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La Déesse est vivante à Guernesey
par A.P.Long version française Tof

La petite île de Guernesey dans la Manche est la demeure de deux importantes statues préhistoriques de Déesse ainsi que de nombreux dolmens et autres monuments mégalithiques, certains d’entre eux étant en particulièrement bon état. Lors d’une visite sur place, vers l’équinoxe d'automne 1994, je me suis senti considérablement bénie de pouvoir rencontrer et expérimenter certains de ces monuments.

Les Déesses sont appelées « gran’mères » par les locaux et on les qualifie aussi de « terre-mères ». Elles semblent être connues, mais à moins d’avoir une idée précise de ce que vous cherchez, il peut être difficile de les trouver car l’industrie touristique les ignore plus ou moins et on n’en trouve nulle représentation ou carte postale dans les magasins. En fait, on peut en trouver dans les églises où se trouvent les Déesses, dans les deux cas à une place d’honneur.

La Gran’mère  à Catel se trouve en hauteur à l’entrée de l’église. On dit qu’elle date de 2500-1800 avant notre ère. Elle a été trouvée en 1878 enterrée sous le chœur. Il est très intéressant qu’elle ait été alors placée en un lieu où tous ceux qui entrent et sortent de l’église la voient et passent très près d’elle. Les locaux pensent que l’église se trouve sur un emplacement qui autrefois lui était consacré et cela semble normal.

L’autre Déesse mégalithique se trouve à l’Eglise de St Martin. Elle est placée à la porte du cimetière et là encore tous ceux qui entrent dans le cimetière ou dans l’église passent à côté d’elle. Le jour où j’y suis allée il y avait un enterrement, c’était extrêmement émouvant de voir le cortège passer devant elle et sous ses yeux. Cette statue est décrite comme étant une représentation Néolithique de la Déesse Mère préhistorique mais on pense que son visage et le manteau ont été ajoutés à l’époque Gallo-Romaine (entre 2OO avant notre ère et l’an 200). Un préhistorien local, J. Stevens-Cox qui fort sympathiquement m’a personnellement fourni de nombreuses informations, parle de cette Déesse dans son livret Prehistoric Monuments of Guernsey : « Au début du 19ème siècle on disait que c’était une ‘idole des habitants indigènes’. Il y a un folklore important autour de La Gran’mère et jusqu’à une période relativement récente on considérait qu’il était bénéfique de placer une offrande de fruits ou de fleurs aux pieds de la statue… J’ai parlé à des habitants âgés qui m’ont dit que quand ils étaient jeunes, le 1er mai, ils plaçaient des fleurs à ses pieds et sur sa tête parce que cela portait bonheur… Sur place la Gran’mère était aussi appelée « la Grand-mère de Jules César »

J’ai pu aller voir quelques magnifiques dolmens et allées couvertes sur l’île. Il y une tombe mégalithique appelée La Dehus qui se trouve en un lieu appelé comme par hasard ( !)  Paradis. Ici vous entrez en courbant le dos dans un passage étroit et vous arrivez dans un espace circulaire plus élevé construit avec des mégalithes et une unique pierre centrale. Apparemment autrefois le tombeau était entouré d’un cercle de pierres. J’utilise le mot tombeau car c’est ainsi qu’il est décrit dans le guide, mais en fait le mot matrice serait bien plus précis. C’est un endroit sûr avec une atmosphère merveilleuse de paix et de calme. Avant d’atteindre la chambre principale il y a des chambres doubles (une de chaque côté du passage) et en entrant dans la chambre principale vous voyez, sur la pierre angulaire, une gravure représentant un être humain (probablement un homme car il semble être barbu mais ce n’est pas clair) qui est vraisemblablement une « déité païenne ou protectrice de la tombe ».

Une autre expérience merveilleuse est de visiter Le Trépied, un tombeau à une seule chambre situé à Le Catiorec dans la paroisse de St Saviour. Il se trouve sur une sorte de promontoire au-dessus de la mer sur une plage rocheuse et sauvage. Le Trépied est pour nous d’une importance particulière. Il serait le mégalithe le plus célèbre de Guernesey car il était (et est ?) le lieu de réunion des sorcières. Stevens-Cox écrit : « Au 17ème siècle il était réputé être fréquenté à minuit par des sorcières et des magiciens et un des Sabbats principaux de Guernesey y avait lieu chaque vendredi soir… même à la fin du 19ème siècle, aucune femme respectable du voisinage ne serait allée près de Le Catiorec la nuit du vendredi ». On dit aussi que selon les « confessions » de sorcières, le diable s’y rendait et était appelé Baal Berit ou Barberie. C’est assez intéressant car Baal Berit peut être traduit de l’Hébreu par « Le Seigneur promis ». Y a-t-il ici une coïncidence ou est-ce intentionnel ?

Quant à Barberie on pense généralement que ça a quelque chose à voir avec des pirates et la Côte Barbaresque. A nouveau le site bénéficie d’une atmosphère positive et apaisante nette, un jour de grand vent, l’intérieur du monument était silencieux et sûr. Le nom de Le Trepied fait référence, dit-on, aux trois grandes pierres angulaires mais il nous fait aussi penser à la Triple Déesse.

Il y a de nombreux autres sites mégalithiques sur l’île et c’est une véritable chasse au trésor que de les trouver. Ils font partie du passé et du présent. Par exemple j’ai entendu dire que « les sorcières blanches » y pratiquent toujours. Quelqu’un m’a dit que quand un nouveau projet était annoncé et que ceux du coin n’en veulent pas, ils font appel aux sorcières blanches et le projet est abandonné. Il y aussi un groupe de cercles mégalithiques plus petits près de la côte à extrême sud-ouest appelé Anneaux des Fées où les sorcières se rencontrent toujours.

Lorsque je suis rentrée chez moi et que j’ai décrit ma visite à une voisine, elle m’a dit qu’elle avait vécu à Alderney, une île voisine encore plus petite, pendant dix ans. Il y avait là un grand dolmen, m’a-t-elle dit, mais personne n’y faisait attention. Je me suis aussi souvenue qu’à Jersey, une des plus grande des îles anglo-normandes, il y a un remarquable très grand cairn néolithique appelé La Hougue Bie.

Pour finir il est important de se souvenir de la persécution de sorcières sur ces îles. Au Musée des Sorcières à Jersey il y a un document honorant leurs noms accroché au mur et un livre disponible sur place les énumère également toutes. Il s’agit d’un livre plutôt ardu intitulé These Haunted Islands par Chris Duc et sous-titré The story of Witchcraft in the Channel Islands.

Bien que présenté de façon plutôt sensationnaliste, on y trouve certaines informations factuelles intéressantes. Les minutes des dossiers judiciaires et des décisions du Tribunal sont d’une importance toute particulière. La lecture des noms et des sanctions est terrifiante et inspiratrice. Lorsque j’ai quitté l’île, j’ai senti que cela renforçait non seulement notre connaissance de l’Histoire et de son histoire mais que cela nous inclut aussi dans le cercle sans fin et ininterrompu.

Post-scriptum. Après mon retour j’ai trouvé plus d’informations sur les sites de l’Age de Pierre dans les îles Anglo-Normandes. La Hougue Bie à Jersey est magnifique, mais ce n’est qu’un monument parmi tant d’autres. Le guide officiel des Musées de Jersey traitant de l’archéologie de Jersey décrit La Cotte de St. Brelade comme «  de loin le site paléolithique le plus important de Jersey, en effet la seule grotte / abri des Iles Britanniques où l’on trouve une séquence de dépôts approchant la variété et l’importance de ceux qu’on trouve généralement dans le sud-ouest de la France. « Non seulement de grandes quantités de grands os animaux surtout de mammouths et de rhinocéros y ont été découverts, mais aussi des os d’habitants humains de la période Neandertal. Il y a de nombreux tombeaux, dolmens et de menhirs du néolithique postérieur, alors que l’âge du bronze a fourni des outils, des poteries et des bijoux.

Il est nécessaire de noter qu’un dolmen déterré à Jersey près de St Helier a été déplacé, avec l’accord du Gouvernement de Jersey, par le gouverneur d’alors, Marshal Conway, vers sa maison de campagne à Henley. Encore une triste histoire : un menhir, situé sur l’île de Herm servait pendant des milliers d’années de borne maritime pour les marins, les avertissant quand ils approchaient d’un groupe de roches dangereuses. Il a été abattu pour être emmené en Angleterre mais comme il était trop lourd il a été brisé et ses débris furent utilisés comme du vulgaire granit. Cette histoire est racontée par John Uttley dans son livre The Story of the Channel Islands (Faber 1966). Décrivant les hommes qui ont bâti les menhirs, il écrit (p.13-14) : « pour préserver ceci [la fertilité de l’homme, du sol et des animaux] il fallait se rendre favorables les esprits de la terre et de l’eau et la grande Déesse-Mère, le génie qui gouverne toute croissance, devait être adorée. »

Ainsi, si nous traversons l’eau et nous rendons sur ce groupe de petites îles, nous La trouvons là, non seulement sur Ses sites mais aussi dans la mémoire des descendants de ceux qui l’ont adorée.

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Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!