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Je suis un
Sorcier
par Thomas Stafford
(in SAMEDI-SOIR du 10 août 1955)
Dans un moulin tricentenaire de l’île de Man
Le dernier
des sorciers crée le « musée de la magie »…
Oui, je suis un
sorcier, et j’en suis fier !
Les yeux bleus ont lancé un éclair dans le visage triangulaire. Un Zodiaque
brille au-dessus des cheveux blancs. La grande épée a tremblé près du cercle
magique. Gerald Brosseau Gardner, « docteur en magie et en sorcellerie », reçoit
l’envoyé spécial de SAMEDI-SOIR dans le moulin qu’il habite à Castletown,
ancienne capitale de l’île de Man.
- Je suis même un des derniers, précise-t-il, à pratiquer la sorcellerie en
Grande-Bretagne : mais non le seul. Ici et là, dans le Sud et l’Est surtout,
quelques fidèles se réunissent encore en secret pour célébrer le culte…
Dit ailleurs cela prêterait à sourire. Ici, cela ne paraît pas tellement
extraordinaire. Ce vieux moulin où se retranchèrent les royalistes au temps des
guerres de Cromwell, le docteur Gardner en a fait un musée unique au monde : le
musée de la magie et de la sorcellerie. Sur des tables, des autels, sont
disposés les objets rituels. Une impressionnante collection d’épées et
d’arbalètes encombre les murs. Des grimoires sont ouverts sur des lutrins polis
par l’usage. Dans la poche arrière de son pantalon de velours, le docteur porte
constamment une dague de sorcière :
- Celle dont je me sers, explique-t-il, pour tracer le cercle magique.
Marqué des signes du Zodiaque et de divers emblèmes cabalistiques, le « Cercle »
occupe en effet tout un coin de la sombre pièce. L’autel d’initiation se trouve
au centre, non loin d’un immense chaudron. On s’attend presque à voir surgir par
la fenêtre, la nuit du Sabbat, une sorcière montée sur son balai. Mais le
docteur Gardner éclate de rire dans sa barbiche blanche.
Membre d’un
« coven » d’initiés
- Quelles balivernes
ne raconte-t-on pas sur nous ! On ne s’imagine par exemple que nous nous
promenons la nuit sur des balais. Hi ! hi ! Jamais on n’a vu un sorcier sur un
balai. La vérité est que nous montons parfois sur des perches au cours des
danses de la fertilité. Ces perches figurent un cheval : alors évidemment, il
faut les enfourcher et sauter très haut, parce que, plus haut l’on saute, plus
haut s’élève la moisson. Mais un balai !…
Le docteur Gardner lève les yeux au ciel. Il fait des efforts louables,
d’ailleurs, pour détruire les légendes répandues sur les sorciers par leurs
ennemis : celles de dire des messes noires, par exemple, sur des corps de filles
nues, d’organiser des orgies ou d’entretenir des rapports avec le diable. C’est
complètement faux.
Evidement, les sorciers croient que le pouvoir magique réside dans le corps. Or
il faut l’en faire sortir : ce qui est beaucoup plus facile s’il n’y a pas
d’écran. De là que certains adeptes retirent leurs vêtements.
De la même manière, l’extériorisation du pouvoir magique est facilitée par un
certain état d’extase. On utilise donc volontiers des stimulants : vin, musique,
tambour. Puis les fidèles se mettent à danser en tournant autour du cercle.
- Quand au diable, ajoute, méprisant, le docteur Gardner, nous ne savons même
pas ce que c’est, mais il est vrai que nous révérons parfois un dieu cornu.
C’est ce qu’on a toujours fait en Europe depuis l’âge de pierre.
C’est que, pour le docteur Gardner, les pratiques de sorcellerie ne sont rien
d’autre que les survivances d’une ancienne religion préhistorique : celle que
pratiquaient les Celtes en France et en Angleterre surtout, avant l’arrivée du
christianisme. Soutenue par un certain nombre d’anthropologistes, et notamment
par Mrs. Margaret Murray, cette thèse a trouvé dans le docteur Gardner un
partisan fanatique. Et la religion des sorcières, il s’attache non pas même à la
faire revivre, mais à lui garder la vie qu’elle n’a pas, selon lui, cessé
d’avoir.
Il ne s’agit pas, insiste-t-il d’une reconstitution artificielle, mais d’une
authentique survivance de pratiques transmises de siècle en siècle depuis les
temps les plus anciens. Des « coven » - c’est ainsi qu’on nomme les sociétés de
sorciers – se seraient donc perpétués, notamment depuis le moyen âge, résistant
à toutes les persécutions et comptant en leur sein de grands « initiés » comme
Jeanne d’Arc. Le docteur Gardner s’affirme membre d’un de ces « coven ».
Un
ex-planteur d’origine française
- Mais comment en
avez-vous eu la révélation ?
Le docteur Gardner n’a pas eu tout de suite conscience de sa mission. Il
cultivait, en Extrême-Orient, le thé et le caoutchouc quand il commença pour la
première fois à s’intéresser à l’invisible. Mais, pratique, il entra au service
du gouvernement malais, dont il reçoit encore une pension ; puis désireux
d’approfondir ses connaissances, il prépara et passa son doctorat de philosophie
à l’université de Singapour.
C’est alors qu’il se retira à l’île de Man pour collectionner les armes
anciennes. Aujourd’hui, sa maison en contient près de deux mille, venues de tous
les coins du monde, sans compter plus de huit cents dagues et poignards.
- Et savez-vous, ajoute-t-il sans liaison apparente, que je suis d’origine
française ? Mes ancêtres vivaient dans un petit village, non loin de Paris.
De pure origine celte, selon lui, il assure donc avoir retrouvé en lui les
pouvoirs traditionnels des sorciers. C’est le cadre de cette religion perdue
qu’il a voulu recréer dans son musée.
- Ainsi, voyez ce cercle, explique-t-il, en désignant la reconstitution du «
cottage de sorcière ». Lors de cérémonies, le prêtre ou le prêtresse préside le
rite. On allume des chandelles. L’un des assistants lit le livre du rituel, les
autres s’asseyent en rond autour du cercle. On brûle de l’encens. Puis un
chaudron est placé au milieu sur un foyer allumé. Le « coven’ se lève. Chaque
membre tient une torche qu’il enflamme au foyer. Quand le signal est donné, ils
se mettent à tourner dans le sens du soleil – c’est-à-dire dans celui des
aiguilles d’une montre – sur un rythme de plus en plus rapide. Le prêtre ou la
prêtresse chante une incantation à la Mère de la Nature, la suppliant de mettre
une nouvelle fois au monde l’enfant de la Promesse – c’est dire le soleil. La
danse s’accélère, devenant un cercle de feu, jusqu’au moment où les danseurs,
épuisés, s’écroulent, riant à perdre haleine.
Ce sont des scènes semblables qui ont amené les autorités religieuses et
certains journaux à attaquer assez vivement le docteur Gardner. Il proteste
contre les accusations d’impiété lancées contre lui.
- Nous n’employons, précise-t-il, aucun crucifix, ni à l’endroit ni à l’envers,
et nous ne profanons ou parodions aucun rite religieux.
Mais lorsqu’on lui demande si les cérémonies sont les seules que pratiquent les
sorciers, il reconnaît :
- Il y a d’autres rites qu’il m’est interdit de divulguer, parce qu’ils sont
réellement magiques, et les sorciers ne souhaitent pas révéler les moyens dont
ils disposent pour accroître la « puissance ».
Les sorciers
contre Adolf Hitler
- Que sont donc les
sorciers ? Le docteur Gardner s’est efforcé de répondre à cette question dans
les nombreux livres qu’il a consacré à sa religion. Il a même signé l’un d’eux
d’un pseudonyme magique : Srire O.T.O. 4 = 7. C’est une sorte de roman dont
l’intrigue et les personnages sont empruntés au milieu des mages. Dans un autre
intitulé : La Sorcellerie aujourd’hui, il précise ce qu’il faut entendre par «
sorcier » :
Ce sont ceux qui se nomment eux-mêmes les « Wica », c'est-à-dire les Sages, qui
pratiquent les rites séculaires et qui ont, à travers beaucoup de superstitions,
préservé un enseignement occulte. Ces « Wica » oeuvrent généralement pour le
Bien et, ceux qui sont en difficulté, ils les aident à améliorer leurs
capacités. »
IL est, de cette activité bienfaisante, selon le docteur Gardner, d’illustres
exemples historiques : la défaite de l’Invincible Armada, l’échec de Napoléon et
la renonciation de Hitler à l’invasion de l’Angleterre. Les sorciers comme on le
voit, se spécialisent, en temps de guerre, dans la défense des côtes anglaises.
Mais comme cet aspect de leur activité est généralement ignoré, le docteur
Gardner apporte quelques précisions.
Lorsque, après la défaite de la France, les armées hitlériennes arrivèrent sur
les bords du Channel, les sorciers commencèrent à lancer des sorts pour arrêter
leur avance. Mais Hitler était puissant et le débarquement menaçait. Alors les
sorciers se réunirent à plusieurs pour augmenter le « cône de puissance » et le
dirigèrent sur le cerveau de Hitler.
- Tu ne peux pas traverser la mer, lui répétèrent-ils. Tu ne peux traverser la
mer… tu ne peux traverser la mer. Tu n’es pas capable de venir… tu n’es pas
capable de venir…
Tout juste, précise le docteur Gardner, comme leurs arrière-grands-pères avaient
envoûté Napoléon et que leurs arrières-arrière-grands-pères avaient encore
stoppé l’invincible Armada en répétant :
- Go on, go on, go on…
Ainsi mesure-t-on l’injustice du traitement qui fut infligé pendant des siècles
aux malheureux sorciers. L’une des parties les plus tragiques du Musée de l’île
de Man abrite les innombrables instruments de torture utilisés contre eux au
cours des ages. Et dans un coin on remarque un petit autel surmonté d’une figure
de femme enchaînée à un poteau qu’entourent les flammes :
- C’est, explique le docteur Gardner, un mémorial élevé en l’honneur des 9
millions de martyrs condamnés pour sorcellerie à la torture et au bûcher…
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