L’idée d'une « cour extérieure » comme un lieu où les leaders de groupe peuvent
rencontrer de potentiels Initiés, leur donner une formation de base et décider
ensuite si les gens sont prêts à être Initiés, se répand de plus en plus. J’ai
parlé avec Jean Williams sur la façon dont Pagan Pathfinders a évolué pour
devenir une cour extérieure, elle a expliqué comment elle pense que c’est arrivé
et qu’est ce que cela a apporté.
Si j’ai bien compris vous découvert l’Art comme une tradition expérientielle au
milieu des années 1960.
Jean : C’est ça. Le coven ne faisait pas de formation. Il n’y avait aucune
formation formelle et était parfois informel dans d’autres cas : cette idée que
vous deviez demander et attendre un an et un jour, c’était plus du genre :
« Nous allons t’Initier ce soir sauf si tu dis non. »
Et vous êtes devenu plus tard Grande Prêtresse du groupe ?
Jean : Oui, au milieu des années 70, c’est à peu près à l’époque où nous avons
fondé Pagan Pathfinders. J’avais commencé ça en partie en raison de tout le
travail que j’avais fait en Psychologie Humaniste.
Comment vous êtes-vous impliquée dans la Psychologie Humaniste ?
Jean : Comme psychologue qui était aussi sur un chemin spirituel, je me suis
intéressée aux idées sur le potentiel humain et l’épanouissement personnel qui
commençaient à être mises en avant par les psychothérapeutes d’avant-garde. La
Psychologie Humaniste a émergé d’une synthèse de nouvelles approches des
« personnes dans leur ensemble » en psychothérapie et les aventures
psychédéliques d’expansion de la conscience des années 1960. Les gens ont
commencé à réaliser que tout le monde, pas seulement les névrosés, peut
bénéficier de ces nouvelles techniques thérapeutiques et que nous avons tous un
potentiel énorme de développement personnel. En fait, cette application des
nouvelles thérapies a été appelée « le mouvement du Potentiel Humain » : elle
utilisait principalement le travail de groupe, en utilisant des techniques
thérapeutiques, mais dans un contexte où chaque individu était responsable de sa
propre participation et allait à son propre rythme. Il n’y avait aucune relation
patient-thérapeute en tête à tête. Le groupe de travail comprenait les
interactions personnelles telles que les problèmes liés à la colère,
l’expression des émotions, l’affirmation de soi, etc., ainsi que le travail sur
des préoccupations personnelles.
Jean : Je pense que c’est la première femme de Fred qui m’a dit : « Quand vas-tu
commencer à enseigner une partie des choses que tu as apprises ? » « Euh, euh,
euh, qu’est ce que je vais faire avec ça ? » Je me suis dit que les gens de la
Psychologie Humaniste avaient vraiment besoin d’une sorte de lien avec les voies
spirituelles natives britanniques et qu’ils n’étaient pas obligés d’aller en
Extrême-Orient. A cette époque, je voyais qu’il y avait des groupes wiccans qui
se brouillaient les uns avec autres, des groupes qui se séparaient, des membres
ne se parlaient plus et ainsi de suite, je me suis donc dit : « Ils ont besoin
de Psychologie Humaniste ». Je me suis donc dit que j’allais essayer de faire
une sorte de mélange des deux. Ainsi Pagan Pathfinders est devenu notre
formation exotérique et notre mode de sélection, car nous avons eu bon nombre de
membres qui sont passés à cette époque par Pagan Pathfinders.
Ce ne devait pas être une cour extérieure en tant que telle ?
Jean : Pas dans un premier temps. Je pensais que je voudrais plutôt essayer de
faire quelque chose de ce genre puis j’ai découvert que j’avais un don pour
cela, parce que toutes ces idées surgissaient dans ma tête comme cela se passe
quand vous êtes sur la bonne voie. J’avais l’impression que Pagan Pathfinder
commençait à avoir une vie propre. Je me suis dit : « Si je peux le faire,
n’importe qui peut le faire. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de gens qui font ce
genre de chose ? » Je suppose que peu à peu les gens ont commencé à faire le
même type de chose. Pagan Pathfinders a toujours eu un important côté
Psychologie Humaniste : nous utilisons la conscience du corps, la danse et la
méditation pour l’exploration intérieure de voies sur lesquelles nous nous
limitons, puis nous utilisons les
mythes et les images païennes comme sources d’inspiration archétypale de sagesse
et pour nous renforcer.
Donc, si vous vous intéressiez à la mythologie et aux archétypes, était-ce par
le mythe britannique ?
Jean : Non, lors de toute mon éducation j’étais bien plus intéressée par les
mythes grecs et romains. C’étaient les histoires que j’avais lues, et elles
avaient été en quelque sorte intégrées à mon éducation. Je pense que c’était une
éducation traditionnelle, classique comme autrefois. Ensuite j’étais très
attirée par les mythes égyptiens. Et l’iconographie. En fait, je n’ai jamais été
attirée par les mythes britanniques. Je les ai toujours trouvés extrêmement
déroutants. Je suppose que d’une certaine façon ils n’ont jamais été très clairs
pour moi, les personnalités archétypales ne sont pas apparues. Je suppose que
c’est en partie parce que les mythes, les dieux et déesses grecs et romains sont
tellement associés à l’astrologie, à la désignation des jours de la semaine et
ce genre de choses.
Ainsi, Pagan Pathfinders a commencé comme un moyen d’exprimer et d’enseigner une
partie de la formation Humaniste que vous aviez vous-même suivie.
Jean : Oui, c’est ça, pour explorer ce type particulier de la créativité en
utilisant la méditation et méditation guidée, et j’ai constaté que je pouvais
diriger un groupe et amener les gens à entrer en eux-mêmes et avoir une
expérience.
Encore une fois,
ça a toujours été
expérimental.
Ainsi les membres ont la possibilité d’en apprendre plus sur les outils
permettant l’exploration de soi, comme la méditation guidée ?
Jean : L’idée de Pagan Pathfinders est que les gens aient un aperçu d’eux-mêmes,
qu’ils aient de nouvelles perspectives sur leurs problèmes et de trouver
l’inspiration quant à la voie à suivre : ce qu’ils pourraient faire pour changer
les choses dans leur vie ou laisser des aspects d’eux-mêmes s’épanouir encore
plus - ce genre de chose. Donc, j’espère donner des outils aux gens pour faire
cela, les rendre plus forts et les inspirer quant à ces possibilités et leur
apporter un certain optimisme dans leur vie, mais aussi, je l’espère, montrer
que c’est vraiment facile et simple d’enseigner ce genre de chose à d’autres
personnes. J’espère qu’ensuite les gens pourront préparer leurs propres
méditations guidées, leurs propres rituels et gérer leur propre exploration
intérieure et se renforcer.
Pagan Pathfinders n’est pas un one-woman show.
J’encourage les gens
qui ont participé au groupe pendant un certain temps à se lancer. Je pourrais
dire, « Qui est volontaire pour préparer pour un rituel de Samhain pour Pagan
Pathfinders cette année ? » Des gens, qui participent à Pagan Pathfinders, ont
aussi l’expérience d’autres formes de développement spirituel. Il y a une
personne qui s’intéresse beaucoup à la dance à « cinq rythmes » de Gabriel Roth
et ainsi une fois elle a organisé une soirée de danse et de mouvement. Nous
avons eu des soirées sur le seidr nordique, sur l’alphabet celtique des arbres
et tout un petit cours sur les Tarots.
Ainsi, au lieu d'être juste une source de méditations guidées pour l’exploration
intérieure, Pagan Pathfinder est devenu un lieu où les personnes ayant des
compétences variées peuvent venir et les partager.
Jean : Tout à fait, entre autres choses. Certaines personnes viennent juste pour
l’expérience. Chaque session de Pagan Pathfinders commence habituellement avec
des mouvements, un peu comme de la méditation en mouvement, de la danse ou du
chant, ce qui fait agite l’énergie, puis il y a une méditation assise suivie
soit par une méditation guidée soit un rituel informel. Voilà la trame générale.
Comment les années d’expérience au sein de Pagan Pathfinders ont nourri
l’expérience au sein du groupe ?
Jean : Si quelque chose a vraiment bien marché dans Pagan Pathfinders, je vais
le présenter lors d’une réunion du coven, sans leur dire d’où ça vient.
Et les gens ? Avez-vous senti une différence dans la façon dont les gens
arrivent au sein du groupe et dans la façon dont ils arrivent au sein du groupe
dans ce genre de contexte ?
Jean : Oui. Avant c’était processus très laborieux pour assimiler les gens au
groupe, sauf s’ils faisaient partie de notre cercle d’amis. Parce que nous
devions faire en sorte de les amener dans notre cercle d’amis et s’ils vivaient
en dehors de Londres, cela prenait souvent un temps assez long. Cela pouvait
durer bien être plus d’un an et un jour, avant d’assez bien les connaitre pour
pouvoir dire : « C’est bon nous allons t’Initier. » Il n’y avait pas beaucoup de
moyens pour arriver jusqu’à nous, il fallait très souvent connaitre quelqu’un
qui connaissait quelqu’un.
Pagan Pathfinders nous permet de connaître bien plus les gens. Beaucoup de ceux
qui viennent à Pagan Pathfinders ne sont pas conscients qu’il y a un coven. Nous
n’en faisons pas la publicité ni ne disons qu’il y a un coven. Il y a des gens
déjà Initiés qui viennent - ils ont tendance à parler beaucoup plus librement
que nous le ferions. Ainsi, d’autres personnes découvrent qu’il y a peut être un
coven ici.
Nous prenons les choses plus facilement avec l’âge. Nous ne nous sentons obligés
de trouver de nouveaux membres ou d’attirer de nouvelles personnes à la wicca,
mais si quelqu’un pose la question, nous pourrions y penser, nous nous sentons
plutôt bien avec notre petit groupe de personnes avec qui nous pratiquons
régulièrement depuis bien longtemps maintenant. Il y a en cela une sorte de
confort et de proximité. Je suis très heureuse lorsqu’un couple d’initiés met en
place son propre coven, composé entièrement de personnes de Pagan Pathfinders.
Et quand est-ce que Pagan Pathfinders a débuté ?
Jean : J’ai fondé Pagan Pathfinders en 1974 ou 1975 – c'est-à-dire il y a
presque 30 ans (NDT : en 2004).
Est-ce que des gens passent par divers groupes via une seule cour extérieure qui
leur est liée ?
Jean : Je pense que cela arrive. J’en ai entendu parler, oui. Nous ne faisons
pas partie d’un réseau de covens - à un moment donné, nous avions l’habitude de
nous retrouver tous dans un bois à proche de Guildford. Ce groupe de covens
parlait de diverses choses. Je ne me souviens pas que des gens d’un groupe soit
passé d’un coven à l’autre. Certes Madge W. faisait ce genre de choses. Madge
était très bonne pour former les gens. Nous n’avons jamais pu éjecter un de nos
membres en lui disant, va voir ailleurs et forme ton propre coven. Madge elle
disait : va maintenant former ton propre coven, voici ton Grand Prêtre, mettez
vous ensemble et vous formez un coven, voici votre premier Initié.
Alors
peut être
des familles
de covens au sein des lignées.
Et c’est ce que Madge avait l’habitude de faire. Je pense que c’est la meilleure
façon de le faire, oui, des familles de covens au sein d’une tradition.
Une grande partie de ce que j’ai lu et qui était absolument la fois inspiré et
inspirant, m’est venu en privé et tranquillement. Je ne pense pas que nous
partagions très souvent publiquement notre art inspiré. Nous semblons vouloir
garder cela privé.
Les Américains sont beaucoup plus ouverts à ce sujet. Je pense que la tradition
de Starhawk contient beaucoup de très belles choses qu’on retrouve dans certains
de ses rituels publiés dans ses livres.
Je suis vraiment étonnée de voir ce qui se produit parfois dans Pagan
Pathfinders : nous avons médité sur une déesse ou un dieu particulier, ou une
personnification particulière de certains aspects d’une saison. Je les fais
aller en eux et sentir un désir de communiquer avec cette divinité, puis je
dis : « Maintenant, rédigez une invocation. » Je suis étonnée de la qualité de
ce qui en sort. Nous traçons un Cercle puis nous faisons une méditation guidée
et chacun lit son invocation, c’est vraiment très puissant et d’une incroyable
qualité. Chaque personne n’a écrit qu’environ cinq lignes, mais mises bout à
bout cela donne quelque chose de très beau. Les gens trouvent des images
merveilleuses. Tous ont des points de vue différents. J’encourage les membres de
Pagan Pathfinders à me laisser une copie de ce qu’ils ont écrit, pour que je
puisse les inclure ensuite dans le livre de Pagan Pathfinders : ils découvrent
qu’eux aussi peuvent écrire des choses merveilleuses. Ils peuvent trouver ce
petit fil d’inspiration en eux-mêmes.