La Wica
    Textes de/sur Gerald Gardner
    Textes de/sur les Prêtresses de Gardner
    Les Anciennes Lois
    Théologie, Dogmes et Croyances
    Sur la Pratique
    Sur l'Histoire
    Lignée & Traditions
    Le Livre des Ombres
    Le Livre des Plantes
    Les Gens
    L'Initiation
    Le(s) Secret(s)
    La Validité
    Outils et Accessoires

  Le NROOGD

  Dion Fortune & The Society of Inner Light

  Alex Sanders & la Tradition Alexandrienne

  Chamanisme / Faery / Huna

  Magie Enochienne

  Reclaiming / Feri / 3rd Road

  Thelema

  Tubal Cain

  Autres

 

La Librairie

Le Cercle de la Pierre Sorcières

Liens

Dernières mises à jour du site


 

Sorciers des villes : le côté obscur de la force

par J.Pradel

On a tendance à penser que le « progrès » et, surtout l’urbanisation, ont eu raison des pratiques de sorcellerie. On trompe. Vous me direz qu’il suffit de consulter un journal gratuit à la page des petites annonces pour trouver les spécialistes du retour d’affection ou les mages qui vous garantissent trouver un emploi à coup sûr... Mais ça n’est pas à ceux-que je pense...
Tout commence, au mois de juin 1978, à quelques jours solstice de printemps. Nous présentons sur France Inter, Henri Gougaud et moi, l’émission « Ici l’ombre », où chaque soir, de 20 à 22 heures, nous entrouvrons les portes du mystère, en offrant à nos auditeurs une grande balade sur les sentiers sulfureux du paranormal. Des contes, des histoires étranges venues du fond des âges, mais aussi des reportages, des interviews de quelques « empêcheurs de penser en rond» qui pensent, comme nous (et comme Georges Bernanos), que « la vie est infiniment plus belle et plus grande que nous pouvions le croire, même en rêve ».

Le journaliste qui présente les flashes d’information de la soirée s’appelle Jean-Luc Hees (futur patron de Radio-France). À cette époque, le « flashman » dispose d’une secrétaire sténodactylo à qui il dicte, souvent dans l’urgence, son texte. Mais celle-ci est un peu fâchée avec les noms parfois compliqués des ministres ou des chefs d’État étrangers dont il évoque les propos. Lorsqu’elle ne comprend pas le nom, pour ne pas perdre un temps précieux, elle tape : « Le président XXX est arrivé à Paris ce soir »... ou encore : « Lors de son intervention devant l’assemblée des Nations Unies, le président de l’Ouzbékistan, M. XXX, a déclaré… », etc. Parfois, elle oublie de demander au journaliste le nom de cette personnalité avant qu’il ne quitte la rédaction pour se rendre au studio. Cela donne lieu à quelques beaux fous rires, lorsque Jean-Luc se trouve régulièrement piégé en découvrant qu’il manque le nom de la personne dont il doit parler. Il s’en tire en général très bien, par une savante périphrase, mais parfois il se « plante », comme nous disons dans notre jargon, et il repart furieux à la rédaction.
Un soir, après son flash, Jean-Luc Hees me dit : « Toi qui aimes bien les choses bizarres, je te signale que ma secrétaire, que j’ai encore engueulée hier soir parce qu’elle avait mal tapé un nom de personnalité, m’a révélé qu’elle ne s’appelait pas Nicole Martin (son nom d’état civil) mais Diane « Lucifera », grande prêtresse d’une secte de sorcellerie. Elle m’a jeté un sort et m’a prédit que j’allais prochainement me casser une jambe en tombant dans l’escalier. » Et, terminant dans un éclat de rire : « Ça tombe bien, je n’aime que les ascenseurs ! »
Je laisse passer quelques jours, pour laisser s’apaiser la colère de Nicole/Diane, puis je passe à la rédaction, en l’absence de Jean-Luc, pour faire connaissance. « Bonsoir, Jean-Luc m’a dit que vous étiez grande prêtresse d’une secte de sorcellerie. Vous connaissez nos émissions, je serais intéressé par un reportage sur vos activités, mais il faudrait un événement, une occasion pour justifier le sujet. »
Nicole est charmante. Elle accepte aussitôt le principe d’un reportage, en précisant toutefois qu’elle doit interroger son compagnon, Jacques Coutela, par ailleurs grand maître de la Wicca luciférienne, dont elle est elle-même la grande prêtresse. Elle ajoute qu’il sera certainement d’accord pour expliquer au public qui ils sont vraiment, et parler de leurs pratiques fondées sur « l’Ancienne religion », incluant des pratiques chamanistes et druidiques, qu’ils prônent le culte de la nature et qu’ils s’adonnent à des pratiques de magie — « mais de la magie blanche ! », précise-t-elle.
Je lui rappelle qu’elle a quand même jeté un sort sur mon ami Jean-Luc. Elle éclate de rire et précise : « C’était juste pour l’impressionner, il m’avait mise en colère avec des remarques vraiment désobligeantes. »
Quelques jours plus tard, elle me donne l’accord de Maître Jacques, et m’annonce que, dans quelques jours, ils célébreront, dans la forêt de Fontainebleau, une messe « blanche », en compagnie de leurs adeptes, pour remercier les forces de la nature de toutes sortes de bienfaits. Rendez-vous est pris. Puis un coup de téléphone : ils sont désolés, les prévisions météo sont mauvaises. Elle m’apprend qu’il n’est pas possible de prendre le risque de subir du froid et des averses, car, pour la cérémonie, ils doivent tous être intégralement nus ! Elle m’appellera quand ils auront trouvé une solution de rechange.
Le lendemain, elle me propose de les rejoindre chez eux, dans la banlieue parisienne où, exceptionnellement, ils organiseront le sabbat du solstice de printemps.

Le sabbat de Clichy-sous-Bois

Lucifer ne pouvant apparemment pas modifier la météo du solstice de printemps, je fus donc convié à rejoindre le sabbat des sorciers de la Wicca, à Clichy-sous-Bois, au troisième étage d’un pimpant HLM, où j’allais enregistrer mon reportage…
La soirée démarre très classiquement, vers 21 heures, par l’ouverture d’une bouteille de vin. À ceci près que je surprends mon hôte en train de murmurer quelques incantations avant de nous servir à boire. Je l’entends dire : « Il est partout, il est partout » trois fois, puis : « Vade retro Jehova, vade retro Jehova! » Il précise : « Vous comprenez, il faut se méfier... « IL » est partout, il est partout !»
J’en profite pour enregistrer une interview rapide qui lancera mon reportage : Qui sont-ils ? D’où viennent-ils? Qu’est-ce que ce mouvement ? Ils se présentent comme des défenseurs de la mémoire de toutes les sorcières brûlées par l’Église et ses grands inquisiteurs. Me révèlent qu’ils perpétuent le culte de Lucifer, et m’expliquent le fonctionnement de la secte. D’une part, il y a l’initiation. Comme c’est secret, ils s’excusent de ne pouvoir m’en révéler le contenu. Puis ils détaillent les deux cérémonies importantes, au cours desquelles les adeptes se réunissent.
La messe noire, une cérémonie luciférienne, organisée pour demander aux forces de la nature d’aider les adeptes à réaliser un objectif particulier. Par exemple, l’une des membres de la secte, professeur d’anglais, a eu recours à une messe noire pour réussir son concours d’agrégation... Ils me décrivent ensuite le rituel : messe à l’envers, crucifix à l’envers, prière à l’envers, prêtre nu sous sa grande cape de cérémonie, qu
i dit la messe sur le corps d’une sorcière nue... Incantations à la déesse Lilith, prononcées par la prêtresse Diane.
La deuxième occasion de se retrouver, dans le convent cette fois, c’est aux grands solstices des quatre saisons, mais aussi parfois aux équinoxes. Une messe blanche, sans demande particulière des adeptes. On célèbre aussi parfois une messe noire pour aider à se débarrasser de quelqu’un, ou pour séduire une personne qu’on veut attirer dans la secte. La messe blanche est dite dans la nature, pour être au plus près des forces cosmiques. Ils m’expliquent qu’ils célèbrent ces forces de la nature pour les remercier de les avoir aidés dans les messes noires.
La soirée se poursuit par les arrivées successives des membres de la secte, un groupe à l’allure banale. Une jeune femme est hôtesse de caisse dans un supermarché, une vieille dame retraitée qui est venue de Nancy se déplace avec des béquilles, se présentent encore un jardinier de Poissy, un chef d’entreprise, un VRP de Bordeaux... Je suis censé être le treizième! Soudain, peu avant minuit, la prêtresse annonce que l’heure est venue. Tous les adeptes commencent alors à se déshabiller et plient méticuleusement leurs affaires qu’ils laissent sur des chaises dans la cuisine-salon-salle à manger. Pour ma part, je reste habillé, avec mon magnétophone professionnel à l’épaule et mon micro à la main, avec lequel j’ai interviewé les adeptes tout au long de la soirée.
Lorsque la prêtresse ordonne : « Rendons-nous à l’occultum ! », une porte peinte de laque rouge au bout du couloir, en fait la chambre à coucher du grand maître, je les suis avec mon Nagra, mon jean et ma chemisette, mais la prêtresse s’exclame : « Ah non, non, n’entrez pas, les forces cosmiques vont vous détruire, il faut que vous soya nu vous aussi !» Je rétorque que je ne suis pas un adepte de la secte, mais un témoin. J’ajoute qu’ils m’ont invité et je les en remercie. Elle demande son avis à Jacques, le grand maître, qui décrète que je risque ma vie en restant habillé. Donc, n’écoutant que ma science professionnelle, je me déshabille et je me sers de mon enregistreur en guise de feuille de vigne. Et je vais m’asseoir sur le lit conjugal.
La cérémonie commence. J’enregistre. Tous les adeptes intégralement nus commencent à former un cercle. Le grand prêtre met en marche un métronome. En rythme, ils tournent autour de la pièce en scandant : « Belzébuth, Belzébuth, Lucifer! » Je risque un : « Mais, et les voisins ? » Il me répond: « Non, ils ont peur, ils ne diront rien. Ils ont peur.» Et ils tournent de plus belle... Ils font appel à tous les diables. La grande prêtresse Diane « Lucifera » prononce d’une voix forte ses incantations à la Déesse Lilith. Le grand prêtre brandit une épée. Il y a de cens qui répand une fumée âcre dans la pièce minuscule, des incantations dans une langue que je n’identifie pas.
Puis arrive l’intronisation, puisque nous sommes tous réunis ce soir pour accueillir les nouveaux adeptes. Les hommes se lacent à genoux jusqu’à la grande prêtresse pour lui baiser le bas-ventre. Et le grand prêtre introduit son sexe dans celui des les prosternées à quatre pattes devant lui. J’apprendrai ultérieurement que la soirée se terminait habituellement de cette façon. Mais, comme ce soir-là il y avait un témoin extérieur, ils ont abstenus d’en faire trop... Je suis parti avant la dernière de de la célébration. Peut-être à cause du côté risible de cette pseudo-messe noire ou de mon envie de retrouver ma pudeur!

 

retour

 

 

Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!