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La Dame dit qu’elle est une Sorcière
Mais elle est du côté des gentils
par Charles Portis in The Boston Sunday Globe du 5 mars 1964

 

La sorcière la plus connue de Grande Bretagne c’est Sybil Leek, une mère de famille un peu boulote de 42 ans. Elle dit être la grande prêtresse d’un coven de sorcières de la New Forest dans le Hampshire. Elle porte un châle noir, un bracelet en forme de serpent et de nombreuses bagues en argent ornées de pierres vertes.
« J’ai dû laisser Jackson dans les toilettes pour dame » lorsque nous nous sommes retrouvés pour déjeuner. Qui ? « Hotfoot Jackson, » a-t-elle dit. « C’est mon petit choucas. » Elle a raconté qu’il danse sur la musique à la radio. Un oiseau comique. Mais et la sorcellerie ?
Mme Leek a bien sûr des réponses. « Notre religion est Dianique, elle a été pratiquée longtemps avant que le christianisme n’arrive en Angleterre.
Nous célébrons nos sabbats (une expression médiévale désignant un rassemblement de sorcières, de démons et de sorciers) quatre fois dans l’année, en plein air dans la New Forest. Les esbats sont des réunions mensuelles plus informelle.
Elle affirme qu’il y a six covens en Grande Bretagne, chacun composé de 13 sorcières.
Elles vont dans une clairière dans les bois (une lande tapageuse) pour les sabbats et nos cérémonies se déroulent autour d’un feu, dit-elle, nous honorons Diane et la lune. Elle ne souhaite pas décrire la cérémonie, mais elle affirme qu’il ne s’y passe rien de malsain. On y voit un chaudron et des animaux.
Elle dit qu’elle pratique une sorcellerie blanche qui est différente de la nécromancie des sorcières noires. Les adeptes de la magie noire sont ceux qui donnent à la sorcellerie une mauvaise réputation, dit-elle, en profanant des églises et des cimetières, en célébrant des messes noires et en abandonnant des cœurs de mouton avec des aiguilles d’aubépine plantées dedans.
Il y a eu il n’y a pas longtemps toute une histoire dans ce genre dans la campagne anglaise et un vicaire d’un certain âge a été envoyé sur placepour envoyer un sort à ceux qui avaient souillé son église.
« Il a gâché sa salive » a ditMme Leek. « On ne peut pas juste prononcer une malédiction comme ça et espérer que ça marche. Il faut la préparer. Il faut le faire au bon moment de la journée. »
Quel est le but de la sorcellerie ? « C’est une religion, » dit-elle « Une façon de vivre. »Elle a parlé pendant un moment de la réincarnation et de son absorption éventuelle dans « la force de vie universelle. » Elle a parlé du verset biblique : « Tu ne laisseras point vivre la sorcière. »
« Le roi James l’a mis en pratique, » dit-elle. « Il pensait qu’il y avait un complot de sorcières pour le tuer. Il faudrait plutôt lire : « Tu ne laisseras point vivre l’empoisonneur. »
Mme Leek est mariée et a deux fils, âgés de 12 et 13 ans. « Le cadet est très occulte. L’ainé ne s’y intéresse pas du tout. » Elle gère un magasin d’antiquités dans le village de New Milton, à environ 160 km de Londres. Son époux ? « C’est quelqu’un de compréhensif. »
Elle est venue à Londres en mission pour débattre avec un médiéviste américain, le professeur Russell Hope Robbing. Le Dr. Robbins, de l’Université Columbia, était en ville pour faire une conférence niant l’existence de la sorcellerie.
Intrépide, Mme Leek attendait avec impatience la déconfiture du professeur Robbing quand elle et 30 ou 40 autres sorcières se sont présentées à la conférence de l’University College.
Après le déjeuner, elle est allée chercher son choucas aux toilettes des dames et l’a mis sur son épaule. Elle a babillé avec lui. Est-ce un petit homme emplumé ?)
L’auditorium du collège s’est rapidement rempli ce soir-là : des étudiants, des journalistes et des membres de la folkloresociety qui parrainait l’évènement. Au côté de Mme Leek les autres sorcières, hommes et femmes, étaient assises.
Un peu perplexe, les bras croisés en signe de défi, elles avaient l’air d’une délégation de la Flying Saucer Society.

Pas de preuve
Lors de sa conférence« Le Sabbat Synthétique », le Dr. Robbins a démoli la sorcellerie. Un tel culten’a jamais existé, a-t-il dit, tout cela ne fut qu’une création de l’Inquisition.
Tous les aveux ont été obtenus sous la torture et ils se ressemblent tous à cause du genre de questions posées par les inquisiteurs.
« C’est l’un des phénomènes les plus documentés en Europe occidentale », a-t-il dit. « Vous pouvez retrouver le nom de presque tous ceux qui ont été exécutés, leur nombre fut, a-t-il dit, de 100 000 tués en Allemagne, 100 000 en France, 4 500 en Écosse et 1 000 en Angleterre).
Mais il a dit « qu’il n’y a pas la moindre preuve historique que le sabbat n’ait jamais existé. »
Feue le professeur Margaret Murray a donné une nouvelle vie à la légende avec ses livres et son article dans l’Encyclopaedia Britannica, mais elle était « ignorante »dans son sujet de prédilection. « Tout comme les inquisiteurs ont imaginé le sabbat, Murray a imaginé le coven. »
A tort ou à raison, la conférence fut une démonstration impressionnante d’érudition et quand il s’est assis même les sorcières étaient abasourdies. Leslie Roberts, un homme un peu rougeot venant de Brighton atenté mollement d’embarrasserle professeur en lui posant des questions sur des dessins dans une grotte des Pyrénées.
« Cette grotte n’est pas dans les Pyrénées. » a retorqué le professeur Robbins et la localisant correctement.
« Mais, il y a aussi des dessins dans les Pyrénées. » a dit Roberts en se rasseyant.
Qui allait être démoli ensuite ? Tout le monde s’est tourné dans la direction de Mme Leek, assise là avec cet oiseau de son épaule. Il avait braillé pendant tout le discours. Finalement, elle s’est levée et s’est lancée.

 

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!