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Gerald Gardner et le Fantôme
par Alasdair MacGregor version française Tof
L’autre
jour, le Dr. Gerald Gardner et son épouse Donna m’ont raconté quelque chose
d’inhabituel. Au passage, Gerald est une autorité en matière de sorcellerie, un
sujet sur lequel il a beaucoup écrit. Il est aussi le directeur du Musée de la
Magie et de la Sorcellerie – le Moulin des Sorcières – à Castletown, sur l’Ile
de Man, et comme il le rappelle si facilement et fréquemment, il est aussi une
sorcière opérative !
Lors de l’automne 1956, alors que Gerald et une amie pratiquaient un rite de
sorcellerie dans sa maison située au 77, Malew Street à Casteltown, l’amie, que
nous appellerons mme A, a observé une femme étrange qui pénétrait dans la pièce
où ils étaient. Cette pièce avait jadis été une grange. Sa porte est étroite et
est décorée d’une décoration ancienne en fer forgé que Gerald y a fixée
lui-même. Elle avait été protégée de toute intrusion par un vieux verrou. J’ai
compris, de ce que m’a expliqué Gerald, qu’il ne doit pas y avoir d’interruption
lors des rites !!
Mais il y a bel et bien eut une interruption ! Mme A a vu quelqu’un entrer, elle
a pensé que la porte avait été laissée déverrouillée par erreur. Mais cela lui
semblait curieux puisque la concentration nécessaire à la pratique de la magie
de cette sorte impliquait le verrouillage habituel et automatique de cette
porte.
« Une femme vient de rentrer ! » a dit mme A toute surprise. « Est-elle des
nôtres ? »
Ne croyant pas que qui que ce soit ait pu entrer dans ces circonstances, Gerald
a regardé dans la direction indiquée par mme A et il a vu quelque chose comme la
silhouette brumeuse et transparente d’une femme. Il lui a semblé, alors qu’elle
glissait vers le bord du cercle magique tracé sur le sol avec l’athamé (le
couteau des sorcières), qu’elle était de couleur bleu gris. Comme tous les deux
en ont convenu plus tard, elle leur a semblé charmante à tous deux pendant
qu’elle se déplaçait autour du périmètre du cercle. Puis, soudain, elle a
hésité, mais juste un moment.
La pièce où cela s’est passé est rectangulaire. Le diamètre du cercle avait
exactement celle de la largeur de la pièce – onze pieds. Là où le cercle
touchait les murs de chaque côté (où, en d’autres termes, les deux murs les plus
longs étaient tangents au cercle), la silhouette diaphane, incapable d’avancer
parce qu’elle ne pouvait pas pénétrer dans le cercle, fut obligée de disparaître
momentanément à travers le mur pour réapparaître quelques pas plus loin, là où
elle pouvait continuer son circuit à l’extérieur du cercle.
Même si tous les deux ont clairement vu la silhouette disparaître dans le mur
puis réapparaître un peu plus loin, ils ont décidé de ne pas laisser cette
intrusion les distraire de ce qu’ils faisaient. Lorsqu’elle a atteint le mur au
coin à droite de l’endroit où elle avait déjà dû passer deux fois, elle a fait
une pause pendant plusieurs secondes pour observer la pratique du rite, elle
avait l’air d’approuver et d’être intéressée, puis elle a disparu dans le mur.
Plus tard, comparant ce qu’ils avaient vu, Gerald et mme A. ont constaté qu’ils
avaient tous les deux eut envie de questionner l’intrus. Mais elle a disparu
avant qu’ils n’aient pu le faire. Ils ont eu l’impression que la silhouette,
consciente de leurs intentions, a disparu promptement.
Quelques semaines plus tard, Donna Gardner est descendue de sa chambre comme
d’habitude pour préparer le traditionnel thé matinal. Alors qu’elle passait dans
le salon pour aller dans la cuisine, elle a allumé la lumière et a vu une femme
aux cheveux clairs avec une robe légère bleu gris, assise sur une chaise à côté
du feu. Il faut préciser que le salon était exactement comme il avait été laissé
la veille – dans les ténèbres, les rideaux toujours tirés.
Une femme inconnue était assise, pensivement, calmement, ses mains croisées sur
ses genoux, la tête un peu penchée d’un côté alors qu’elle se radossait. Donna a
observé la personne sur la chaise pendant une minute ou deux avant de réaliser
qu’elle ne la connaissait pas. Elle semblait tellement à sa place que Donna n’a
jamais eu l’impression d’être surprise de sa présence ici.
Donna est allée à la cuisine, située à quelque pas du salon, aucune porte ne
séparait les deux pièces. Elle a allumé la bouilloire. Lorsqu’elle a eu préparé
les tasses et les soucoupes, elle a pensé qu’elle devait aussi proposer une
tasse de thé à cette personne présente de si bon matin. Et pourquoi pas ? Elle
est donc retournée au salon pour lui demander si cela la tentait – hélas ! la
chaise était maintenant vide. Rien dans la pièce n’avait été déplacé. La chaise
était bien rangée là où elle avait été laissée la veille au soir.
Lorsque Donna a décrit à son époux le visage, la robe et le teint de la personne
qu’elle avait vue si clairement dans le fauteuil, il a instantanément reconnu le
fantôme qui, quelques semaines plus tôt, avait assisté, sans y être invité, au
rite des sorcières.
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