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Dans les Livres des Ombres utilisés
par Gerald Gardner et ses Grandes Prêtresses, on trouve quelques extraits de
textes en français. Parmi ceux-ci il y a, dans le Livre des Ombres d’une Grande
Prêtresse Initiée par Gerald Gardner un grand passage de tiré de « Vénus, la
Déesse Magique de la Chair » un livre écrit en 1908 par Pierre Piobb.
Vénus,
la Déesse Magique de la Chair
par
Pierre Piobb
L’attraction et l’existence
Il fallait nécessairement que l’attraction s’unit à l’existence relative pour
qu’elle entrât dans le domaine du concret.
Cette union, du reste, est stérile. Elle maintient un équilibre instable et ne
produit aucun résultat. L’attraction demeure unie par la loi immanente à
l’existence, mais elle tend constamment à échapper à cette union. Elle est
fluidique, éthéréenne ; elle maintient un instant les cellules en cohésion, mais
c’est tout. Au moindre choc, il y a désagrégation, d’où maladie et mort. Et
cette union n’a d’autre conséquence.
III
Aussi le principe évolutif
s’en empare-t-il. Le principe évolutif concret, c’est Mars, un dieu supérieur,
mais de second ordre. Il est émané du négatif seul. La Divinité inconnaissable
n’a point établi d’évolution concrète. Celle-ci est seulement une apparence pour
nous. Elle est la conséquence du passif. Nous la subissons. Sur les plans
supérieurs, même ceux qui ne sont pas encore divins, il n’y a pas d’évolution,
il y a seulement mouvement. Mais nous ne comprenons, dans le concret, que
l’évolution ; la tendance vers l’infini se présente à nous sous cet aspect. La
Divinité inconnaissable ne l’a donc point créée.
L’évolution a, comme conséquence, l’effort, la lutte, le struggle for life.
Mars, est le dieu de la guerre.
L’évolution s’empara de l’attraction ; elle la détourna, pour ainsi dire, de ses
devoirs. Ce n’est pas en effet Vénus qui va trouver Mars, c’est, au contraire,
le dieu qui fait la conquête de la déesse. L’évolution est un principe positif,
un principe mâle, selon l’expression des alchimistes anciens. Dans le plan du
concret, elle prend l’attraction et s’y unit.
L’attraction trompe donc l’existence avec l’évolution : il y a adultère,
c’est-à-dire altération. En effet, l’attraction se trouve liée à l’existence par
des lois normales : si elle quitte l’existence pour s’unir à l’évolution, ce ne
peut être un abandon complet. Dans le mythe, Vénus demeure mariée à Vulcain,
mais elle le trompe. Cependant elle ne déserte pas la couche conjugale, puisque
c’est précisément sur cette couche que l’adultère avec Mars se consomme.
L’union de l’évolution et de l’attraction est irrégulière. L’évolution, qui est
une apparence, use momentanément de l'attraction. C’est ainsi qu’elle ne
produira qu’un résultat passager et éminemment concret : le plaisir, ou Antéros.
Il est à remarquer que, dans ce premier adultère, Vénus n’est pas amoureuse,
mais éprouve une joie. L’attraction subit l’union de l’évolution, comme elle
subit celle de l’existence. Cependant, cette union irrégulière, sans provoquer
la sensation supérieure de l’amour, excite néanmoins le plaisir.
La distinction de l’amour et du plaisir et de toutes les catégories d’amours et
de plaisirs est le point le plus admirable de la métaphysique du mythe. L’amour
s’en dégage comme l’aspiration psychique vers les plans divins, la vibration à
l’unisson des vibrations supérieures cosmiques, l’abandon pour un instant dans
les abîmes du néant sensoriel. Le plaisir ressort, au contraire, rumine
l’aspiration matérielle, nerveuse, vers les plans terrestres, la vibration à
l’unisson des vibrations des fluides de notre astre. Toute la morale du culte se
fondera sur cette distinction.
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