génésique. Il meurt ensuite sur le mont Liban. Le Capricorne, en effet, représente, parmi les lieux géographiques, les hautes cimes où fréquentent les chèvres. La déesse se désole et pleure abondamment au Verseau. Elle va trouver, en dernier lieu, Jupiter, qui, comme astre, correspond, d’après les astrologues, au signe des Poissons. Mais ce signe est à la fois celui de l’anéantissement, donc des enfers, où Adonis séduit Proserpine, et celui de la résurrection (12).
On remarquera que les Poissons sont le troisième signe après le Capricorne. On voit comment, par figure, le mythographe a pu dire qu’Adonis ressuscita trois jours après sa mort.
Dans ce sous-mythe, l’antagonisme de Vénus et de Proserpine symbolise l’opposition entre l’attraction et l’inertie, entre l’Etre et le Non-Etre et aussi, uranographiquement, entre les signes zodiacaux supérieurs (du printemps et de l’été) et les signes zodiacaux inférieurs (de l’automne et de l’hiver) (13). Comme le Soleil passe dans chacune de ces deux moitiés de l’écliptique alternativement six mois, on comprend le jugement de Zeus qui enjoint à Adonis de se trouver un semestre avec Vénus et l’autre avec Proserpine.

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Le sous-mythe d’Adonis se greffe en quelque sorte sur le mythe principal de Vénus. Dans le culte public, il arrivera même à le supplanter. La raison en est que tout culte, pour être public, doit présenter un caractère essentiellement humain. La masse des fidèles profanes ne peut saisir que ce qui est à sa portée. Les amours de Vénus avec Adonis étant humaines et constituant l’incarnation de la déesse, seront donc une base excellente pour le culte public. De plus, Adonis, dans le développement du mythe principal, apparait au signe du Bélier ; son identification avec le Soleil sera simple et ses fêtes pourront facilement s’adapter à l’évolution de l’année terrestre (l4).
Dans l’initiation, il n’en sera pas de même. Adonis demeurera à son rang d’amant épisodique de la déesse. Il sera l’homme possédé d’amour qui n’échappe pas à la mort et que la fatalité frappe même souvent dans ses organes génitaux. Il sera aussi l’amour humain qui se termine avec la mort et qui cesse quand les moyens de l’exprimer physiquement n’existent plus. Mais il sera surtout le grand oeuvre d’amour que poursuivra l’initié de troisième grade.
Le développement de tout grand oeuvre est analogue à l’opération du Soleil, disaient avec justesse les alchimistes. Il fallait donc que le développement du grand oeuvre d’amour suivit pas à pas le sous-mythe d’Adonis. Mais l’initié, en ce cas, se livrait à des travaux personnels qui le conduisaient immanquablement aux Grands-Mystères et même à la Haute-Initiation. Tout grand oeuvre est uniquement scientifique ; il n’a qu’un faible rapport avec l’hiératisme.
L’enseignement du troisième grade de Vénus devait consister dans le développement des moyens pour parfaire ce grand oeuvre. Mais le rituel des cérémonies devait logiquement se reporter à l’interprétation symbolique des signes du Bélier et du Taureau, auxquels correspond ce troisième grade.
Le récipiendaire était introduit dans le temple tendu de noir, parmi tous les initiés la tête rase et coiffé d’un diadème orné de cornes. Quelqu’un faisait le simulacre de l’attaquer et de le blesser d’un coup de corne aux parties génitales. Peut-être même lui tirait-on un peu de sang de l’aine. Il s’étendait ensuite sur le pavement pour figurer la mort d’Adonis, et aussitôt les assistants se mettaient à pleurer et à gémir en lui jetant des fleurs (15).
On se conformait ainsi au symbole du Bélier, qui est tondu, puisque, dans le sous-mythe particulier à ce signe, sa toison d’or fait l’objet d’une conquête. On suivait également la reproduction de l’épisode du mythe.
La statue de la déesse de ce grade était alors coiffée du diadème orné des cornes du Taureau et l’on apprenait au récipiendaire que, selon les données de l’astrologie, la planète correspondant à la déesse Vénus avait un rapport avec ce signe également.
La devise de ce grade devait être, sans doute aussi, passivité et travail, à cause de la docilité des ovidés et du labeur des bovidés. D’ailleurs la passivité était nécessaire à l’initié pour entrer en communication avec l’attraction, qui est passive. Quant au travail, il devenait indispensable du moment qu’on voulait officier d’une façon fructueuse dans les cérémonies où l’attraction universelle jouait le rôle d’agent cosmique.
La blessure d’Adonis et la figure du Taureau, qui était coupée au milieu du corps et ne représentait que l’avant-train, indiquent que ce grade impliquait une chasteté rigoureuse. Du reste, dans le sous-mythe du héros, ne voyons-nous pas Vénus et Proserpine continuer à l’aimer malgré son accident ? Car si Zeus l’a rendu à la vie, il ne lui a nullement rendu ses organes endommagés. Cette chasteté était utile au prêtre, qui voulait s’élever vers les régions supra-matérielles où les exigences de la chair ne doivent plus exister. On sait que, dans tous les ésotérismes, les initiés parfaits, c’est-à-dire ceux du troisième degré, sont chastes. Il leur faut, en effet, abaisser constamment leur matérialité, la mortifier si l’on veut, pour pouvoir hausser leur âme sur les plans supérieurs de l’abstraction.

(1) C’est par erreur que l’on a écrit quelquefois Cyniras ou lieu de Cinyras ; les deux noms n’ont pas la même signification.
(2) Zeus, dit certaine tradition, aurait fait juge du différend entre les deux déesse la muse Calliope. Les muses faisant partie du mythe d’Apollon, cette tradition doit donc avoir une origine cabirique et provenir, par conséquent, de l’initiation aux Grands Mystères. Calliope, en grec, signifie le verbe de beauté, et en initiation supérieure on enseigne que la Divinité inconnaissable n’opère que par le Verbe. Cf. St-Jean, Evangile.
(3) Du verbe grec signifiant se désoler.
(4) Comparer le mot latin cuprum ou cyprium (cuivre). Les anciens alchimistes disent que le cuivre est le métal correspondant à la planète Vénus ; ils l’expriment par le même signe idéographique.
Les mythologues modernes se sont demandé si le nom de Chypre venait de l’appellation de Vénus-Cypris ou si la déesse avait été ainsi désignée à cause de l’Ile. Cf. Charles Ploix, De la nature des Dieux. Cf. pour les correspondances des astres avec les métaux, plantes, couleurs, etc., Cadet de Gassicourt et Baron du Rouhe de Paulin, L’Hermétisme dans l’Art héraldique.
(5) La myrrhe est une résine parfumée. Les alchimistes appellent gomme, dit Pernety, « une partie de leur composé et colle précisément qui doit engendrer Adonis ou l’or philosophique. »
Cf. Pernety, Fables égyptienne, et grecque, dévoilées.
(6) Cf. Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique.
(8) Cf. Ovide, Métamorphoses (X). Le poète fait observer que Cinyras ne s’unit pas volontairement à Myrrha. C’est celle-ci qui. éprise de son père, conjure sa nourrice de le lui faire connaître. La nourrice la conduit alors dans la chambre de Cinyras, à la faveur de l’obscurité, en disant au prêtre : « Voilà une jeune fille qui t’aime, prends-la, elle est à toi. »
Ce détail a son importance. Il indique d’abord l’exigence de l’amour humain, que chacun subit même contre sa volonté. Il symbolise ensuite la nécessité de la création du grand oeuvre d’amour. L’initié du troisième grade ne peut se refuser à l’accomplir. La nourrice représente les initiés qui l’ont aidé à parfaire son oeuvre. Ce sont eux qui l’aident encore à consommer son grand oeuvre. Les alchimistes voient là une méthode et une formule.
Cf. Pernett, Fables égyptiennes et grecques dévoilées. - P. Arnaud, Le livre des figures hiéroglyphiques de Nicolas Flamel. – Abraham le Juif, Synopsis philosophiae orientalium. -  Lepelletier de Rouen, Clef du grand oeuvre.
(9) C’est la porte ouverte sur l’hérésie.
(10) Rapprocher de Myrrha le dieu Mithra, qui correspond au Taureau.
(11) En admettant, ce qui est logique, une confusion voulue entre l’astre et le dieu.
(12) Les tombeaux des martyrs chrétiens dans les catacombes de Rome portent souvent gravé l’idéographisme du signe des Poissons. L’ésotérisme de la religion du Christ le considère comme le symbole du jugement dernier et de la résurrection des morts.
(13) Cf. Macrobe. Saturnales. – Dupuy, Origine de tous les cultes.
(14) C’est emploi l’hérésie de la religion de Vénus fut constituée par le culte d’Adonis.
 (15) Cf Ovide, Métamorphoses. – Plutarque, Vies des hommes illustres. – Meursius, Groecia feriata.

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!