LIBER IV - II: Le Cercle
par Aleister Crowley
version française Nephelim
Le Cercle annonce la Nature du Grand
Œuvre.
Bien que le magicien ai été limité dans son choix de chambre, il lui est plus ou
moins possible de choisir dans quelle partie de la pièce il pratiquera. Il
prendra en compte la commodité et la possibilité. Son cercle ne doit pas être
trop petit et gêner ses mouvements, il ne doit pas non plus être trop grand pour
ne pas imposer de trop longues distances à parcourir. Une fois que le cercle est
tracé et consacré, le magicien ne doit pas en sortir, ni même se pencher à
l’extérieur, de peur d’être détruit par les forces hostiles qui sont à
l’extérieures.
Il choisit un cercle plutôt que toute autre figure géométrique pour de
nombreuses raisons, on peut citer :
1. Il affirme ainsi son identité avec
l’infini.
2. Il affirme l’équilibre de son travail, puisque tous les points de sa
circonférence sont à égale distance du centre.
3. Il affirme la limitation impliquée par sa dévotion au Grand Œuvre. Il n’erre
plus sans but dans le monde.
Le centre de ce cercle est le centre du
Tau de dix carrés qui est au centre. L'ensemble du Tau et du cercle forment une
des configurations de la Rose-Croix, l’unification du sujet et de l’objet qui
sont le Grand Œuvre et qui sont parfois symbolisés par cette croix et ce cercle,
parfois par le Lingam-Yoni, parfois par l’Ankh ou Crux Ansata, parfois par la
Flèche et la Nef d’une église ou un temple, et parfois comme une fête de noce,
un mariage mystique, le mariage spirituel, des « noces chymiques » et d’une
centaine autres façons. Quelle que soit la forme choisie, c’est le symbole du
Grand Œuvre.
Ce lieu pour son travail affirme donc la nature et l’objet du Travail. Ceux qui
ont supposé que l’utilisation de ces symboles implique le culte des organes des
générations, ont attribué aux sages de toutes les époques et tous les pays une
capacité intellectuelle égale à la leur.
Le Tau est composé de dix carrés représentant les dix Sephiroth.
Autour de ce Tau il y a un triangle qui est inscrit dans le grand Cercle, mais
de ce triangle, seuls les trois angles sont tracés, les régions définies par
l’endroit où les lignes se coupent, délimitent ce triangle. Ce triangle n’est
visible que dans les parties communes aux deux côtés, elles ont donc la forme du
diamant, une des formes du Yoni. Sa signification est trop complexe pour ce
court texte, on en apprendra plus dans mon texte « Berashith. »
La taille de la figure dans son ensemble est déterminée par la taille d’un des
carrés du Tau. Et la taille de ce carré est celle de la base de l’Autel, qui est
placé sur Malkuth. Cette taille sera ainsi fixée malgré l’apparente liberté pour
le Magicien de faire comme il veut, d’autant plus que l’autel doit avoir une
base proportionnelle à sa hauteur et que cette hauteur doit être pratique pour
le Magicien, la taille de l’ensemble dépendra de sa propre stature. Il est
facile de tirer une leçon de morale de ces considérations. Nous nous
contenterons de dire que la portée du travail d’un homme dépend de son propre
génie. Même la taille des armes sera déterminée par les proportions nécessaires.
Les exceptions à cette règle sont la lampe qui pend du plafond au-dessus du
centre du Cercle, au-dessus du carré de Tiphereth, et l’Huile dont le flacon est
si petit qu’il conviendra à n’importe quel autel.
Sur le Cercle sont inscrits les Noms de Dieu, le Cercle est vert et les noms
sont en flammes de couleur vermillon, de la même couleur que le Tau. A
l’extérieur du Cercle il y a neuf pentagrammes équidistants, au centre de chaque
pentagramme brûle une petite lampe, ce sont les « forteresses sur les Frontières
de l’Abîme." (voir le onzième Aethyr, Liber 418 - Equinox V). Elles éloignent
les forces des ténèbres qui sinon pourraient pénétrer dans le Cercle.
Les noms de Dieu, forment une protection supplémentaire. Le Magicien peut
décider des noms qu’il va utiliser, mais chaque nom doit en quelque sorte
symboliser cet Ouvrage dans sa méthode et son accomplissement. Il est impossible
ici de développer entièrement ce sujet, la découverte ou la construction des
noms appropriés peuvent occuper le kabbaliste le plus savant pendant de
nombreuses années.
Ces neuf lampes étaient à l'origine des bougies faites de matières grasses
humaines, la graisse d’ennemis tués par le Magicien, elles ont ainsi servi de
mises en garde à toutes les force hostiles, leur montrant ce qu’elles risquaient
si elles causaient des problèmes. Aujourd'hui de telles bougies sont difficiles
à obtenir et il est peut-être plus simple d’utiliser de la cire d’abeille. Le
miel a été mangé par le magicien, rien n’est gâché du travail des abeilles si ce
n’est l’enveloppe, le carburant de lumière. Cette cire d’abeille est aussi
utilisée dans la fabrication du Pantacle, et cela forme un lien entre les deux
symboles. Le Pantacle est la nourriture du Mage et il en sacrifie une partie
pour donner de la lumière à ce qui en manque. Car ces lumières ne sont
qu’apparemment hostiles à l’intrusion, elles servent à illuminer le Cercle et
les Noms de Dieu et ainsi à apporter les premiers et ultimes symboles de
l’initiation à la vue du profane.
Ces bougies sont placées sur les pentagrammes, qui symbolisent Geburah, la
sévérité et apportent une protection, mais elles représentent aussi le
microcosme, les quatre éléments couronnés par l’Esprit, la Volonté de l’homme
parfait dans son aspiration à l’Elévation. Elles sont placées à l'extérieur du
Cercle pour attirer les forces hostiles, pour leur donner le premier aperçu du
Grand Œuvre, qu’elles aussi doivent accomplir un jour