En tant qu'êtres humains rationnels et intelligents, la plupart d’entre nous croient que les sorcières, si elles ont existé un jour, appartiennent aux superstitions moyenâgeuses plutôt qu’à l’époque moderne. Mais une étude récente d’articles de journaux indique qu’un certain nombre de personnes instruites croit toujours sincèrement aux sorcières et à la puissance de leurs malédictions, charmes et art magique.

L’année dernière, par exemple, en Alabama une directrice d’école de 62 ans a démissionné après avoir admis devant son supérieur qu’elle croyait au vaudou et qu’elle en avait ouvertement discuté avec ses élèves.

Plus tôt cette année, une serveuse de New York, interrogée par des journalistes sur les perturbations dans le café où elle travaillait, a répondu qu’elle ne pouvait rien dire à son sujet pour le moment car on la soupçonnait d’être une sorcière.

Il n’y a pas longtemps en Angleterre, le révérend Montague Summers, une autorité en histoire de la sorcellerie, a affirmé : « Je sais qu’il y a aujourd'hui des groupes de sorcières dans des centaines de villes en Grande Bretagne. »

Il est, bien sûr, de notoriété publique que dans les régions où l’ignorance et la superstition sont aussi fortes aujourd'hui qu’elles l’étaient il y a des siècles, la sorcière est toujours une créature inspirant la terreur. Comme le remarque l’American People's Encyclopaedia : « Toute femme âgée qui vit seule, ramasse des plantes et est un peu excentrique est susceptible d’être soupçonnée d’être une sorcière. » Des informations récentes venant du Congo disent que 241 présumés sorcières et sorciers ont été mis à mort par d’autres membres de leur tribu après de mystérieux procès.

Mais découvrir que la sorcellerie est encore florissante dans le « monde civilisé » est tout de même un choc. Il est difficile d’y croire même si chacun d’entre nous a été confronté à de telles superstitions à un moment ou un autre de notre vie.

En Pennsylvanie, par exemple, il est fréquent de voir des granges décorées de signes magiques pour éloigner le mauvais sort et les esprits. Au Danemark, les gens construisent toujours d’immenses feux de joie à l’occasion de la St Jean d’Eté pour se protéger des sorcières. Selon la légende, ces brasiers sont construits pour piéger et brûler toutes les sorcières volant dans la campagne.

Parmi ceux qui croient que les sorcières existent, celui qui en parle le plus facilement est Gerald Gardner, un anthropologue et directeur du Musée de la Magie et de la Sorcellerie sur l’Ile de Man, en Angleterre. Gardner déclare qu’il a rencontré de nombreuses sorcières au cours de sa vie et qu’il est lui-même membre d’une des plus anciennes sociétés de sorcières survivant en Angleterre.

Le véritable problème pour identifier une sorcière, selon Gardner, c’est qu’elle n'est pas nécessairement une vieille femme ridée avec un grand chapeau pointu, concoctant des sorts maléfiques et malodorants dans un chaudron en fer.

Non, monsieur, la sorcière du XXème siècle est plus susceptible de vivre en banlieue dans une maison à deux niveaux et une pelouse, maintient-il.

Cette sorcière et son époux pourraient être vos voisins. Elle mène une vie tranquille et ordonnée. Elle est discrète quant à ses pouvoirs magiques. La dernière chose qu’elle souhaite c’est déclencher une nouvelle panique comme à l’époque des sorcières de Salem !

Avec une telle description, vous devez vous dire que la sorcellerie contemporaine doit être bien enracinée, mais elle est maintenant confrontée à une vraie menace. La sorcellerie a toujours été une tradition familiale, explique Gardner, transmise de parents à enfants comme une recette familiale. Dans les siècles passés, on pouvait tranquillement enseigner aux jeunes les secrets de famille, sans ingérence du monde extérieur.

Mais les enfants d'aujourd'hui rejoignent des groupes et font partie de bandes. Les sorcières qui forment leurs enfants à la sorcellerie vivent désormais dans la crainte que leur progéniture ne prononce une incantation en classe et ne ruine de façon permanente la réputation de la famille ou, pire encore, jette un sort au chef scout ou au professeur de mathématiques.

Michael Callaway, un écrivain et un artiste qui a fait de nombreuses recherches sur la sorcellerie, estime qu’aux Etats-Unis il y a plus de 10.000 groupes de sorcières, comprenant chacun entre trois à treize membres. « Ces groupes sont très discrets. Leurs membres considèrent que la sorcellerie est leur religion et il faut souvent des années avant qu’ils n’acceptent un nouveau membre. »

Avant de vous moquer des gens comme Callaway ou Gardner, pensez qu’autrefois les gens étaient tout aussi sceptiques au sujet des monstres marins. Aujourd'hui nous savons que ce sont des baleines ou des calmars géants. Peut-être que la réponse aux sorcières est tout aussi simple.

En tout cas faites attention si vous assistez à une fête d’Halloween. Certains des esprits qui vous entourent seront bons et certains mauvais. Nous espérons que vous pourrez repérer qui est une sorcière !