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Gerald Gardner et le Retour
Contemporain de la Sorcellerie
Né en juin 1884, Gerald Gardner fut un enfant asthmatique dont l’éducation a été largement confiée à une nourrice irlandaise dont les fessées lui ont laissé, tout au long de sa vie, le goût d’être flagellé. Son père était un marchand de bois de construction, riche mais excentrique, il avait par exemple l’habitude d’enlever tous ses vêtements au moindre signe de pluie et de s’asseoir en dessous jusqu’à ce qu’elle cesse. Gardner a beaucoup voyagé durant son enfance et sa jeunesse, particulièrement aux Canaries et en Afrique du Nord. Il a aussi développé une obsession pour les couteaux, probablement liée à son sadomasochisme. Il a occupé un certain nombre de professions dont planteur de caoutchouc et agent des douanes et lorsqu’il a pris sa retraite en Angleterre à l’âge de 52 ans en 1936, il a pratiqué le naturisme et est devenu membre de la Folk Lore Society. Il s’est aussi intéressé au spiritisme. Il a acquis une célébrité assez soudaine à l’âge de soixante-dix ans avec la publication en 1954 de « Witchcraft Today » qui « révèle » qu’il y a toujours de nombreux covens dans le pays. (Theda Kenyon a dit à peu près la même chose en 1931dans « Witches Still Live », mais ça n’avait pas intéressé grand monde. Un avant propos de Margaret Murray a donné au livre de Gardner un certain prestige – même si à cette période elle subissait elle-même des attaques pour ce qu’elle disait de « l’Ancienne Religion » et sur sa persistance au cours des siècles. Gardner soutenait la théorie de Murray et précisait que la sorcellerie, celle qui était largement pratiquée aujourd’hui, était surtout une inoffensive religion de la fertilité. Ce qui excitait les journalistes et qui lui a fait gagner le titre de « roi des sorcières », c’était qu’il ait admis être membre d’un coven et les allusions qui suivirent rapidement voulaient que ces covens pratiquent des rites sexuels incluant des flagellations rituelles (inévitablement), le quintuple baiser (lorsque la Grande Prêtresse embrasse le Prêtre sur les lèvres, la poitrine et le sexe) et le Grand Rite où le Prêtre et la Prêtresse copulent devant le coven. Gardner est décédé dix ans plus tard, peu avant son quatre-vingtième anniversaire, à bord d’un bateau au large de l’Afrique du Nord. Il avait un musée de la sorcellerie à Casteltown sur l’Ile de Man qui fut repris par une sorcière nommée Monique Wilson assistée de son époux. Ce musée avait été fondé par Cecil Williamson qui en a créé un autre plus tard à Boscastle en Cornouailles. Comme Mathers et Crowley, Gardner était quelque peu original, il portait parfois un kilt et affirmait que son arbre généalogique remontait jusqu’à Simon le Gardinor en 1379. Dans le Who’s Who des Auteurs et Ecrivains de 1963 il est décrit comme docteur en philosophe et en littérature. Comme il a été éduqué par sa nourrice et qu’il a dit à son biographe Jack L. Bracelin qu’il avait appris à lire tout seul en feuilletant des numéros de Stand Magazine lors de ses voyages, il n’a clairement jamais été à l’université. La liste des membres de la Folk Lore Society mentionne aussi une Maîtrise en Arts, mais sur un document que Gardner a lu devant le Folk Lore Society sur le développement de l’artisanat de la pêche sur l’Ile de Man il n’ait pas fait état de publication antérieure. Le journaliste Frank Smyth, qui a écrit sur Gardner admet qu’il ne sait absolument pas si Gardner a inventé le culte des sorcières contemporain ou s’il s’est contenté de révéler son existence. Avec l’abrogation des lois anglaises contre la sorcellerie en 1951, la sorcellerie a fini d’être illégale, cette loi avait été utilisée au vingtième siècle à l’encontre de médiums soupçonnés de fraude. On a découvert récemment quelques traces de covens de sorcières en Angleterre avant Gardner. Mais cinq ans après la publication de « Witchcraft Today » il y en avait des douzaines et au milieu des années 1960 il y en avait probablement des centaines en Angleterre et en Amérique – on peut trouver des photos d’hommes et de femmes nus dansant en cercle ou pratiquant des rituels avec des épées dans tous les livres illustrés parlant de sorcellerie publiés depuis 1975. Gardner insiste pour dire que les sorcières doivent être considérées comme des descendantes modernes des druides. « Est-il possible pour les sorcières de faire du mal aux gens ? » a-t-il demandé et il a répondu : « Tout ce que je peux dire c’est que je n’en connais pas qui ait essayé. Je ne connais aucun sortilège pour cela… » Ce n’est pas très honnête. Si – comme il le dit – les sorcières ont le pouvoir de soigner, alors il semble aussi logique que ces pouvoirs puissent être utilisés pour faire le contraire. Dans « Witches Still Live » Theda Kenyon – qui insiste aussi pour dire que la sorcellerie est surtout « blanche » - mentionne également le cas de la sorcière d’Aberdeen qui était toujours appelée lorsque qu’un enfant ou le bétail tombaient malades et dont on n’avait jamais dit qu’elle avait fait du mal. Un jour elle a perdu son sang froid lorsqu’un homme l’avait chassée de sa propriété, elle a ensuite jeté un sort sur ses cinq enfants – mais elle ajoute rapidement : « Il faut noter que ce mauvais sort était une forme de représailles, ce n’est pas elle qui a ouvert les hostilités ». T.C. Lethbridge, un des plus écrivain éminent contemporain parlant du paranormal, n’a plus eu aucun doute sur la nocivité de la magie noire lorsque sa voisine – une sorcière du Devon – lui a dit qu’elle envisageait de jeter un sort à un fermier voisin avec qui elle avait un litige, il lui a dit que le sort pouvait lui revenir. En fait, le bétail de deux autres fermiers du voisinage est tombé malade et la « sorcière » est morte dans des circonstances qui laissaient penser à un meurtre. Dans l’encyclopédie « Man, Myth and Magic », un photographe nommé Serge Kordeiv décrit comment il est devenu membre d’un coven comme ceux décrits par Gardner et comment soudain sa chance s’est accrue après avoir rejoint le groupe puis comme la malchance s’est acharnée lorsqu’il a décidé de quitter le groupe. Un ami journaliste, Colin Cross, m’a parlé d’une expérience similaire. Il avait interviewé une sorcière britannique bien connue pour un article et il a fait quelques commentaires sarcastiques sur l’argent qu’elle gagnait en vendant des potions d’amour. La sorcière lui a dit qu’elle l’avait maudit. Pendant les six mois suivants la malchance s’est acharnée et tout allait de travers. Pour Crowley ou Mathers cette question aurait semblé naïve. Pour eux la magie signifie faire usage de certaines forces naturelles par l’entraînement de la volonté, ainsi elle peut être utilisée pour maudire aussi facilement que pour soigner ou bénir.
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