La Rivière
Ah ! Celui, celle, ou ceux qui m’ont appelée auraient pu prévenir qu’il y aurait la rivière à traverser ! Et je fais quoi maintenant ? Le son est de l’autre côté, je l’entends très nettement maintenant. Il est fort, envoûtant, hypnotisant même. Je suppose qu’il n’y a pas dix solutions…. Traverser l’eau, sans pont, sans gué, ça se fait à la nage. Bien…. Nager égal mouiller. Reste plus qu’à ôter mes vêtements. Confiance ! je les retrouverai c’est sûr. Confiance, confiance ! tu es toute nue, mais les paysans du coin sont chez eux…. Allez sorcière ! « on » t’attend « là bas ».
Je pose mes quelques vêtements sur une branche d’arbre et je m’engage dans le cours d’eau. Elle est très fraîche, ça me revigore et m’engourdit tout à la fois. Sensation étrange. Le bout des doigts et des orteils me picote, l’eau caresse mes seins et mon ventre, c’est bon. Le courant me fait un peu dévier de ma trajectoire, mais je reste convaincue que tout est prévu. Par contre, si ça pouvait ne pas durer trop longtemps s’il vous plait…. Mon corps s’engourdit et mes gestes sont plus difficiles.
Lorsque je reprends pieds sur la berge je sais, à l’amplitude su son, que je suis extrêmement près du but. Encore quelques mètres à travers la végétation et le bruit cesse. Brusquement, sans prévenir. Et maintenant, je fais quoi ?
Confiance !
Tu n’as plus le son sur lequel focaliser, alors ouvre tes yeux, tes oreilles, éveille tes sens. « On » ne t’a pas amenée là pour rien. Regarde bien autour de toi, la réponse est forcément là.
Ok, j’ouvre les yeux, je respire à fond. Tiens ! Odeur inhabituelle…. Parfait ! Après le son les odeurs (oh oh ! un petit air de « déjà entendu ») Je suis l’odeur. J’ai toujours été forte à ce jeu.
Il ne me faut pas longtemps pour en trouver l’origine. C’est une petite gerbe d’herbes odorantes. Une petite gerbe nouée d’un ruban vert. Sûrement pas là par hasard.
Maintenant que je l’ai trouvée il me faut de nouveau ouvrir plus larges mes perceptions. L’ouïe et l’odorat ont été sollicités. Essayons la vue.
J’observe les alentours de ces herbes enrubannées, je remercie la lune pour sa lumière, et petit à petit je découvre une pierre qui dans cet environnement uniquement végétal se voit comme le nez au milieu de la figure et une branche fourchue, peut être tombée d’un arbre… Peut être …. Mais vu la situation ça semble la moins bonne réponse !
La réponse la plus logique est qu’on …. Non stop ! Cesse de dire « on » tu peux dire les Dieux car là vraiment, le doute n’est plus permis ! Donc les Dieux m’ont attirée là pour que je ritualise là. En pleine nature, loin des hommes, loin de mes repères habituels. Je vais ritualiser ici, sans mon athamé, sans ma baguette, mon encens, mon pentacle, sans ma bougie blanche, sans pomme et sans bière…. Ritualiser comme cela se faisait aux premiers temps. Réinventer le sabbat. Communier complètement avec les éléments.