La Wica
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L'Origine
par Tof
Au début, Gardner n’avait de contacts réguliers qu’avec Edith «
Dafo » Woodford-Grimes. On peut sérieusement concevoir qu’elle l’ait influencé
bien plus que ce qu’on a pensé. C’est elle qui a apporté son influence
maçonnique et rosicrucienne à Gardner.
Les côtés Golden Dawn, féminisme et plantes viennent plutôt de Rosamund «Mother»
Sabine, mais cette dernière avait déjà beaucoup influencé Dafo. Mother Sabine
avait un long passé occulte et avait été membre de la Golden Dawn, puis avait
claqué la porte avec d’autres femmes qui n’en pouvaient plus de cette domination
masculine qui avait cours dans les loges magiques. Elles ont modifié ce qu’elles
avaient appris à la GD pour en faire quelque chose de plus orienté vers la
Déesse, la Terre et la Lune.
C’est sans doute sur l’initiative de Mother Sabine que la GP’s d’un cercle
sorcier est celle qui dirige effectivement le groupe. Toutefois, on sait que
Crowley connaissait ce rôle prépondérant d’une femme dans les groupes sorciers
et qu’il a dit qu’il ne voulait pas s’impliquer dans la sorcellerie car il ne
voulait pas être dirigé par une femme. Cette prédominance de la femme se
retrouvera dans un contexte non wica en Amérique (chez Parsons par exemple) et
en Australie ( Chez Rosaleen Norton par exemple).
Si on veut compléter les influences de Gardner il faut aussi citer Katherine
Oldmeadow qui insistait beaucoup sur le contact avec la nature (marcher pieds
nus dans l’herbe, se lever avant le soleil à Walpurgis), et beaucoup d’autres
côtés « joyeux» de la wica et proches du néo-druidisme.
N’oublions pas non plus Dion Byngham qui a apporté à Gardner son approche
Dionysiaque, il est à noter d’ailleurs que l’on retrouve la plume de Dion
Byngham dans « Ye Bok of Ye Art Magical », le premier BOS de Gardner, avant que
Doreen le transforme en ce qui s’est appelé le « Book of Shadows ».
Pour ce qui est de Dorothy Clutterbuck de plus en plus on s’accorde à dire que
bien qu’elle mettait à la disposition du groupe un local pour se réunir, elle ne
prenait pas part aux pratiques sorcières.
Contrairement à ce qu’on a pensé, la Kabbale ne faisait pas partie de la
pratique de ce groupe sorcier, ce n’est qu’avec qu’Alex Sanders que des éléments
de Kabbale ont été incorporés à la wica.
Tous ces gens ne formaient pas le fameux groupe de sorcières de New Forest, ils
n’étaient que sa base « théorique », elles étaient des sorcières spéculatives.
Le groupe sorcier n’était pas composé de grand monde, au moment de l’initiation
de Gardner, il n’y avait que Mother Sabine qui faisait office de, ce qu’on
appelle maintenant, Grande Prêtresse, de Dafo et sa fille ainsi que de monsieur
et madame Mason. Cinq sorcières opératives, ce n’est pas grand chose me direz
vous, mais de nos jours, les covens sorciers ne sont souvent composés de pas
beaucoup plus de membres. Voilà ce que Gardner a appelé par la suite « the
Southern Coven of British Witches », mais cela ne sonne pas trop comme un nom de
cercle sorcier.
Donc Gardner a été initié dans ce groupe sorcier. On sait à peu près maintenant
en quoi a consisté cette initiation. Longtemps on a pensé qu’elle était proche
de ce que décrivait Gerald Gardner dans son roman High Magic's Aid (donc très
haute magie). On sait maintenant qu’il n’en était rien, Dafo avait simplement
interdit formellement à Gardner de décrire dans son livre ce qui s’était passé
lors de l’initiation. Ce rituel avait été écrit spécialement pour Gardner, on
lui a parlé de la Déesse qui était incarnée pour ce rituel par Dafo. Dafo lui a
aussi parlé du groupe « the wica » et de sa mythologie. Il y a aussi eu des
trucs avec des cordes et un martinet, un grand rite (avec Dafo) et surtout on
lui a fait prêter serment de fidélité au culte et de ne rien révéler « aux
étrangers » de ce qui s’était passé.
Il est fort possible qu’ils n’avaient pas d’autre nom que « The Wica »,
expression qui qualifiait le groupe de personnes et pas du tout leur croyance.
Pour désigner leur foi et leurs pratiques ils employaient l’expression de
witchcraft (sorcellerie).
Que pouvaient-t-ils bien faire tous ensemble ?
On admet maintenant que ce groupe de sorcières était un groupe d’occultistes
avec des connaissances en magie cérémonielle. Mais tous avaient compris que ce
type de magie ne convenait pas pour une pratique sorcière. Ils étaient à la
recherche des pratiques des sorcières qui avaient vécu dans les siècles passés.
Cette « mode» avait débuté avec la publication de « Aradia » en 1898 et s’est
amplifiée avec la sortie de « The Witch Cult in Western Europe » en 1920. A
partir de là un grand nombre de « loges magiques » ont écumé le pays pour y
interroger les sorcières de village, les rebouteux et autres soigneurs et
récupérer une partie de leur savoir. A partir de là un certain nombre de groupes
sorciers se sont créés parmi lesquels celui de Dafo mais aussi le « Horsa Coven
» où l’on a retrouvé par la suite Sybil Leek ou bien « Plant Y Bran », un groupe
sorcier qui est devenu très important aux USA depuis quelques années.
Dans le groupe de New Forest, tous pensaient avoir été sorcière (enfin surtout
Mother Sabine, mais peu à peu tous se sont mis à le penser) dans une autre vie
et ainsi se sentaient le droit de se qualifier de la sorte dans cette vie ci.
Leur pratique était aussi basée sur ce que décrivait par exemple Margaret
Murray. Leurs rituels étaient très éloignés de ce que l’on connaît maintenant,
ils étaient souvent plus ou moins improvisés, et ils essayaient beaucoup de
choses pour voir si ça fonctionnait ou non. En cas de succès, le rituel était
conservé, sinon, ils cherchaient dans une autre direction. L’important était
d’entrer dans un état de conscience modifiée pour créer de «la puissance».
On sait qu’ils se réunissaient à l’occasion de ce que l’on appelle maintenant «
les grands sabbats ». On sait aussi qu’ils se sont retrouvés avec d’autres
groupes sorciers à deux ou trois reprises pour stopper l’invasion allemande.
Ils pensaient tous que la tradition occidentale dans son ensemble puisait dans
une même source commune, aussi il leur était logique d’emprunter des éléments à
d’autres traditions. Mais il est pour ainsi dire certain que leur « sorcellerie
» existait déjà lorsque Gardner les a rejoints.
Leur démarche leur semblait légitime, puisqu’ils ne pratiquaient que ce qu’ils
se souvenaient avoir pratiqué dans d’autres vies.
Ainsi tous ensemble pratiquaient une forme de yoga, ils soignaient par les
plantes (d’où le livre des plantes qu’est sensé avoir chaque groupe gardnerien),
ils faisaient des exercices de « contrôle de l’esprit de l’autre » et bien sûr
s’intéressaient à la réincarnation.
Dafo s’est ensuite personnellement chargée de former Gardner. Mais Gardner avait
plus de questions à poser que Dafo de réponses à lui apporter. Le côté «
improvisé » ne convenait pas du tout à Gerald Gardner. Pour lui, comme pour
beaucoup d’autres, les rituels devaient être écrits, et leur efficacité
dépendait aussi de leur répétition. Gardner s’est alors plongé dans les livres,
a contacté le plus de personnes possibles susceptibles de répondre à son
questionnement et peu à peu s’est mis à rédiger des rituels et développer ce
qu’on appelle maintenant la wica.
Mais tout ce travail ne plaisait pas aux autres membres du groupe sorcier et
s’est fait sans leur accord et souvent dans leur dos.
Ce qui a fait déborder le vase c’est la publication de "Witchcraft Today”, Dafo
et les autres ont refusé que l’on fasse le lien entre leurs pratiques et ce qui
était décrit dans les ouvrages de Gerald Gardner. Le cercle sorcier a donc
demandé à Gardner de s’éloigner de leur groupe et de pratiquer « sa sorcellerie
» loin d’eux. Gardner s’est vu contraint de créer, avec ceux qui l’avaient
contacté suite à la parution du livre, son propre groupe à Bricket Wood.
A Bricket Wood le groupe de Gerald Gardner n’était plus un simple groupe ou un
cercle sorcier, il avait pris la dénomination de coven et se réunissait dans une
ancienne petite maison sorcière que Gardner avait achetée et fait reconstruire à
proximité du terrain naturiste (le Fiveacres Club)dont il était propriétaire.
Cette maison datait du XVIIè siècle et selon
Fred Lamond il y avait dans cette
petite maison une atmosphère vraiment magique et tout le monde pensait qu’il n’y
avait pas à douter qu’elle avait déjà était utilisée pour des réunions magiques
avant que Gerald Gardner ne s’en serve.
Si vous passez par là, le Fiveacres Club n’existe plus, la maison existe
toujours, mais elle ne sert plus que d’entrepôt.
Malgré cette séparation, Gardner et Dafo sont restés bon amis puisque comme je
l’ai dit ailleurs, ils se rencontraient encore régulièrement chez elle à
Highcliffe, bien des années plus tard, à l’époque où
Ray Bone
était dans le
groupe de Gardner.
Dafo de son côté a elle aussi continué à pratiquer « sa sorcellerie » avec ceux
que Gardner qualifiait « d’ancien groupe » dans ses écrits.
La plus grosse différence entre la sorcellerie de Gerald Gardner et celle des
autres groupes sorciers similaires (Horsa Coven, Plan Y Bran, ou le groupe de
Dafo) c’est que Gardner recherchait la notoriété et a publié des livres. Ces
livres ont à leur tour attiré des curieux et Gardner a pu « recruter » à tour de
bras, cela les autres groupes ne le lui ont jamais pardonné.
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