La Pierre Sorcière

Ces mystérieuses cartes sont aujourd’hui très employées pour la divination par les occultistes. On dit aussi qu’elles contiennent des secrets mystiques et magiques, pour ceux qui savent les voir.
Avant de connaître leur popularité actuelle, les tarots furent utilisés par les gitans et par leurs compagnes régulières de malheur et d’infortunes : les sorcières.
Grillot de Givry dans son « Pictorial Anthology of Witchcraft, Magic and Alchemy » (University Book, New York 1958) montre qu’en France en tout cas et probablement ailleurs sur le continent, les cartes de Tarots faisaient partie de la panoplie des sorcières de villages. Avant la mode des Sociétés de voyants, les dames de la bonne société qui souhaitaient qu’on leur dise leur avenir, allaient en secret consulter la sorcière dans sa maison délabrée.
Plus tard, la place fut prise par des tireuses de cartes élégantes comme Mademoiselle Le Normand et Julia Orsini. La première est connue pour avoir tiré les cartes pour Napoléon et Joséphine.
On ne sait pas quand les tarots sont arrivés en Angleterre, mais il y a des textes prouvant qu’ils furent importés d’Europe avant 1463.
Comme les gitans ont depuis longtemps eu des tarots avec eux lors de leurs voyages, de nombreuses personnes pensent que les tarots viennent des gitans. C’est pourquoi on appelle parfois les Tarots les « Tarots des Bohémiens ». D’autres mettent cette idée en doute en disant que ces cartes étaient connues en Europe avant que les gitans n’y soient arrivés en provenance de l’Est. En général on pense que les gitans sont arrivés en Europe en 1417, les Cartes de Tarots étaient déjà connues avant cela. Certains spécialistes des gitans disent qu’ils étaient en Europe avant cette date, l’énigme demeure et personne ne connaît vraiment l’origine des Tarots.
Les gitans eux-mêmes affirment voir dans les dessins figurant sur les cartes la triste histoire de leur errance et des persécutions qu’ils ont subies. Ils sont originaires d’Inde et leur langue le rom a des liens avec la langue parlée en Inde. En Inde et en Extrême-Orient en général ainsi qu’au Tibet il y a de magnifiques cartes à jouer très raffinées. Au Tibet, avant de passer sous la domination de la Chine Communiste, les cartes étaient produites non seulement pour le jeu, mais on y trouvait une imagerie liée à la religion tibétaine. Mais même ainsi, les cartes de Tarots peuvent être utilisées pour le jeu et on s’en servait aussi ainsi autrefois, leur signification est bien sûr plus profonde que cela.
Il y a eu des artistes payés pour peindre de magnifiques jeux de Tarots pour le divertissement des rois et de la noblesse et quelques rares exemples de telles cartes sont encore conservés dans les musées. On trouve aussi des jeux de cartes anciens plus simples et à l’aspect étrange datant du début de l’imprimerie, destinés à être vendus aux classes populaires. Ces cartes imprimées à partir de gravures sur bois ont souvent un certain charme. Pour qu’elles restent planes, ces vieilles cartes étaient conservées dans de petites presses miniatures lorsqu’on ne s’en servait pas.
Les cartes de Tarots sont les ancêtres de nos cartes à jouer. Comme elles, les Tarots ont quatre suites mais ils ont aussi une cinquième suite, les atouts ou Arcanes Majeures et c’est sur ces cartes que figurent les dessins mystiques. Dans ces Arcanes Majeures il y a vingt-deux cartes et quatorze cartes dans chaque suite, de l’As au 10 ainsi qu’un chevalier en plus des habituels Valet, Dame et Roi. Il y a donc 78 cartes dans un jeu de Tarots normal. Mais on trouve aussi des Tarots augmentés comme le Minchiate de Florence qui compte 97 cartes. Il y a aussi des Tarots réduits comme le Tarot de Bologne qui ne comporte que 62 cartes.
Notre jeu de cartes à jouer a écarté tous les Atouts sauf le Fou qui a survécu sous l’apparence du Joker. Les quatre chevaliers ont aussi disparu. Les cartes ont maintenant deux têtes de manière à avoir la même apparence dans les deux sens pour qu’il soit plus facile de jouer. Les cartes de Tarots et de nombreuses cartes à jouer anciennes ne sont pas comme cela mais sont de véritables petits tableaux.
Dans les cartes à jouer, les symboles des suites ont aussi été simplifiés par rapport aux Tarots. Les quatre suites du Jeu de Tarots sont les Bâtons, les Coupes, les Epées et les Deniers ou Pentacles (c’est à dire un disque avec un sigil magique dessus).
Les gitans ont leurs propres noms pour les quatre suites. Ils les appellent Pal (le Bâton), Pohara (la Coupe), Spathi (l’Epée) et Rup (le denier). Pal peut avoir la même origine sanscrite que le « phallus ». Pohara rappelle le mot celte « pair » ainsi que le mot qu’emploient les gitans anglais « pirry » les deux signifiant chaudron. Spathi a peut être la même racine que le mot espagnol « espada » et le mot français épée. Rup est proche du mot qu’emploient les gitans anglais « ruppeny » qui signifie argent et bien sûr du rupee (roupie) Indien.
Ce qui est particulièrement significatif avec ces suites c’est qu’elles symbolisent les quatre Armes Elémentales ou outils magiques. Le Bâton, la Coupe, l’Epée et le Pentacle ou leurs équivalents se retrouvent sur l’autel de tout magicien opératif. En général le Bâton représente le feu, la Coupe l’eau, l’Epée l’air et le Pentacle la terre.
Plus encore, on peut trouver une correspondance entre les quatre emblèmes des Tarots et les Quatre Trésors des Tuatha De Danann, la race divine des Gaels, qui sont arrivés dans l’ancienne Irlande, il y a de très nombreux siècles comme nous le racontent les légendes celtes. Cette race divine résidait dans quatre villes mystiques, Findias, Gorias, Murias et Faias et de chacune de ces villes, ils ont ramené un trésor. Il y avait la Lance flamboyante de Lugh, le Chaudron du Dagda, l’Epée de Nuada et la Pierre de Fal, connue sous le nom de Pierre du Destin car les anciens rois irlandais étaient couronnés sur cette pierre. On raconte que c’est avec la véritable Pierre du Destin qu’on a fait le trône de couronnement de l’Abbaye de Westminster. Ce que sont devenus les trois autres trésors demeurent un mystère.
Plus tard, dans les romans du Graal les quatre Talismans réapparaissent dans un autre mythe. Ils deviennent la Lance d’où goutte du sang, la Coupe du Graal elle-même et l’Epée et le Bouclier portés par le chevalier dans sa quête.
Pour ceux qui étudient la Kabbale, il y a les quatre lettres du Nom Divin, le Tétragrammaton. Tout le Tarot peut, en fait, être arrangé pour représenter l’Arbre de Vie Kabbalistique. Les vraies attributions kabbalistiques des Cartes de Tarots sont demeurées longtemps un secret jalousement gardé, par la fraternité occulte connue sous le nom d’Ordre de L’Aube Dorée et ce n’est qu’à une époque relativement récente que le Dr Francis Israel Regardi a publié ces informations précisément et dans leur ensemble (The Golden Dawn par Israel Regardi, 2ème édition, Hazel Hill Corporation, U.S.A. 1969).
Aleister Crowley a publié un ouvrage très élaboré sur le Tarot intitulé : « The Book of Thoth » (édition privée de l’Ordo Templi Orientis, Londres 1944). Sa version est toute personnelle et les anciennes cartes ont été adaptées pour correspondre à ses propres conceptions magiques.
Pamela Colemena Smith a retravaillé les dessins de A.E. Waite et en a fait un Tarot très populaire. Les cartes sont dessinées dans un esprit Art Nouveau. Waite faisait partie de l’Aube Dorée et, malgré son serment de secret, il a placé de nombreuses subtilités dans ses dessins en accord avec les attributions données aux cartes par le célèbre Ordre Magique.
Les séries numérotées des Arcanes Majeures ou Atout des Tarots sont ainsi : Le Jongleur, la Prêtresse (ou Papesse), l’Impératrice, l’Empereur, le Pape, les Amants, le Chariot, la Justice, l’Ermite, la Roue de la Fortune, la Force, le Pendu, la Mort, la Tempérance, le Diable, la Tour, l’Etoile, la Lune, le Soleil, le Jugement, le Monde et la carte non numérotée le Fou.
Les images et les personnages qu’elles montrent sont étranges et énigmatiques. Des occultistes de diverses écoles ont écrit des milliers de mots pour les interpréter, certains sont avisés, d’autres non.
Le Tarot est un livre sans mot. Il parle avec le langage universel du symbolisme. Il est chez lui tout aussi bien dans la caravane de la gitane, dans la cabane de la sorcière ou dans le magnifique temple privé du magicien cérémoniel. On peut s’en servir pour dire la bonne aventure ou au niveau des Grands Mystères. Certains font remonter son origine à l’Egypte Antique, les Tarots demeurent un des vrais secrets et étonnement du monde.
Les sorcières en tout cas voient dans le Tarot une relation avec leurs propres traditions. Leur Dieu Cornu est représenté (surtout sur les vieux Tarots) sur la carte appelée le Diable. La Déesse de la Lune est la Prêtresse. L’Ermite peut être vu comme étant la Sorcière accomplie, marchant sa route dans l’anonymat en portant la lanterne du savoir. La Roue de la Fortune est aussi la Roue de l’Année, également divisée par les Grands et Petits Sabbats. Le Pendu peut être interprété par la sorcière comme il l’est par les gitans, c’est à dire le symbole de la souffrance et la persécution. La carte appelée le Monde décrit la nature dans sa perfection, nue et joyeuse etc.
Pour la divination, le Tarot peut souvent être étonnamment précis et dans d’autres occasions refuser de parler. Dans tous les domaines psychiques tout dépend des dons de celui qui devine et des conditions du moment.

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!