La Pierre Sorcière

En 1953 Doreen Valiente a proposé à Gerald Gardner de retravailler le Livre des Ombres de leur groupe pour en expurger les passages trop clairement inspirés des écrits d’Aleister Crowley.
Près de vingt ans plus tard, au début des années 1970, des Sorcières ayant appris la chose ont eu envie de faire le chemin inverse.
En plus des textes inspirés des écrits de Crowley, on retrouve dans ce « Livre des Ombres » un extrait de « The Great Beast » la biographie de Crowley écrite par John Symonds et publiée en 1951. On reconnaitra également deux poèmes, l’un de Robert Graves et l’autre de John Updike publiés respectivement en 1962 et 1963. Il y a aussi quelques pages de ce « Livres des Ombres » ouvertement inspirées de « Sane Occultism » et de « Sea Priestess » de Dion Fortune. Il s'y trouve enfin quelques emprunts au folklore britannique, ils sont tirés de deux ouvrages, « English folk-rhymes » (1892) de G. F. Northall) et « Everybody's Book Of Fate And Fortune » (1938) de Edward Lyndoe.

… Dieu se fait connaître de l’homme.
Mais tous ces mystères sont Un Mystère.
Toutes les Déesses sont une seule déesse et nous l’appelons Diane, la Femme Universelle, dans la nature de laquelle se trouvent toutes les choses naturelles, tout à tour vierge et voluptueuse, source de vie et porteuse de mort. Elle est la cause de la création, car elle éveille le désir du Père de tout et pour elle, il crée.
De même, les sages nomment Diane toutes les femmes.
C’est elle, la Grande Mer qui lui ordonne de retourner en elle, de s’enfoncer dans ses profondeurs, de se dépenser et dormir dans une négation totale. C’est elle qui, en tant que Perséphone des Enfers, le réveille de ses baisers dans les ténèbres, et s’élance tout puissant, le jour, car c’est elle qui sort de la mer comme une étoile et lui demande de venir et il lui répond, et la terre devient verte et se couvre de grains.
Elle est toutes ces choses, et bien d’autres, passant de l’une à l’autre avec les marées de la Lune et les besoins des âmes des hommes lui répondent.
A l’extérieur, il est le mâle, le seigneur, Celui qui Donneur la Vie. Mais au fond de lui, il cherche la vie dans ses mains à elle, lorsqu’elle se penche sur lui il s’agenouille.
C’est pourquoi il devrait vénérer la Grande Déesse, car sans Elle il n’a pas de vie et chaque femme est Sa prêtresse. Face à chaque femme qu’il recherche les traits de la déesse, qu’il regarde se dérouler dans le flux et le reflux des marées auxquelles son âme répond, attendant son appel, comme il le doit, souffrant dans sa stérilité.
Chaque femme est une prêtresse de la Déesse, elle est la Puissante Reine des Enfers, dont les baisers magnétisent et donnent la vie. A l’intérieur, elle est toute puissante, elle est celle qui fertilise.
Elle incite le mâle à créer, car sans désir, la vie ne progresse pas.
C’est son appel dans les ténèbres qui éveille, car à l’intérieur, le mâle est inerte. Il ne se lève pas pour sa propre vie, mais pour le désir qu’il a pour Elle.
Jusqu’à ce que les mains de la femme le touchent, il est comme un mort dans le Royaume des Ombres, il est mort dans la vie.
O filles de Diane, adorez la Déesse et prononcez en son nom l’appel qui éveille et réjouit.
Ainsi, vous serez bénis par la Déesse et vivrez dans une plénitude de vie.
Autrefois les sages voyaient toutes les choses créées comme le vêtement lumineux du Créateur et dans les voies de la Nature, ils discernaient les voies de Dieu et ils adoraient Dieu manifesté dans la Nature, en disant : « Dans la Nature, Dieu est manifesté, ainsi que la nature soit pour moi la manifestation de Dieu. »
Isis est la Femme universelle, et toutes les femmes sont Diane. K…. est l’Homme Universel et tous les hommes sont K…
Diane est tout ce qui est négatif, réceptif et latent. K…. est tout ce qui est dynamique et puissant. Ce qui est latent à l’extérieur est puissant à l’intérieur et ce qui est puissant à l’extérieur est latent à l’intérieur.
C’est pourquoi Diane est à la fois Perséphone et Aphrodite et K…., celui qui donne la vie, est aussi le Seigneur des royaumes de la mort. Voilà la loi de la polarité alternée, qui est connue du sage.
L’homme ne devrait pas toujours être puissant, mais devrait rester caché dans les bras de Perséphone, se rendre lui-même face à elle.
Puis, elle qui était sombre et froide comme espace extérieur avant le Monde créateur, est nommée reine des enfers, couronnée par l’abandon de l’homme et ses baisers deviennent puissants sur les lèvres de l’homme.
Eveillé par ses baisers, il se lèvera, le tout-puissant, et son désir appellera une Aphrodite d'or. Mais sans les baisers de Perséphone, il dormira pour toujours dans les Enfers.
Et celle qui est prêtresse de Diane règne sur les marées subtiles et intérieures des cœurs des hommes tels que Séléné, la lune. En tant que Perséphone, elle l’attire dans les ténèbres pour qu’il soit réceptif, négatif, en tant qu’Aphrodite, elle l’éveille à la lumière et à la vie. Elle répond aux besoins de sa vie secrète avec ses phases changeantes, et il s’accomplie par elle, il est glorifié par sa force.
Et elle, si éveillée, si demandante, si répondante, est emplie de la plénitude de vie, car elle est aimée de la Déesse.