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Avec l’Aide de la Haute Magie
Chapitre  XVI - Dans le Grand Cercle
par Gerald
Gardner  version française Tof  & Xavier

 
Le message avait été envoyé à la ferme et les frères Bonder sont arrivés à temps pour le souper. Tout le monde était tendu et excité, les astres étaient favorables et cette nuit ils allaient participer à la grande expérience, entrer dans le grand cercle.
Par une échelle, on accédait à un grenier entre le premier étage et le toit. Thar avait décidé que ce serait là le meilleur endroit, ainsi lui et Morven avaient passé de nombreuses heures à balayer les toiles d'araignées et les années de poussière qui s’étaient accumulées, puis à récurer. Comme l’heure approchait, Thur a dit aux deux frères: « Cette nuit, tout dépendra de vous deux. Vous êtes venus ici en bravant la colère de votre mère quand elle le découvrira, ne gâchez donc pas ce que je fais pour vous. »
Jan avait l’air perplexe. « Que voulez-vous dire ? » demanda-t-il timidement.
« Je pense à l’aventure du grand cercle, il ne faudra pas faire d’erreur car je vais libérer de puissantes forces et c’est dangereux.
- Comment est-ce possible, Thur ? N’êtes-vous pas un mage ? Ne commandez-vous pas aux esprits par votre savoir mystique ?
- Mon savoir mystique, comme vous l’appelez, ne fera que la moitié de la chose. J’ai appris les rites et les incantations, mais je n’ai encore jamais pratiqué l’art. Quand tout est dit et fait, c’est l’esprit seul qui accompli réellement les merveilles et cette merveille en particulier. »
Jan regardait et se sentait éreinté, il murmura: « Je ne vous comprends toujours pas.
- Lorsque je parle des pouvoirs de l’esprit, je pense à la maîtrise de soi... le pouvoir d’être concentré fixement et sans relâche sur l’objet de ton objectif, provoquer la chute de Fitz-Urse, la prise du château, et par cela retrouver tes terres, tes titres et tes rentes. Tu ne dois penser qu’à cela et à rien d’autre, Jan. »
Jan a ri, vraiment soulagé de constater qu’il ne lui en était demandé que si peu après des avertissements aussi solennels. « Ce n’est pas très difficile, » a-t-il répondu sans trop réfléchir. « Je ne pense qu’à ça, jour après jour. »
Thur trouva cet excès de confiance plus qu’inquiétant. « Jour après jour, ce n’est pas suffisant, ces petites pensées n’ont pas grand-chose à voir avec une concentration réelle de la pensée. Ces petites pensées sont communes à tous les hommes, tu dois faire beaucoup plus que cela, ce qui te sera demandé c’est d’y penser avec une intensité frénétique pendant au moins une heure et ne pas laisser ta pensée divaguer ne serait-ce qu’un seul instant pendant tout le temps où nous serons dans le cercle, ni laisser la moindre pensée parasite pénétrer ton esprit. Ce n’est pas facile ... visualiser le château jusqu’à croire que tu le voies réellement devant toi. »
Jan l’a regardé avec curiosité. « Je peux le faire, je le vois aussi clairement que le clocher au milieu de village un jour de beau temps, je vois la mer qui arrive à ses pieds et les mouettes qui crient autour de ses remparts. Oh oui, je le vois bien.
- C’est bien mais il faudra le voir quand le moment sera venu et toi aussi Olaf. Ce que j’ai dit à Jan est aussi vrai pour toi, mon garçon. Tout ceux qui entrent dans le cercle avec moi pour m’aider, doivent m’aider en pensant comme il se doit, ils doivent me donner de la force et donc augmenter mon pouvoir, car si une seule personne dans le cercle laisse errer ses pensées et oublie ce que nous sommes en train de faire, ne serait-ce qu’un instant, cela m’affaiblira et nous empêchera donc d’atteindre notre but mais en plus, cela nous mettra aussi tous en grand danger.
En danger ? » s’est exclamé Jan surpris.
« Oui, mon garçon, nos vies seraient en danger.
- Dans quelle mesure ?
- D’être foudroyé, » a dit Thur brutalement. « Rien n’est plus rapide qu’un esprit pour détecter une faiblesse chez un mage ou un relâchement des pouvoirs qui le commandent. Car je dois commander le pouvoir de guerre et de vengeance. Il n’est pas intrinsèquement mauvais mais ce pouvoir est dangereux s’il n’est pas contrôlé. L’esprit ne viendra jamais de son plein gré, je peux lui ordonner de venir, et le faire en le séduisant et en l’aveuglant, en le mystifiant et grâce à des encens odorant, car les tous esprits aiment les encens liés à leur nature. Puis, lorsque j’aurai son écoute il faudra que je lui commande par le pouvoir des noms sacrés et ainsi je le contraindrais à obéir à ma volonté. Mais s’il sent la moindre faiblesse chez le mage, ou chez n’importe quelle personne présente, il se rebellera tout de suit et désobéira, et son pouvoir s’opposera à notre volonté. Cela pourrait finir par nous détruire tous. Si vous faites le moindre écart lorsque vous construisez un barrage pour alimenter un moulin, les eaux emprisonnées peuvent s’échapper et détruire à la fois le barrage et vous-même. Pourtant l’eau ne vous veut pas de mal, et elle travaillera volontier pour vous si vous la contrôlez. Alors, n’oubliez pas que les esprits peuvent agir de même lorsque nous les laissons faire. Notre faiblesse est leur force. Si nous perdons le contrôle, cela peut aboutir à notre destruction.
- Mais pourquoi ne travaillent-ils pas pour nous de leur plein gré ? » a demandé Morven.
« Chers enfants, nous pourrions aller à eux avec le chapeau à la main et leur demander, ils pourraient peut-être œuvrer pour nous. Mais rappelle-toi, nous devons d’abord entrer en contact avec eux et la seule façon que nous connaissons pour le faire est de les piéger, aveugler leurs yeux et leur esprit, et parler jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus voir autre chose que nous ni entendre d’autres sons que ceux sortant de notre bouche. Ne seriez-vous pas en colère si, disons, un troupeau de moutons vous entourait et vous forçait à travailler pour eux, en vous y contraignant, en vous bousculant et vous mordant ? Je dois invoquer l’esprit par la force et utiliser de plus en plus de force jusqu'à ce qu’il arrive, bon gré mal gré, et tout ce que je peux offrir en retour ce sont des odeurs agréables, de la courtoisie et du respect. Alors souvenez-vous, j’ai besoin de votre volonté à m’aider, toutes vos forces et les images mentales que vous aurez fixées dans votre esprit, parce que notre force combinée est leur faiblesse et c’est ainsi que nous pouvons les forcer à obéir. »
Intimidés, tous ont répondu : « Nous allons le faire, Thur.
- Merci. Je n’en demande pas plus, Montons à l’étage et remercions Dieu d’être avec nous. » Avec une certaine sobriété, à cause des grandes choses qui les attendaient, ils ont gravi l’escalier jusqu’à la chambre où se trouvait la baignoire, chaque homme portant un seau d’eau chaude qu’ils ont mélangés avec l’eau froide qui était déjà dans la baignoire.
Thur s’est déshabillé et a exorcisé l’eau : « Je t’exorcise, Ô créature d’eau, pour que tu chasses loin de toi toutes les impuretés et souillures des esprits du monde des fantasmes, pour qu’ils ne puissent me nuire. Par la vertu de Dieu tout-puissant, qui règne depuis les siècles des siècles. Par les noms de Mertallia, Musalia, Dophalia, Nuemalia, Zitanseia, Goldaphaira, Dedulsaira, Gheninairea, Geogropheira, Cedahi, Gilthar, Godieb, Ezoiil, Musil, Grassil, Tamen, Puri, Godu, Hoznoth, Astroth, Tzabaoth, Adonai, Asia, On, El, Tetragrammaton, Sherna, Ariston, Anaphaxeton, Segilaton, Primaneuraton. Amen. »
Puis il s’est lavé soigneusement tout en disant : « Purge-moi, Ô Seigneur, avec l’hysope et je serai pur. Lave-moi et je serai plus blanc que neige. »
Puis il a pris le sel et l’a béni en disant: « Que les bénédictions du Père Tout-Puissant soient sur cette créature de sel. Que toutes malignités et entraves en soient chassées et que toutes les bonnes choses puissent y pénétrer, voilà pourquoi je te bénis pour que tu puisses m’aider. Amen. »
Il a versé ce sel exorcisé dans l’eau et s’est lavé à nouveau en disant : « Imanel, Arnamon, Imato, Memeon, Vaphoron, Gardon, Existon, Zagverimn, Momerton, Zarmesiton, Tilecon, Tixmion. Amen. »
Alors que l’invocation s’achevait il est sorti de l’eau, s’est séché et a enfilé un vêtement de lin blanc immaculé.
Pendant tout ce temps, Jan s’est docilement concentré sur Fitz-Urse et son château, mais l’attention d’Olaf était fixée sur Morven qui était entrée dans le bain et pataugeait. Puis Thur a versé de l’eau sur elle en disant solennellement : « Je te conjure, Ô créature qui est  une jeune fille, par le Dieu Très-Haut, le père de toutes les créatures, par le Père Elohim, le Père Elohim Gebur et par le Père Elion, pour que tu n’aies ni la volonté ni le pouvoir de me cacher quoi que ce soit et que tu me sois fidèle et obéissante. Amen. »
Puis il lui a versé de l’eau dessus en disant : « Sois régénérée, nettoyée et purifiée, pour que les esprits ne puissent ni te nuire, ni demeurer en toi. Amen. »
Puis il a demandé aux frères Bonder de se déshabiller et d’aller tout les deux dans la baignoire. Ils ont obéi en silence, en regardant discrètement Thur tout en se frottant vigoureusement le corps. Thur sourit devant ce récurage, jamais les deux frères ne s’étaient lavés aussi consciencieusement.
Prenant de l’eau dans la baignoire il l’a versé sur leur tête et l’a fait couler en cascade sur tout leur corps en disant à chaque fois : « Sois pur et régénéré, nettoyé et purifié au nom du Dieu ineffable, grand et éternel de toutes vos iniquités, que la vertu du Très-Haut descende sur toi et demeure éternellement sur toi pour toujours, ainsi tu auras le pouvoir et la force de vaincre les désirs de ton cœur. Amen. »
Quand ils sont sortis de l’eau ils se sont séché, totalement soumis devant l’étrangeté de cette insistance solennelle et inhabituelle sur la purification. Thur leur a désigné deux vêtements de lin blanc immaculé et leur a fait signe de les enfiler, puis il a dit : « Il est nécessaire que vous portiez ces talismans sur la poitrine et il a accroché un pentacle de fer pour Mars autour du cou de Jan et un mince disque d’or battu pour le Lion au cou d’Olaf. Morven avait déjà le sien, le pentacle de Jupiter en argent. Chacun de ces pentacles avait été gravé de signes kabbalistiques adaptée à son esprit gouvernant. Sur sa poitrine Thur a ensuite suspendu trois des pentacles de fer qu’il avait fait pour Bartzebal ainsi que son talisman personnel de Mercure fait en laiton. Il a recouvert les pentacles de Bartzebal avec un mouchoir. Il a ensuite encensé ses trois disciples et lui-même, puis il a à nouveau encensé les talismans sur leur poitrine et sur la sienne en disant : « Voilà les talismans et pentacles, parfumés avec les fumigations appropriées, avec eux nous sommes assurés et encouragés à entrer là sans peur ou terreur et nous n’aurons à craindre ni périls et ni dangers à condition que vous obéissiez à mes ordres et fassiez tout ce que j’ordonnerai. Tout se passera selon mes désirs. »
Après un moment de silence, il reprit la parole. « Jan et Olaf, vous aurez besoin de vos épées, Morven a son athamé. Lorsque vous serez dans le cercle, tenez votre arme dans votre main droite. » En parlant il a attrapé la lanterne allumée et s’est tourné pour monter à l’échelle menant au grenier au-dessus. Ils l’ont tous suivi. La lanterne éclairait faiblement la grande pièce. Thur alluma une grande bougie sur l’autel placé au centre du grand cercle, en disant : « Je t’exorcise, Ô créature de feu, au nom du Seigneur souverain et éternel, par son nom ineffable qui est JHVH, par le nom Jah et par le nom de pouvoir qu’est El, pour que tu éclaires le cœur de tous les esprits que nous pouvons appeler dans ce cercle, afin qu’ils puissent apparaître devant nous sans fraude ni tromperie, par lui, qui a créé toutes les choses. »
Puis en se déplaçant dans le sens du soleil, il a allumé d’autres bougies autour du cercle. Quand il eut terminé l’éclairage était doux et régulier. Pendant ce temps Morven l’avait suivi et avait allumé le charbon de bois dans les braseros placés aux quatre points cardinaux et y a mis de l’encens. Alors que les bougies étaient allumées on voyait mieux les détails de la pièce : de grandes poutres de chêne partaient du sol et allaient jusqu’au sommet du toit, dans l’ombres des brins de paille du toit de chaume, et ressemblaient à des doigts crochus. Les signes kabbalistiques tracés à la craie sur des poutres, lorsqu’on les découvrait, frappaient l’esprit avec toute la force d’un coup physique en raison de leur mystère et de l’horreur qu’ils pouvaient impliquer.
On pouvait maintenant voir les marques du grand cercle et tous ses détails compliqués. En tout il y avait quatre cercles. Celui à l’extérieur, un cercle double, faisait 4 mètres 50, un second avait été tracé à 30 cm et un troisième à nouveau à 30 cm. Ainsi, le cercle intérieur avait 3 métres 30 de diamètre. A l’extérieur du grand cercle, mais ils le touchaient, il y avait des braseros et aux points cardinaux quatre petits cercles doubles de 30 cm de diamètre. Un triangle a été tracé au sud en dehors du cercle. Une porte a été marquée dans le grand cercle en traçant deux lignes parallèles à 60 cm l’une de l’autre, partant du cercle extérieur et allant jusqu’au cercle intérieur.
Les trois disciples attendaient son bon plaisir. Thur a donné à Morven un encensoir et un panier de l'encens. Dans sa main droite, elle tenait son athamé, elle tenait la poignée du panier accrochée à son avant bras. Jan a reçu un puissant parchemin et une flasque de parfum, Olaf a reçu un stylo, du parchemin et une petite corne d’encre, qu’il tenait en plus de son épée, en prenant bien soin de ne rien laisser tomber.
Pendant ce temps Thur, debout au centre du cercle, tourné vers l’est, s’est signé en disant : Atoh, Malkus, ve Geburah, ve Gedulah, le Olam. » Puis il est allé du côté est du cercle et a dit : « Je vous convoque, vous éveille et vous appelle vous puissances de l’est, pour garder ce cercle. Il a ensuite fait cette même proclamation aux puissances du sud, de l’ouest et du nord, tour à tour. Puis, avec la pointe de son épée consacrée, il a tracé chaque ligne du grand cercle tout en soulevant soigneusement la pointe de son épée en forme d’arc à chaque fois qu’il passait sur la porte, ainsi le cercle restait inachevé à ces points.
Puis il a écrit les noms de pouvoirs entre les cercles. Au sud-est, il a écrit JHVH (Jéhovah), au sud-ouest AHIA, au nord-ouest ALVIN et au nord-est ALH. Dans le cercle intérieur, il a écrit, à l'est AL, au sud AGLA, à l'ouest JA et au nord ADNI. Le tout en lettres hébraïques. Des pentacles ont été tracés entre ces noms sur la circonférence du cercle.
Une fois tout cela fait, Thur est allé à chaque brasier, en commençant à l’est et en se déplaçant dans le sens du soleil, il a éventé les charbons, suivi par Morven qui a jeté dessus de l’encens d’aloès, de la muscade, de la gomme allemande et du musc. Devant l’autel il y avait un grand brasier qui fut maintenant allumé et on y a versé de l’encens.
Thur est sorti du cercle par la porte, suivi par Morven, il a ensuite rassemblé ses disciples et les a conduits à l’intérieur du cercle. Il a fermé la porte en terminant les lignes inachevées de la pointe de son épée tout en disant : « Agla, Azoth, Adonaï », et il a tracé trois pentacles pour garder la porte. Puis, en assignant à chacun des disciples une place, Thur a dit : « A Chaque fois que je me déplacerai vous me suivrez d’un bon pas et malheur à celui qui sortira du cercle, car je vais appeler des forces puissantes. »
Ce discours a eu raison des frères Bonder, l’espace était si limité qu’il était difficile de se déplacer dans le cercle, leurs pieds semblaient gigantesques, maladroits et presque collés aux plancher. Olaf a jeté un regard de protestation muette au mage, mais il avait déjà commencé à entonner une prière d’un ton riche et sonore.
Zanah Zamaii, Pindamon très puisant, Sidon très fort, El, Yod, He, Vau, He, lah, Agla. Aidez-moi, moi un pécheur indigne qui a eu l’audace de prononcer les noms sacrés, des noms que personne ne doit prononcer et invoquer sans se mettre en très grand danger. Ainsi j’ai utilisé ces noms les plus saints, en prenant des risques pour mon âme et mon corps. Pardon si j’ai péché de quelque façon que ce soit car j’ai confiance en votre protection. Amen. »
En priant ainsi il a à nouveau encensé tout le monde puis s’est encensé lui-même. Il était maintenant minuit. Dans tous les braseros les tisons rougeoyaient et d’épais nuages de fumée parfumée montaient jusqu’à la chaume et le long des poutres en dessinant des formes fantastiques, leur étrangeté était encore accrue par l’éclairage venant de dessous émis par les brasiers, ainsi le grenier semblait être peuplé d’êtres fantastiques venant d’un autre monde. Thur se tenait devant l’autel, tourné vers l’est et a dit d’une voix très forte : « Ô vous, esprits, je vous en conjure par le pouvoir, la sagesse, et par la vertu de l’esprit de Dieu, par la grandeur de Dieu, par le nom sacré de Dieu. EHEIEH.
Sur l’autel il y avait le dernier des quatre pentacles qu’il avait fait pour Bartzebal. Il y avait aussi les cordes, le tissu noir et d’autres choses dont il aurait besoin pour l’opération. Prenant ce pentacle, il l’a attaché avec une corde et l’a enveloppé avec un tissu. Il a ensuite fait le tour du cercle en marchant dans le sens du soleil, suivi des autres, à l'ouest il a baptisé le pentacle avec de l'eau consacrée, en disant: « Ô créature de fer, je te consacre à la place de ton maître, je te nomme Bartzebal. Tu es Bartzebal. » En disant cela il l’a encensé dans la fumée parfumée du brasier, attisant la flamme pour qu’elle s’élève, puis il a placé le pentacle par terre à l’ouest puis, debout, la pointe de l’épée sur le pentacle, il a dit d’un ton incisif : Moi, Thur Peterson, j’évoque ici le grand esprit Bartzebal pour qu’il vienne m’aider, pour que Jan Bonder ici présent retrouve sa rang, ses terres et ses honneurs. »
Prenant le pentacle il l’a placé sur l’autel et appela trois fois :
« Bartzebal viens, Bartzebal viens, Bartzebal VIENS. Viens pour aider Jan Bonder, pour que ses désirs s’accomplissent. »
Thur a annoncé avec une conviction intense : « Bartzebal VA APPARAITRE. »
Les yeux de Jan guettaient frénétiquement l’approche de Bartzebal, s’attendant à voir une apparition effrayante d’une immense force martiale, sans doute annoncée par un coup de tonnerre assourdissant. A son grand soulagement rien de tout cela n’est arrivé. Seule la voix familière et rassurante de Thur s’est fait entendre à nouveau, il évoquait à nouveau l’esprit : « Viens, Ô Bartzebal, par IOD le nom indivisible de Dieu, par le nom Tétragramme Elohim, par El, fort et puissant, par le nom Elohim Gibor, merveilleux, je te conjure par le nom, ELOTH VA DATH. »
Il y a eu ensuite une courte pause comme si l’univers tout entier attendait ces grands noms et retenait son souffle. La respiration de Jan semblait s’être éteinte dans sa poitrine et elle paraissait ne plus vouloir repartir. Il a humidifié ses lèvres desséchées avec sa langue et regarda son frère.
Olaf, ses yeux clairs et brillants, avait le regard rivé sur le visage de Thur en une adoration émerveillée, son vêtement blanc, avec ses beaux cheveux rejetés vers l’arrière de sa tête ressemblaient aux pétales d’une hyacinthe et ce culte de gloire l’illuminait, il émanait de lui une sorte de rayonnement intérieur comme le feu dans le cœur d’un diamant, il ressemblait à un archange, il ne manquait plus que la splendeur d’un un arc en ciel autour de lui pour compléter l’illusion.
Olaf, perdu dans Dieu sait quel paradis que l’esprit humain était capable de créer n’avait pas de place pour son frère dans ce paradis et Jan sentait toute la désolation du fait qu’en ce moment il avait besoin de contact humain.
Il a regardé Morven contempler le mage avec une attention tranquille. Par rapport à Olaf, son visage était sans expression, mais elle a croisé son regard et l’a fixé, l’anxiété marquait son front clair. Elle fronça les sourcils et secoua la tête pour l’avertir. Jan a compris ce qu’elle voulait lui dire et il s’est arraché désespérément à ses pensées vagabondes. Il s’est forcé à visualiser le château, il a même vu une tête casquée sur les remparts, il décida que cette tête était celle de Fitz-Urse. Il a fixé son attention et, voyant cela, Morven s’est apaisée.
Thur était maintenant à l’est de l'autel. Il a placé le pentacle, toujours lié et voilé, sur un triangle marqué en son centre. Dans sa main droite il tenait son épée magique levée vers le ciel avec le pommeau juste au-dessus du pentacle, en disant: « Ô Bartzebal, je te conjure par le nom très saint, SHADDAI, j’ai lié et voilé ce symbole de toi, qui est toi. Ainsi tu ne pourras ni bouger, ni voir, ni entendre autre chose que ce que je voudrais. Je te conjure donc d’apparaitre de façon visible.
Viens vite pour obéir à ma volonté, par le nom très saint nom El Ghai, je te conjure par la vertu du très saint nom de Dieu, ADONAI MALLAKI. Par la vertu de Methratton sa représentation. Par la vertu de ses anges qui ne cessent de pleurer de jour ou de nuit, Qadosch, Qaosch, Oadosch, Elohim Adonai Tzabaothl
Et par les dix anges qui président les Sephiroth, par qui Dieu communique et étend son influence sur les choses inférieures, il s’agit de Kether, Chokhmah, Binah, Geburah, Tipereth, Netzah, Hod, Yesod et Malkuth. Je te conjure et t’ordonne absolument, Ô Bartzebal, quelle que soit la partie de l’univers où tu te trouves, par la vertu de ces noms sacrés : Adonaï, Yove, Ha, Kabir, Messiachionah, Mal, Kah, Eral, Kuzy, Matzpatz, El Shaddaï, et par tous les noms sacrés de Dieu qui ont été écrits dans le sang en signe d’alliance éternelle.
Je te conjure par les noms de Dieu, très saints et inconnus, par la vertu desquels il peut trembler chaque jour, Baruch, Barcurabon, Patachel, Alcheghek, Aquachai, Honwrian Eheieh, Abbaton, Chevob, Cebon, Oyzroymas, Chaialbamachi, Ortagu, Maleabelech, Helechyeze, Sechezze.
Ecoute, viens vite et sans délai devant nous. Je t’appelle, Bartzebal, esprit de Mars. Bartzebal VIENS. Bartzebal VIENS. Bartzebal VIENS ! »
Thur prononça le dernier « viens » avec toute la force de sa volonté et de sa voix la plus impérieuse. Puis, jetant plus d’encens au centre du brasier il a fait signe à Morven de remettre de l’encens dans les autres, il a repris : « Comme la voix de l’exorciste m’a dit : ‘Je m’enveloppe dans les ténèbres, puis je me manifesterai à la lumière,’ viens Ô Bartzebal, viens ! Viens, Ô Bartzebal, viens !
A nouveau l’ordre a été émis avec une force de volonté prodigieuse. Un nuage de fumée dense s’élevait du grand brasier jusqu’à la chaume en se mêlant aux fumées tout aussi denses émises pas les autres braseros. Thur a fait un signe à Morven et elle est allée tranquillement d’un brasier à l’autre pour y remettre des épices. Les nuages de fumée commençaient à redescendre du plafond, tout le grenier étant plein de fumées tourbillonnantes, brumeuses et étranges mais elles ne pénétraient cependant pas dans le cercle.
Jan regardait tout cela avec une sorte de dégoût intéressé. Ses sensations étaient nombreuses, complexes et confuses. Il manquait de la patience infinie nécessaire à celui qui étudie les  mystères cachés, et après avoir eu le souffle coupé en attendant quelque chose sans savoir exactement quoi, il prenait plaisir au calme du moment. Il n’aimait vraiment pas tout ce qui se passait, il détestait ça autant qu’il avait espéré cette aide. Il n’y avait pas réfléchi et était étonné et troublé par sa réaction, par ce recul, qu’il savait être instinctif. Comment pourrait-il comprendre que certaines natures n’avaient aucune affinité avec l’occulte et si, momentanément, le voile se levait, la vision qu’elles recevraient sera d’un ordre contraire à celle expérimentée par le dévot.
Jan qui était tout d’abord réaliste croyait pourtant aux merveilles, mais comme beaucoup il n’aimait pas y être trop confronté. Il croyait parce qu’il n’y avait jamais réfléchi. ‘Va chez un magicien’, ‘Cherche une sorcière’, étaient des pratiques courantes pour des personnes en difficultés... des paroles faciles à prononcer et faciles à accepter mais elles impliquent aussi ‘Laisses-les faire le travail, tiens-t-en à l’écart’ et maintenant il se trouvait au milieu de tout cela. Jan était si désespéré qu’il avait demandé l’aide de la haute magie, et en y étant confronté, il s’y est impliqué avec une grande réticence. Ce n’était pas ce à quoi il s’attendait, la sorcière n’était pas mauvaise et laide, les rites du mage n’impliquaient pas tout une ménagerie de serpents, de crapauds à verrues, de lézards et de chats noirs, et comme bien d’autres, Jan était maintenant confronté à la différence entre le rêve et la réalité de la magie. Il ne savait pas pourquoi, mais plus il voyait de quoi il s’agissait et plus il voulait s’en éloigner. Lui tout ce qu’il voulait, c’était une bonne armée de compagnons honnêtes, qui le suivrait au combat pour qu’il puisse tuer son ennemi dans un combat d’homme à homme et reprendre ce qui lui avait été dérobé, et c’est tout ce qu’il souhaitait sans se demander une seule seconde pourquoi ces hommes devraient risquer leur vie en luttant pour sa cause.
Il était vraiment intolérable que ce Bartzebal, quel qu’il fût, et qui avait tant besoin d’être amadoué pour se présenter, soit à ce point indispensable. Des femmes nues et de la fumée malodorante, alors que lui, Jan Bonder, au lieu d’entrainer ses hommes à Deerleap, se trouvait là dans un cercle de 3 mètres 30 où il suivait Thur Peterson d’un pas lent et majestueux, jusqu’à en être étourdi et engourdi par la tension et tout cela à cause de sa propre folie. Voilà ce que pensait Jan.
Mais Thur observait la scène avec une approbation satisfaite. Les choses se déroulaient comme le vieux docteur espagnol l’avait enseigné. Il a pris le pentacle sur l’autel et s’est promené avec lui autour du cercle en le présentant aux quatre directions. Une fois cela fait il est retourné au sud et une fois encore il l’a baptisé avec l’eau et le feu, en répétant : « Ô créature de fer et de Mars, doublement consacrée, tu peux approcher des portes de l’ouest. » En disant cela il s’est approché de l’ouest et a ouvert le tissu du pentacle, sans l’enlever, tout en exposant les trois autres pentacles sur sa poitrine.
Remettant à nouveau le voile sur sa poitrine, il frappa le pentacle dans sa main avec le plat de son épée, en disant : « Tu ne peux pas passer de la dissimulation à la manifestation si ce n’est par la vertu du nom Alhim. Avant toutes les choses il y avait le chaos et les ténèbres et les portes de la nuit. Je suis le grand dans les pays des ombres. Je suis celui dont le nom est ténèbres. Je suis l’exorciste au cœur de l’exorcisme. Apparais donc devant moi car je suis celui qui ne connait pas la peur. Tu me connais. Alors, viens, Bartzebal, VIENS ! Viens, Bartzebal, VIENS !
La fumée du brasier central s’est agitée violemment formant un pilier, qui montait et descendait avec une énergie spasmodique. Des visages apparaissaient et disparaissaient. Morven, sur un geste rapide de Thur, jeta une poignée d’encens sur le brasier et, passant aux plus petits elle y a aussi remis de l’encens. La fumée devint plus dense et plus parfumée. Une fois encore le mage est allé à l’est de l’autel et s’est tourné vers l’ouest. Encore une fois il a frappé le pentacle avec son épée et a parlé avec force : « Tu ne peux pas passer de la dissimulation à la manifestation si ce n’est par la vertu de JHVH ... Après l’informe, le vide et l’obscurité, vient la lumière... Je suis la lumière qui se lève dans les ténèbres. Je suis l’exorciste au cœur de l’exorcisme. Apparais donc devant moi sous forme harmonieuse car je suis celui qui a les forces de l’équilibre ... TU ME CONNAIS, ALORS APPARAIS. »
Thur a ensuite enlevé entièrement le voile du pentacle mais il l’a laissé attaché, il a aussi soulevé les voiles des pentacles sur sa poitrine, puis les a remis. Il a déclaré à voix haute : « Ô créature de fer et de Mars, trop longtemps tu as habité les ténèbres. Quitte les ténèbres et cherche la lumière. »
Il a remplacé le pentacle sur l’autel et, tenant l’épée dressée avec son pommeau sur le pentacle il a dit : « Par tous les noms et pouvoirs déjà cités, je te commande d’apparaitre de façon visible, au noms d’Herachio, Asacro, Bedremuael, Math, Lerahlemi, Modoc, Archarzel, Zopiel, Blauteel, Baracata, Edoniel, Elohim, Amagro, Abragateh, Samael, Gebrurahel, Cadato, Fra, Elohi, Achsah, Emisha, Imachedel, Dama, Elamos, Izachel, Bael, Sergon, Demos. Ô Seigneur Dieu, qui es assis dans les deux cieux, toi qui regardes l’abîme sous toi, accorde-moi ta grâce, je t’en prie, afin que ce que je conçois dans mon esprit, s’accomplisse par toi. Ô mon Dieu, souverain sur toutes choses. Amen.
Viens, je te conjure. Viens, Ô Bartzebal, viens!
L’agitation dans la colonne de fumée s’est accrue et devint de plus en plus violente. Un visage d’une beauté sauvage et surnaturelle, bien plus grande que la réalité, est apparu du côté ouest du cercle, son corps était instable, cela allait et venait. Sur son visage il y avait une expression de mécontentement morose mêlée d’étonnement qui était presque comique, un étonnement d’avoir été pris au piège et forcé à apparaitre. Il s’agissait de Bartzebal.
Une explosion, un peu comme le son d’un gros gong frappé dans une grande pièce éloignée, a retenti dans le grenier, et ils ont senti plutôt qu’entendu, une question pleine de colère : « Que voulez-vous ? »  
Est-ce que Bartzebal a vraiment parlé ou en réalité était-il silencieux ? Etait-ce vraiment une voix ou plutôt une vibration creuse retentissant simultanément dans chaque tête ? Jan n’en était pas sûr. Il a vu que l’atmosphère du grenier s’éclaircissait, la fumée s’était concentrée et formait une multitude de formes, se tordant en convulsions sans fin. Elles semblaient avoir un souhait déterminé d’examiner l’intérieur du cercle et poussaient et bousculaient de façon indiscipliné pour parvenir à leur fin, comme si elles étaient curieuses de connaître les personnes qui étaient dans le cercle. Jan n’était pas un pleutre, il n’avait pas peur mais son esprit tremblait et il ressentait des pensées étranges et inhabituelles qui agissaient sur son esprit comme si les êtres dans la fumée devant lui, poussaient et réclamaient de l’attention. Une grande pensée s’était matérialisée dans sa tête. Alors que Bartzebal s’était matérialisé par la fumée de l’encens, une pensée liée à toutes les réactions émotionnelles liées aux événements de l’heure qui venaient de s’écouler et la pensée persistait et grandissait en force, Dieu était une réalité et il était avec lui, Jan Bonder.
Jusqu’alors Jan associait toujours Dieu à l’Eglise. En raison de ce que l’Eglise était pour lui, il avait rejeté Dieu pensant qu’il n’était pas meilleur que l’Eglise qui disait être l’église de Dieu. Jan avait entendu Thur prier solennellement ce Dieu pour qu’il lui vienne en aide, et là, devant ses yeux stupéfaits, Dieu s’était manifesté. Dans toute sa puissance et sa bonté, il s’était manifesté à travers cet esprit de l’air, Bartzebal. Ses pensées sur Morven et sa beauté, et tout son dégoût pour cette forme particulière de manifestation avaient disparus. Tout avait disparu dans la révélation incroyable que Dieu le voulait... et c’était juste ! L’Eglise dénonçait ce que faisait Thur, déclarant que c’était un péché punissable de mort et interdit par Dieu. Pourtant c’était Dieu qui aidait Thur. Jan savait que Thur n’invoquait pas le diable et que l’Eglise disait que tous les sorciers invoquaient le diable, pourtant il n’est pas possible d’invoquer le diable avec le nom sacré de Dieu. Ce diable foudroierait sûrement sur place celui qui s’y risquerait. Non, Thur avait invoqué Dieu avec une extrême révérence et Dieu avait répondu à ses prières. Il est donc évident que c’était bien la volonté de Dieu ! Dans cette création de Bartzebal, Jan a vu la main de Dieu qui répondait à une solennelle prière et Bartzebal était là, envoyé par la main de Dieu, même s’il n’en avait pas l’air heureux et qu’il était là contre son gré. Il était lui-même là sans le vouloir vraiment, juste pour parvenir à ses fins. N’était-ce pas péché ? Et Dieu dans son infinie bonté et sa compassion avait entièrement accompli cette chose, réalisé cette merveille pour qu’il puisse comprendre.
Pendant ce temps Thur, voyant la forme de Bartzebal se matérialiser, écarta le voile qui couvrait les pentacles sur sa poitrine. Bartzebal les regarda et détourna les yeux avec inquiétude, mais irrépressiblement il fut poussé à les regarder à nouveau car les pentacles, par les rites de leur fabrication et de leur consécration, était devenue une partie intégrante de sa nature. Tant qu’ils étaient restés voilés, il était aveugle et sourd. Quel que soit le lieu où il était, Batzebal n’était conscient que des paroles du mage, il était attiré vers le cercle par les incantations et l’encens, et alors qu’ils augmentaient, il fut contraint à se matérialiser. Une fois là, les pentacles furent dévoilés devant lui, il pouvait voir et entendre le mage de façon claire et les incantations répétées le contraignaient à lui obéir, même si il était furieux d’être ainsi pris au piège. Furieux ou pas, il ne pouvait pas s’échapper tant que son heure ne s’était pas écoulée. Mais étant contrarié, il ferait de son mieux pour éviter d’agir, tergiverser, gagner du temps et essayer de temporiser avec la volonté du mage. Mais Thur était déjà préparé à ça.
Thur a jeté encore plus d’encens dans le brasero et Morven en a remis dans les quatre braseros extérieur. Bartzebal tenté de contrer ces tactiques se boucha les narines pour ne pas sentir les parfums mais en vain, ces odeurs étaient trop séduisantes et il a abdiqué en faisant confiance aux événements pour s’en sortir. Il a donc inspiré de touts ses poumons le mélange d’odeurs qu’il aimait tant.   
Comme la fumée dense s’élevait, Jan a vu qu’elle était attirée, comme par un vent puissant, vers les êtres à l’extérieur du cercle. Ils éveillaient la curiosité de Jan, il les a vus devenir de plus en plus distinct, semblant se construire à partir des fumées odorantes. Dans leur empressement à assembler leurs corps, ils se pressaient pour absorber la fumée, sans jamais traverser le cercle extérieur. Ce cercle était comme un rempart protecteur pour ceux qui étaient à l'intérieur, il semblait chargé d’une force prodigieuse qui repoussait toute invasion. Il a vu ces formes se bousculer violement les unes les autres, de sorte qu’elles touchaient presque le cercle mais étaient violemment repoussées en arrière. Plusieurs formes qui avaient effectivement touché le cercle avaient été désintégrées en volutes de fumée immédiatement absorbées par leurs voisines. Encore une fois à l’intérieur du cercle l’atmosphère s’est éclairci, seules des colonnes de fumée d’encens s’élevaient constamment des brasiers dans la pièce jusqu’à mi-hauteur puis retombaient vers l’extérieur et les nombreux êtres qui regardaient en silence dans toutes sortes de positions. Jan avait la sensation que des yeux âgés d’un million d'années le regardait, voyait jusqu’à son âme et demandaient en silence : « Que cherches-tu ?»
A nouveau une voix semblable à un grand coup de gong retenti dans le grenier : « Que cherches-tu ? Je voudrais m’en aller. » Bartzebal a imprimé cela en toute simplicité dans leur esprit.
Thur a enlevé les cordons du pentacle posé sur l’autel. Il parlait avec une autorité courtoise : « Salut, Ô Bartzebal. J’invoque sur toi le pouvoir de l’apparence visible et du discours, par le pouvoir de Dieu tout puissant, seigneur des siècles des siècles. Je te conjure, Ô Bartzebal, dis-moi en vérité comment Jan Bander ici présent peut réaliser ses désirs ? »
Bartzebal, articula une réponse en termes non équivoques: « Tu n’as pas le pouvoir de me contraindre à répondre. »
Thur a présenté tour à tour les pentacles accrochés à son cou. Bartzebal a regardé, ses yeux sortaient de sa tête. Avec un effort, il a détourné les yeux, mais quelque chose l’attirait et, comme fasciné, il a regardé à nouveau. Bartzebal se raidit et se plaça devant Thur comme s’il le défiait.
Thur a donné un ordre impératif : « Entre dans le triangle. » Il a fait un signe menaçant avec son épée, il présenté les pentacles accroché à son cou en disant: « Voici les choses secrètes, les pentacles de Mars, ton seigneur. Ce sont les standards de Dieu, le conquérant, les armes du tout puissant, pour contraindre les puissances de l’air. »
Bartzebal revêche est entré dans le triangle comme s’il ne savait pas ce qu’il faisait.
Thur continua : « Je te commande absolument par ces pouvoirs, par la vertu de Dieu le tout puissant. Ainsi, réponds à mes questions et dis-moi en vérité comment Jan Bander peut réaliser ses désirs ? »
Bartzebal roulait des yeux, mais restait maussade et  muet.
Thur dit : « Je t’exorcise à nouveau et te commande avec force, je te commande de toutes ma force et avec violence, par celui qui ‘dit et la chose arrive’. Par les noms de pouvoir, El Shaddaï, Elohim, Elohi, Tzabaoth, Asser, Eheieh, Yah, Tetragrammaton, qui désignent Dieu, le grand et le tout puissant et par ses noms sacrés nous accomplirons notre tâche.
- Pourquoi devrais-je vous aider, vous qui n’êtes rien pour moi ? » a demandé Bartzebal, trahissant une grande affinité avec l’humanité. « Une fois encore, nous te commandons avec véhémence et nous t’exorcisons avec constance, par la vertu de ces noms: Ahai, Aetchedad, Iransin, Emeth, Chaia, Iona, Profa, Titach, Benani, Briah, Theit, et tous ceux dont les noms sont écrits dans les cieux en caractères malachites. Par le Dieu vivant qui demeure dans la lumière, dont le nom est sagesse et dont l’esprit est vie, devant qui s’inclinent le feu et la flamme, qui, avec le feu fixé au firmament, les étoiles et le soleil, avec le feu te bruleront éternellement ainsi que tous ceux qui contreviennent à l’expression de sa volonté. Alors exécute rapidement notre ordre. »
Une expression de malice sournoise mêlée de révolte apparut sur le visage de l’esprit. « Comment moi Bartzebal, pourrais-je répondre à tes questions, alors que ton propre homme ne sait pas réellement quels sont ses désirs ? »
Jan a parlé avec une franchise presque méprisant: « Je sais ce que je veux, vil rebelle. C’est d’obtenir ....» Il a fait une pause, stoppé par un geste de Morven et il regarda l’avertissement intense dans ses yeux. Il réfléchi en vitesse, « Ainsi Bartzebal sait ce qui se passe dans nos esprits. »
Thur s’est tourné en tout hâte vers lui. « Dis lui, espèce de nigaud, ce que tu désires. »
Mais Jan était comme dans un rêve. Olaf lui a donné un coup pour attirer son attention, Morven désespérée ferma les yeux et Bartzebal sourit furieusement.
« Je désire deux choses, » a dit Jan avec une grande netteté. « Tout d’abord accomplir la volonté de Dieu et deuxièmement reprendre les terres et la fortune de mon grand-père qui en a été dépossédé par Usa Fitz-Urse ainsi que rétablir ma famille. » Mais tout en disant ça une pensée a surgit dans son esprit : « Je veux Morven. »
Bartezebal hocha la tête : « Je suis Bartzebal, l’esprit de Mars. Je peux aider en matière de guerre et de vengeance, et oui aussi pour la trahison. Je m’occupe aussi de pouvoir et de  succès. Mais tes désirs doivent être uniques, distincts. Ta volonté doit être claire et stable comme une flamme. Ce n’est pas ton cas. Je ne peux donc pas accorder ton vœu, car je ne peux pas accorder l’amour d’une femme.
- Tu n’as pas le pouvoir de contrecarrer la volonté de Dieu, » a dit Jan obstinément « et si c’est sa volonté, je connaitrai le succès, parce que ma propre volonté brûle comme une flamme. » Il cherchait à nouveau à visualiser le château.
Mais alors qu’il était encore en train de parler, la forme de Bartzebal commença à se désintégrer en vapeur tout comme les êtres à l’extérieur du cercle, seuls leurs yeux étranges brillaient dans une attente vigilante, comme s’ils attendaient cet événement funeste.
« Il essaie de se soustraire à moi et l’heure de Mars s’écoule rapidement, elle sera bientôt passée et il ne sera plus en mon pouvoir, » a murmuré Thur à Morven. « S’il s’en va sans m’obéir plus jamais je n’évoquerai un esprit.
- Allez, hâtez-vous, » exhorta Morven en lui tendant un morceau de parchemin.
Thur a pris une plume que lui tendait Olaf et a tracé rapidement dessus le sceau de Bartzebal.
Pendant ce temps Morven versait de la gomme-résine nauséabonde, de la rue et la férule persique sur le brasier alors que Thur tenait le parchemin dans la fumée dense qui s’élevait en disant : « Je te conjure, Ô créature de feu, par celui qui déplaça la terre et la fit trembler, brûle et tourmente cet esprit pour qu’il le sente intensément, de sorte que par toi il brûle éternellement. » Il a mis le parchemin dans le brasier en le pressant contre les braises ardentes en disant : « Sois damné éternellement, réprouvé éternellement, sois tourmenté par la douleur perpétuelle et que jamais tu ne trouves le repos, jour ou nuit, si tu n’obéis pas immédiatement. Son ordre a fait trembler l’univers, par ces noms et par la vertu de ces noms qui sont invoqués, toutes les créatures obéissent et tremblent de peur et de terreur. Ces noms qui peuvent détourner la foudre et le tonnerre te feront périr instantanément, ils te détruiront et te chasseront. Ces noms sont : Aleph, Beth, Gimal, Delath, He, Mau, Zayan, Cheteth, Teh, Yod, Kapath, Lam, Med, Mem, Nuns, Mekh, Ayan, Pe, Tzaddi, Quopth, Resh, Shin, Tau. » (Note de l’auteur : Ce sont les lettres de l’alphabet hébreu, mais ils ont été utilisés en magie dans ce but.)
Thur a continué : « Donc par ces noms secrets et par les signes, qui sont remplis de mystères, et en vertu du pouvoir des trois principautés, que sont Aleph, Mein, et Shin, par l’air, le feu et l’eau, nous te maudissons. »
Thur a pris une pause impressionnante. Bartzebal chancelait, comme si un coup de vent avait envahi le grenier. Son visage était déformé par la rage et la douleur, le feu sortait de ses yeux, sa forme devenait plus dense et plus grande, il les dominait, menaçant. Sa voix martelait leurs oreilles douloureuses, ils craignaient que leurs tympans n’éclatent... « Cherchez Evan Œufs de Mouette. Lui seul peut vous vous guider sur le chemin secret. Tuez. Tuez. Tuez en mon nom. Laissez-moi partir. LAISSEZ-MOI PARTIR. »
Thur arracha le parchemin racorni du brasier. La forme de Bartzebal s’est désagrégée en un nuage de fumée épaisse et huileuse. En dehors du cercle, les yeux curieux avaient disparu et la fumée qui formait leurs corps fut aspirée dans le cercle, étouffant à moitié nos protagonistes.
« Ne quittez pas le cercle ce serait dangereux, » a ordonné Thur. « Je vais les renvoyer. » Il a mis de encens dans le brasier et, en présentant le pentacle qui se trouvait sur l’autel il a tracé un pentacle dans les airs avec la pointe de son épée, en commençant par le côté inférieur gauche et en allant vers le haut, il chanta : « Par la vertu de ces pentacles et parce que vous avez obéi aux commandements du créateur, sentez et respirez ces odeurs de remerciement puis allez-vous en vers vos demeures et logis. Que la paix règne entre nous et vous. Soyez prêt à venir lorsque je vous convoquerais. Que la bénédiction de Dieu soit sur vous, pour autant que soyez capable de la recevoir...
Camiack, Eome, Emoii, Zazean, Maipiat, Lacrath, Tendac, and Vulamai.
Par ces noms sacrés et par les autres qui sont écrits dans le livre d’Assamaian Sepher Ha, Shamaiimin. Retournez en paix. Amen. Allez. Allez. ALLEZ.
Le cercle fut soudain envahi de fumée noire et suffocante. Thur a brandi son épée devant lui dans un geste final de dispersion et il est sorti du cercle, suivi par les autres. Ils se sont précipités au bas de l’échelle, à moitié étouffé, en inspirant à grandes bouffées une fois dans la pièce du bas remplie d’air pur.

 

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!