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Dans les Livres des Ombres utilisés
par Gerald Gardner et ses Grandes Prêtresses, on trouve quelques extraits de
textes en français. Parmi ceux-ci il y a, dans le Livre des Ombres d’une Grande
Prêtresse Initiée par Gerald Gardner un grand passage de tiré de « Vénus, la
Déesse Magique de la Chair » un livre écrit en 1908 par Pierre Piobb.
Vénus,
la Déesse Magique de la Chair
par
Pierre Piobb
Triomphe de
l’attraction.
X
Ici se
place l’épisode de la pomme d’or gagnée par Vénus au mariage de Pelée et de
Thétis. Cet épisode, comme celui qui lui succède et qui a trait à la guerre de
Troie, constitue dans ses développements un mythe secondaire.
Éris ou la Discorde n’est ni une potentialité ni une puissance. C’est un fait.
Elle est exclue du concert des potentialités qui ne peuvent être brouillées
ensemble. Quand Pelée, l’homme fait du limon de la terre, se marie avec
Thétis, c’est-à-dire celle que les conditions de l’espace (Nérée) ont
placée sur sa route, et que les noces se célèbrent sur le mont Pélion ou de
fange, toutes les potentialités sont invitées, mais la Discorde est
bannie. C’est dire que lorsque se conclut son union avec une compagne armée,
l’homme invoque les potentialités composantes de la Divinité et repousse le fait
de la Discorde.
Ce fait n’en demeure pas moins latent. Une circonstance le met du reste, en
évidence, du moins dans ses résultats. Au milieu du cercle des potentialités
convoquées à cette union, un fruit d’or, c’est-à-dire un produit de la terre
très évolué, constitue cette circonstance matérielle déterminée par la fatalité
évolutive (1). Ce fruit symbolise en raccourci la terre. Il doit appartenir à
une potentialité considérée comme la mieux équilibrée dans sa forme,
c’est-à-dire reconnue comme la plus belle. En l’espèce, cependant, sa possession
représente non la domination sur la terre entière, mais seulement la
prépondérance dans le mariage humain. Celle des potentialités qui se trouvera la
plus belle et l’obtiendra en prime aura la prépondérance sur toutes les autres.
Le mythographe a soin de ne faire concourir que trois potentialités : Vénus,
Junon et Athéné-Minerve. Encore désigne-t-il cette dernière sous le nom de
Pallas. Pallas était un géant père de l’Aurore : c’était un géant fils du Ciel
et non de la Terre. Il personnifie une de ces essences suprêmes d’où les
éléments constitutifs procèdent. Aussi il a engendré l’Aurore, la lumière
primordiale, l'Aôr des Hébreux. Toutes ces essences, dans les mythes, sont
tuées, ou remplacées, par des potentialités, dieux ordinaires, grands ou petits.
L’essence dont la lumière est faite a été tuée par le principe intellectuel,
Athéné, la fleur des êtres, émanation directe de la Divinité,
laquelle s’est ensuite si bien substituée à cette essence qu’elle en a adopté le
nom. C’est dire que le moi supérieur, la mens, remplace pour les humains
l’essence de l’Aôr., qu’elle est la lumière de l’âme, qu’elle éclaire et élucide
toutes les connaissances, qu’elle constitue le moyen d’acquérir la philosophie,
la science, et de pratiquer l’art.
Quelle sera donc, dans ce mariage concret et terrestre, de Vénus, l’attraction
universelle, ou de Junon, le principe passif général, ou de Minerve, la mens
humaine, celle qui prédominera ? Ce mariage, conclu avec le concours de toutes
les potentialités, supérieures et inférieures, aura-t-il pour guide
l’intellectualité, la matérialité (réalisation concrète du passif) ou
l’attraction simple ?
Il y a hésitation, conflit même. Le fait de discorde se réalise.
Pâris, ou le principe génératif, est choisi comme juge. De toute évidence, il
est le plus intéressé à la question. Il dédaigne les offres des potentialités.
Dans le mariage, peu lui importent la domination territoriale et les richesses
pécuniaires : on s’aime bien tout en étant pauvre ! De la science suprême, la
connaissance universelle. Il n’en a cure : on s’aime bien tout en demeurant dans
l’ignorance ! Même la beauté l’indiffère : est-ce que la beauté, qui pourtant
provoque, sinon l’amour du moins le désir, compte pour beaucoup dans
l’attachement ? Pâris n’écoute que ses sentiments, c’est-à-dire ses besoins.
Principe de génération, seule l’attraction doit le guider dans le mariage
humain. Il donne la pomme à Vénus (2).
Dès lors, sur la terre, le conflit s’établit en maitre. L’union des êtres
humains, fondée uniquement sur l’attraction, provoque la réaction de la
matérialité et de l’intellectualité. Perpétuellement, les mariages des hommes
trouveront en opposition à leur amour les difficultés matérielles de l’existence
et la différenciation des deux intellectualités. C’est la misère de notre monde
et de notre race que raconte la guerre de Troie. Ce mythe est par conséquent le
plus humain des anciens mythes, le plus réaliste, le plus près de nous ; il
demeure dans toutes les mémoires, et le mythographe qui l’a conté passe de
génération en génération à la postérité. La puissance de l’oeuvre est telle que,
confusément et inconsciemment, ses lecteurs sentent qu’elle synthétise toute la
vie humaine. Un volume entier suffirait à peine pour eu faire ressortir toute la
splendeur de construction mythique, toute la hauteur des conceptions
métaphysiques exprimées, toute la profondeur de la science qui voile
l’allégorie.
La guerre de Troie a pour cause l’union adultère du principe génératif et de
l’intelligence humaine personnifiés par Pâris et Hélène. Dès que la
préoccupation génésique s’empare de la raison, celle-ci s’altère et sème autour
d’elle le trouble. Les trois potentialités qui se disputaient la direction du
mariage se retrouvent sur le champ de bataille. Tandis que la matérialité et
l’intellectualité luttent pour séparer la raison de la préoccupation génésique,
l’attraction s’efforce au contraire de maintenir cette union.
Le combat est long il est semé de péripéties diverses. En fin de compte, la
raison sera ramenée dans son droit chemin, son ascension vers les plans de
l’absolu.
(1) L’or symbolise le Soleil, donc le cosmos solaire. Un fruit d'or sera par
conséquent un produit terrestre envisagé au point de vue du cosmos solaire.
(2) La scène du jugement de Pâris se place sur le mont Ida ou domaine de
l’idée. Comparer aussi le verbe latin iduo qui signifie partager et qui passe
pour être d’origine étrusque.
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