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Jeter des Sorts peut être Amusant

par Tom Moore in Evening Argus, du mercredi 14 juin 1989

La sorcellerie semble assez sinistre pour la plupart des gens, mais étonnamment, elle a un côté plus léger.
Vous ne devineriez jamais que Doreen Valiente, qui habite à Brighton, est une sorcière. Elle a un sourire qui lèverait tout soupçon.
Elle a été initiée en sorcellerie en 1953 par Gerald Gardner, l’homme qui est le principal responsable du renouveau de l’ancien culte en Grande-Bretagne.
Elle a été membre d’un coven à Londres pendant de nombreuses années et en est finalement devenue sa Grande Prêtresse.
« Je prends l’ancienne religion très au sérieux. » Insiste-t-elle. « Mais je ne me prends pas moi-même trop au sérieux. Le faire est fatal. Nous devons tous rire de nous-mêmes.
Laissez-moi vous raconter un de mes premiers sorts. J’étais plutôt jeune et plutôt stupide et j’avais terriblement envie de porter des chaussures en peau de crocodile — aujourd’hui j’ai plus de pitié pour les pauvres crocodiles.
De toute façon, le cuir de crocodile était extrêmement cher et bien au-delà de mes moyens, alors j’y ai longuement réfléchi et j’ai trouvé un sort.
Après avoir pratiqué le rituel approprié, j’avais une folle envie d’aller dans une brocante précise.
J’y suis allée et dans la vitrine, il y avait une paire de chaussures en peau de crocodile qui me faisait les yeux doux. Merveilleux, ça a marché, je me suis dit. Mais elles n’étaient pas de la bonne taille! »
Mais, Doreen connaît aussi le côté sérieux de la sorcellerie. Elle a dit : « Il faut très prudent avec la magie.
Tout va dans le sens de la nature, pas contre elle. Les sorts fonctionnent mais vous ne pouvez demander que ce qui est possible. »
Qu’en est-il des nombreux mythes de la sorcellerie, tels que les chapeaux pointus, les chaudrons qui bouillonnent et les balais ?
« Eh bien, oui, il y a du vrai dans tout cela », a dit Doreen. « Le chapeau pointu représente le cône de pouvoir que nous essayons de générer lors de nos rituels.
Les sorcières de Macbeth autour du chaudron sont intéressantes parce que leur formule « Feu, brûle et chaudron, bouillonne » est très similaire aux authentiques incantations des sorcières.
Notez qu’elles n’invoquent pas Satan, mais Hécate, la Déesse de la Sorcellerie.
En effet, nous, les sorcières, ne croyons pas en Satan. Nous laissons cela aux chrétiens. Nous croyons aux dieux de la nature et parce qu’il y a des hommes et des femmes dans le monde, nous croyons à la fois en un Dieu et en une Déesse.
Je dis toujours que si vous voulez trouver le mal, vous n’avez pas besoin d’inventer un Satan. Tout ce que vous avez à faire est de vous regarder dans un miroir. Car ce qu’il y a de mal dans le monde est en nous.
La nature elle-même doit être bonne. Du moins je l’espère, sinon nous sommes tous dans de sales draps. Parce que la nature est là où nous sommes coincés. »
Et les balais ?
Elle a dit : « Oui, ils sont parfois utilisés lors des rituels pour chasser les influences négatives, mais les sorcières ne se déplacent pas dessus. Les bus sont très bien pour ça!
J’ai peur de ne n’avoir aucun pouvoir de guérison moi-même, mais je connais de nombreuses sorcières qui en ont. Je me souviens d’avoir vendu à l’une d’elles un rhume pour un centime.
C’est ce qui s’est passé. J’avais un terrible rhume et j’avais l’impression d’agoniser. Je devais participer à une émission de radio le lendemain et je ne voyais pas comment j’allais m’en sortir.
Une sorcière (un homme) que je connaissais m’a dit qu’il pouvait résoudre mon problème. Il m’a donné un centime et a ensuite commencé à faire des nœuds sur un morceau de ficelle. La ficelle a « attrapé mon rhume » et il l’a jetée.
Que plus jamais je ne bouge de ce siège si je mens, mais je vous jure que mon rhume avait complètement disparu le lendemain matin. »
Donc, si les sorcières peuvent guérir les rhumes et les verrues, peuvent-elles aussi les donner à des gens qu’elles n'aiment pas ?
Doreen a dit : « Oui, elles le peuvent, mais elles ne le font pas, parce que faire des choses déplaisantes aux autres vous fait vous sentir mal vous-même. C’est pareil, quelle que soit la religion à laquelle vous croyez ou même si vous ne croyez en rien.
On me demande souvent de jeter ce genre de sorts. Je me souviens qu’on m’a demandé une fois de rendre malade la belle-mère de quelqu’un - pas la faire mourir, juste la rendre malade. Bien sûr, j’ai dit que je ne le ferais pas.
Mais je dois admettre que j’ai un secret inavouable. Il y a quelques années, je participais à un pique-nique au château de Cadbury dans le Somerset. C’est censé être le site de Camelot.
À côté de nous, il y avait un grand nombre de yuppies avec un chien indiscipliné.
Ils ont laissé le chien courir et il est venu gâcher notre nourriture et renverser le thé. Au lieu de s’excuser, ils ont ri.
Il faisait beau, le ciel était bleu, mais immédiatement un nuage noir est apparu au-dessus de nos têtes. Mon ami et moi avons couru jusqu’à la voiture et sommes montés à bord juste au moment où la pluie a commencé à tomber.
Les yuppies furent complètement trempés et je dois avouer que je n’ai eu aucun regret.
Que ce soit par magie ou juste une coïncidence, je ne saurais le dire. Mais il est clair que le site de Camelot est un lieu mystique et non l’endroit où vous devriez vous amuser à lancer des sortilèges.
Si ça s’était passé il y a quelques centaines d’années et que quelqu’un en avait été témoin, j’aurais été bonne pour le pilori. »
Doreen Valiente a écrit de nombreux livres sur la sorcellerie. Son dernier, « The Rebirth of Witchcraft » publié par Robert Hale est sorti cette semaine. 14,95 £.

Les païens font leur grand retour
Le paganisme, qui remonte à l’Age de Pierre, est en train de devenir la nouvelle religion, affirme Doreen.
Vous n’avez qu’à voir l’énorme mouvement de la soi-disant pensée écologiste pour comprendre mon point de vue », a-t-elle dit.
« Cependant, lorsqu’il s'agit de jeter des sorts, ce que vous pensez vouloir pourrait ne pas être ce que vous voulez », prévient Doreen.
Et elle cite l’expérience d’une autre sorcière à qui on a demandé d’aider une jeune femme en détresse pour qu’elle retrouve l’amour de l’homme de ses rêves.
La sorcière a créé un charme que la femme devait porter autour du cou - et l’amant est revenu.
Mais, un mois plus tard, la femme est revenue voir la sorcière et lui a demandé de jeter un sort pour se débarrasser de l’amant, qui finalement ne correspondait pas à ce qu’elle espérait.
 

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