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Pagan Pathfinders, une Cour Extérieure Humaniste (à relire)
une interview de Jean Williams par Ash Russell 2004

L’idée d'une « cour extérieure » comme un lieu où les leaders de groupe peuvent rencontrer de potentiels Initiés, leur donner une formation de base et décider ensuite si les gens sont prêts à être Initiés, se répand de plus en plus. J’ai parlé avec Jean Williams sur la façon dont Pagan Pathfinders a évolué pour devenir une cour extérieure, elle a expliqué comment elle pense que c’est arrivé et qu’est ce que cela a apporté.

Si j’ai bien compris vous découvert l’Art comme une tradition expérientielle au milieu des années 1960.
Jean : C’est ça. Le coven ne faisait pas de formation. Il n’y avait aucune formation formelle et était parfois informel dans d’autres cas : cette idée que vous deviez demander et attendre un an et un jour, c’était plus du genre : « Nous allons t’Initier ce soir sauf si tu dis non. »

Et vous êtes devenu plus tard Grande Prêtresse du groupe ?
Jean : Oui, au milieu des années 70, c’est à peu près à l’époque où nous avons fondé Pagan Pathfinders. J’avais commencé ça en partie en raison de tout le travail que j’avais fait en Psychologie Humaniste.

Comment vous êtes-vous impliquée dans la Psychologie Humaniste ?
Jean : Comme psychologue qui était aussi sur un chemin spirituel, je me suis intéressée aux idées sur le potentiel humain et l’épanouissement personnel qui commençaient à être mises en avant par les psychothérapeutes d’avant-garde. La Psychologie Humaniste a émergé d’une synthèse de nouvelles approches des « personnes dans leur ensemble » en psychothérapie et les aventures psychédéliques d’expansion de la conscience des années 1960. Les gens ont commencé à réaliser que tout le monde, pas seulement les névrosés, peut bénéficier de ces nouvelles techniques thérapeutiques et que nous avons tous un potentiel énorme de développement personnel. En fait, cette application des nouvelles thérapies a été appelée « le mouvement du Potentiel Humain » : elle utilisait principalement le travail de groupe, en utilisant des techniques thérapeutiques, mais dans un contexte où chaque individu était responsable de sa propre participation et allait à son propre rythme. Il n’y avait aucune relation patient-thérapeute en tête à tête. Le groupe de travail comprenait les interactions personnelles telles que les problèmes liés à la colère, l’expression des émotions, l’affirmation de soi, etc., ainsi que le travail sur des préoccupations personnelles.

Comment est-ce que tout cela se conjugue avec la progression sur un chemin spirituel ?
Jean : Les gens ont tendance à trouver, quand ils se lancent dans une quête d’épanouissement personnel, qu’ils éprouvent des états élevés de conscience élargie, un sentiment d’unité avec tout. Cela développe leur sens du spirituel, mais pas nécessairement un désir pour les religions monothéistes. Dans les années 1970 les gens dans le mouvement du Potentiel Humain sont allés en masse vers l’Inde ou ont rejoint la Fondation Rajneesh en Grande-Bretagne. J’étais déjà une sorcière et je n’arrivais pas comprendre pourquoi ils ne pouvaient pas trouver ce qu’ils cherchaient dans nos propres traditions Païennes. La raison était, bien sûr, que les Païens étaient désorganisés et les sorcières (moi aussi) avaient tendance à être très discrètes sur les activités spirituelles.

Comment avez-vous initié Pagan Pathfinders?
Jean : Je pense que c’est la première femme de Fred qui m’a dit : « Quand vas-tu commencer à enseigner une partie des choses que tu as apprises ? » « Euh, euh, euh, qu’est ce que je vais faire avec ça ? » Je me suis dit que les gens de la Psychologie Humaniste avaient vraiment besoin d’une sorte de lien avec les voies spirituelles natives britanniques et qu’ils n’étaient pas obligés d’aller en Extrême-Orient. A cette époque, je voyais qu’il y avait des groupes wiccans qui se brouillaient les uns avec autres, des groupes qui se séparaient, des membres ne se parlaient plus et ainsi de suite, je me suis donc dit : « Ils ont besoin de Psychologie Humaniste ». Je me suis donc dit que j’allais essayer de faire une sorte de mélange des deux. Ainsi Pagan Pathfinders est devenu notre formation exotérique et notre mode de sélection, car nous avons eu bon nombre de membres qui sont passés à cette époque par Pagan Pathfinders.

Ce ne devait pas être une cour extérieure en tant que telle ?
Jean : Pas dans un premier temps. Je pensais que je voudrais plutôt essayer de faire quelque chose de ce genre puis j’ai découvert que j’avais un don pour cela, parce que toutes ces idées surgissaient dans ma tête comme cela se passe quand vous êtes sur la bonne voie. J’avais l’impression que Pagan Pathfinder commençait à avoir une vie propre. Je me suis dit : « Si je peux le faire, n’importe qui peut le faire. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de gens qui font ce genre de chose ? » Je suppose que peu à peu les gens ont commencé à faire le même type de chose. Pagan Pathfinders a toujours eu un important côté Psychologie Humaniste : nous utilisons la conscience du corps, la danse et la méditation pour l’exploration intérieure de voies sur lesquelles nous nous limitons, puis nous utilisons les mythes et les images païennes comme sources d’inspiration archétypale de sagesse et pour nous renforcer.

Donc, si vous vous intéressiez à la mythologie et aux archétypes, était-ce par le mythe britannique ?
Jean : Non, lors de toute mon éducation j’étais bien plus intéressée par les mythes grecs et romains. C’étaient les histoires que j’avais lues, et elles avaient été en quelque sorte intégrées à mon éducation. Je pense que c’était une éducation traditionnelle, classique comme autrefois. Ensuite j’étais très attirée par les mythes égyptiens. Et l’iconographie. En fait, je n’ai jamais été attirée par les mythes britanniques. Je les ai toujours trouvés extrêmement déroutants. Je suppose que d’une certaine façon ils n’ont jamais été très clairs pour moi, les personnalités archétypales ne sont pas apparues. Je suppose que c’est en partie parce que les mythes, les dieux et déesses grecs et romains sont tellement associés à l’astrologie, à la désignation des jours de la semaine et ce genre de choses.

Ainsi, Pagan Pathfinders a commencé comme un moyen d’exprimer et d’enseigner une partie de la formation Humaniste que vous aviez vous-même suivie.
Jean : Oui, c’est ça, pour explorer ce type particulier de la créativité en utilisant la méditation et méditation guidée, et j’ai constaté que je pouvais diriger un groupe et amener les gens à entrer en eux-mêmes et avoir une expérience. Encore une fois, ça a toujours été expérimental.

Ainsi les membres ont la possibilité d’en apprendre plus sur les outils permettant l’exploration de soi, comme la méditation guidée ?
Jean : L’idée de Pagan Pathfinders est que les gens aient un aperçu d’eux-mêmes, qu’ils aient de nouvelles perspectives sur leurs problèmes et de trouver l’inspiration quant à la voie à suivre : ce qu’ils pourraient faire pour changer les choses dans leur vie ou laisser des aspects d’eux-mêmes s’épanouir encore plus - ce genre de chose. Donc, j’espère donner des outils aux gens pour faire cela, les rendre plus forts et les inspirer quant à ces possibilités et leur apporter un certain optimisme dans leur vie, mais aussi, je l’espère, montrer que c’est vraiment facile et simple d’enseigner ce genre de chose à d’autres personnes. J’espère qu’ensuite les gens pourront préparer leurs propres méditations guidées, leurs propres rituels et gérer leur propre exploration intérieure et se renforcer.
Pagan Pathfinders n’est pas un one-woman show. J’encourage les gens qui ont participé au groupe pendant un certain temps à se lancer. Je pourrais dire, « Qui est volontaire pour préparer pour un rituel de Samhain pour Pagan Pathfinders cette année ? » Des gens, qui participent à Pagan Pathfinders, ont aussi l’expérience d’autres formes de développement spirituel. Il y a une personne qui s’intéresse beaucoup à la dance à « cinq rythmes » de Gabriel Roth et ainsi une fois elle a organisé une soirée de danse et de mouvement. Nous avons eu des soirées sur le seidr nordique, sur l’alphabet celtique des arbres et tout un petit cours sur les Tarots.

Ainsi, au lieu d'être juste une source de méditations guidées pour l’exploration intérieure, Pagan Pathfinder est devenu un lieu où les personnes ayant des compétences variées peuvent venir et les partager.
Jean : Tout à fait, entre autres choses. Certaines personnes viennent juste pour l’expérience. Chaque session de Pagan Pathfinders commence habituellement avec des mouvements, un peu comme de la méditation en mouvement, de la danse ou du chant, ce qui fait agite l’énergie, puis il y a une méditation assise suivie soit par une méditation guidée soit un rituel informel. Voilà la trame générale.

Comment les années d’expérience au sein de Pagan Pathfinders ont nourri l’expérience au sein du groupe ?
Jean : Si quelque chose a vraiment bien marché dans Pagan Pathfinders, je vais le présenter lors d’une réunion du coven, sans leur dire d’où ça vient.

Et les gens ? Avez-vous senti une différence dans la façon dont les gens arrivent au sein du groupe et dans la façon dont ils arrivent au sein du groupe dans ce genre de contexte ?
Jean : Oui. Avant c’était processus très laborieux pour assimiler les gens au groupe, sauf s’ils faisaient partie de notre cercle d’amis. Parce que nous devions faire en sorte de les amener dans notre cercle d’amis et s’ils vivaient en dehors de Londres, cela prenait souvent un temps assez long. Cela pouvait durer bien être plus d’un an et un jour, avant d’assez bien les connaitre pour pouvoir dire : « C’est bon nous allons t’Initier. » Il n’y avait pas beaucoup de moyens pour arriver jusqu’à nous, il fallait très souvent connaitre quelqu’un qui connaissait quelqu’un.
Pagan Pathfinders nous permet de connaître bien plus les gens. Beaucoup de ceux qui viennent à Pagan Pathfinders ne sont pas conscients qu’il y a un coven. Nous n’en faisons pas la publicité ni ne disons qu’il y a un coven. Il y a des gens déjà Initiés qui viennent - ils ont tendance à parler beaucoup plus librement que nous le ferions. Ainsi, d’autres personnes découvrent qu’il y a peut être un coven ici.
Nous prenons les choses plus facilement avec l’âge. Nous ne nous sentons obligés de trouver de nouveaux membres ou d’attirer de nouvelles personnes à la wicca, mais si quelqu’un pose la question, nous pourrions y penser, nous nous sentons plutôt bien avec notre petit groupe de personnes avec qui nous pratiquons régulièrement depuis bien longtemps maintenant. Il y a en cela une sorte de confort et de proximité. Je suis très heureuse lorsqu’un couple d’initiés met en place son propre coven, composé entièrement de personnes de Pagan Pathfinders.

Et quand est-ce que Pagan Pathfinders a débuté ?
Jean : J’ai fondé Pagan Pathfinders en 1974 ou 1975 – c'est-à-dire il y a presque 30 ans (NDT : en 2004).

Est-ce que des gens passent par divers groupes via une seule cour extérieure qui leur est liée ?
Jean : Je pense que cela arrive. J’en ai entendu parler, oui. Nous ne faisons pas partie d’un réseau de covens - à un moment donné, nous avions l’habitude de nous retrouver tous dans un bois à proche de Guildford. Ce groupe de covens parlait de diverses choses. Je ne me souviens pas que des gens d’un groupe soit passé d’un coven à l’autre. Certes Madge W. faisait ce genre de choses. Madge était très bonne pour former les gens. Nous n’avons jamais pu éjecter un de nos membres en lui disant, va voir ailleurs et forme ton propre coven. Madge elle disait : va maintenant former ton propre coven, voici ton Grand Prêtre, mettez vous ensemble et vous formez un coven, voici votre premier Initié.

Alors peut être des familles de covens au sein des lignées.
Et c’est ce que Madge avait l’habitude de faire. Je pense que c’est la meilleure façon de le faire, oui, des familles de covens au sein d’une tradition.

Une grande partie de ce que j’ai lu et qui était absolument la fois inspiré et inspirant, m’est venu en privé et tranquillement. Je ne pense pas que nous partagions très souvent publiquement notre art inspiré. Nous semblons vouloir garder cela privé.
Les Américains sont beaucoup plus ouverts à ce sujet. Je pense que la tradition de Starhawk contient beaucoup de très belles choses qu’on retrouve dans certains de ses rituels publiés dans ses livres.
Je suis vraiment étonnée de voir ce qui se produit parfois dans Pagan Pathfinders : nous avons médité sur une déesse ou un dieu particulier, ou une personnification particulière de certains aspects d’une saison. Je les fais aller en eux et sentir un désir de communiquer avec cette divinité, puis je dis : « Maintenant, rédigez une invocation. » Je suis étonnée de la qualité de ce qui en sort. Nous traçons un Cercle puis nous faisons une méditation guidée et chacun lit son invocation, c’est vraiment très puissant et d’une incroyable qualité. Chaque personne n’a écrit qu’environ cinq lignes, mais mises bout à bout cela donne quelque chose de très beau. Les gens trouvent des images merveilleuses. Tous ont des points de vue différents. J’encourage les membres de Pagan Pathfinders à me laisser une copie de ce qu’ils ont écrit, pour que je puisse les inclure ensuite dans le livre de Pagan Pathfinders : ils découvrent qu’eux aussi peuvent écrire des choses merveilleuses. Ils peuvent trouver ce petit fil d’inspiration en eux-mêmes.

 

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!