La Wica

  Le NROOGD

  Dion Fortune & The Society of Inner Light

  Alex Sanders & la Tradition Alexandrienne

  Chamanisme / Faery / Huna

  Magie Enochienne

  Reclaiming / Feri / 3rd Road

  Thelema

  Tubal Cain

  Autres
    Charles Cardell et le Coven d'Atho
    Bill Gray et le Sangreal
    Madeline Montalban
    Rosaleen Norton
    Wicca Germanique

    Majestic Order

    Coutumes et Traditions

    Projections Astrales

    L'Oracle Rider-Waite

    Crapaud et Sorcellerie

    Hécate

    Cordes et Ficelles

    Sorcellerie au Cinéma
 
   Divination
    Divers

La Librairie

Le Cercle de la Pierre Sorcière

Liens

Dernières mises à jour du site


 

Le Tarot de Thoth
VI. Les Amoureux  (ou Les Frères)
par Aleister Crowley et Lady Frieda Harris version française Tof & Xavier

 
Cette carte et sa jumelle le XIV. L'Art, sont les Atout les plus obscurs et compliqués. Chacun de ces symboles est en lui-même double, ainsi leurs significations forment une série divergente et l’intégration de la Carte ne peut être retrouvée que par des mariages et des identifications répétés ainsi qu’une certaine forme d’Hermaphrodisme.

Pourtant, son attribution est l’essence de la simplicité. L’Atout VI. se réfère au Gémeaux, gouvernés par Mercure. La lettre hébreu qui lui correspond est Zain, ce qui désigne une Epée, le cadre de la carte est donc l’Arche d’Epées sous lequel le Mariage Royal a lieu.

L’Epée est avant tout un moteur de division. Dans le monde intellectuel qui est le monde de la série des Epées, les Amants représentent l’analyse. Cette carte et l’Atout XIV. forment ensemble la maxime alchimique complète: Solve et Coagula.

Cette carte est donc une des lames les plus fondamentales du Tarot. Il s’agit de la première carte où apparait plus d’un personnage. [Le Singe de Thoth dans l’Atout I. n’est qu’une ombre.] Dans sa forme originale, c’était l'histoire de la Création.
Pour son intérêt historique on a inclus ici la description de cette carte dans sa forme primitive extraite du Liber 418.

« Il y a une légende assyrienne parlant d’une femme avec un poisson ainsi qu’une légende où Caïn était le fils d’Eve et du Serpent et non celui d’Eve et d’Adam. Lorsqu’il a tué son frère, Caïn est devenu le premier meurtrier et il a eu ainsi la marque sur son front puisqu’il avait sacrifié un être vivant à son démon, il s’agissait de la marque de la Bête dont parle l'Apocalypse et c’est le signe de l’Initiation.

« L’effusion de sang est nécessaire, car Dieu n’a pas entendu les enfants d'Eve avant que le sang n’ait été versé. Voilà la religion externe, mais Caïn n’a pas parlé à Dieu et il n’a pas eu la marque de l’initiation sur son front, ce qui a fait s’écarter de lui tous les hommes, avant qu’il n’ait fait couler le sang. Et ce sang était le sang de son frère. Voilà un mystère de la sixième clef du Tarot, qui ne devrait pas être appelée Les Amants mais Les Frères.

« Au milieu de la carte il y a Caïn, dans sa main droite il y a le Marteau de Thor avec lequel il a tué son frère, et il est tout éclaboussé de son sang. Sa main gauche est ouverte en signe d’innocence. A sa droite il y a Eve, sa mère, derrière sa tête est enlacé le serpent à capuche et à sa gauche il y a un personnage ressemblant un peu à la Kali hindoue, mais beaucoup plus séduisante. Je sais qu’il s’agit de Lilith. Au-dessus de lui il y a le Grand Sceau de la Flèche, pointée vers le bas, qui frappe le cœur de l’enfant. Cet enfant est aussi Abel. Et la signification de cette partie de la carte est obscure, mais il s’agit là du dessin exact de la carte de Tarot et c’est la véritable fable magique à partir de laquelle les scribes hébreux, qui n’étaient entièrement Initiés, ont volé leur légende de la Chute et les événements qui ont suivi ».

Il est vraiment significatif que presque chaque phrase de ce passage semble être le contraire de ce que dit le passage précédent. C’est parce que la réaction est toujours égale et opposée à l’action. Cette équation est, ou devrait être, simultanée dans le monde intellectuel où il n’y a pas de grand décalage dans le temps. La formulation d’une idée crée son idée contradictoires à peu près au même moment. La contradiction d’une proposition est implicite en soi. C’est nécessaire pour préserver l’équilibre de l’Univers. La théorie a été expliquée dans l'essai sur Atout I. le Bateleur, mais il faut à nouveau le souligner pour interpréter cette carte.

La Carte représente la Création du Monde, voilà la clef. Pour les Hiérarques ce secret était d’une très grande importance. Ainsi les Initiés qui ont créé le Tarot, pour l’utiliser lors de l’Eon d’Osiris ont remplacé la carte originale décrite ci-dessus dans « La Vision et la Voix ». Ils voulaient créer un nouvel univers qui leur serait propre, c’étaient les pères de la science. Leurs méthodes de travail, qu’on regroupe sous le terme générique d’Alchimie, n’ont jamais été rendus publiques. Ce qui est intéressant c’est que dans les cinquante dernières années tous les développements de la science moderne ont donné aux personnes intelligentes et instruites l’occasion de constater que la tendance générale de la science a été de revenir à des buts et méthodes alchimiques (mutatis mutandis). La puissance des Eglises persécutrices a rendu nécessaire le secret observé par les alchimistes. Les bigots se battaient entre eux mais ils étaient aussi tous soucieux de détruire la science balbutiante, qui, comme ils le comprenaient instinctivement, mettrait fin à l'ignorance et à la foi qui leur procurait pouvoir et richesse.

Le sujet de cette carte c’est l’Analyse, suivi par la Synthèse. La première question posée par la science est : « De quoi sont composées les choses ? » Une fois qu’une réponse a été trouvée, la question suivante fut : « Comment allons-nous les recombiner pour notre plus grand avantage ? » Cela résume toute la politique du Tarot.

Le personnage encapuchonné qui occupe le centre de la Carte est une autre expression de L’Ermite, qui est expliquée plus en détail dans l’Atout IX. Il est lui-même une forme du dieu Mercure, décrit dans l’Atout I., il est étroitement emmitouflé, comme pour signifier que la raison ultime des choses se trouve dans un domaine au-delà de la manifestation et de l’intellect. (Comme ça a été expliqué ailleurs, seules deux opérations sont finalement possible : l’analyse et la synthèse). Il est debout dans le Signe de l’Entrant, comme s’il projetait les forces mystérieuses de la création. Près de ses bras il y a un rouleau qui figure le Verbe, le Verbe qui est aussi bien son essence que son message. Mais le signe de l’Entrant est aussi le Signe de Bénédiction et de Consécration, donc son action sur cette carte est la Célébration du Mariage Hermétique. Derrière lui sont représentés Eve, Lilith et Cupidon. Ce symbolisme a été incorporé pour préserver, dans une certaine mesure, la forme originale de la carte et pour montrer sa dérivation, son hérédité et sa continuité avec le passé. Sur le carquois de Cupidon est inscrit le mot Thelema, qui est le Verbe de la Loi. (Voir Liber AL, chap. I, verset 39.) Ses chenaux sont quanta de Volonté. Il est ainsi montré que cette formule fondamentale du travail, de l’analyse et de la synthèse magiques, persiste à travers les Eons.

On peut maintenant envisager le Mariage Hermétique lui-même.

Cette partie de la Carte est une forme simplifiée des « Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz », un chef-d'œuvre trop long et trop détaillé pour être cité utilement ici. Mais l’essentiel de l’analyse est l’observation continuelle d’idées contradictoires. C’est un glyphe de dualité. Les personnes royales concernées sont le Roi Noir, ou Maure, avec une couronne d’or et la Reine Blanche avec une couronne d’argent. Il est accompagné par le Lion Rouge et elle par l’Aigle Blanc. Ce sont des symboles des principes masculin et féminin dans la Nature, ce sont donc aussi, à divers stades de manifestation, le Soleil et la Lune, le Feu et l’Eau, l’Air et la Terre. En chimie ce sont l’acide et l'alcalin ou (plus profondément) les métaux et les non-métaux, en prenant ces mots dans leur sens philosophique le plus large pour inclure d’une part l’hydrogène et d’autre part l'oxygène. Dans cet aspect, le personnage encapuchonné représente l'élément protéiforme de carbone, la source de toute vie organique.
Le symbolisme du masculin et du féminin est porté encore plus loin par les armes du Roi et de la Reine, il porte la Lance Sacrée et elle le Saint-Graal, leurs autres mains sont jointes, ils consentent au mariage. Les enfants jumeaux tiennent leurs armes, dont les positions sont en miroir. L’enfant blanc tient non seulement la Coupe mais aussi des roses, alors que l’enfant noir, tient la Lance de son père, ainsi que le Bâton, un symbole équivalent. En dessous il y a le résultat du mariage sous sa forme primitive et pantomorphique, c’est l'œuf ailé orphique. Cet œuf représente l’essence de toute vie qui relève de cette formule du masculin et du féminin. Il incarne la symbolique des Serpents, serpents qui sont brodés sur le vêtement du Roi alors que des abeilles ornent le manteau de la Reine. L’œuf est gris, mêlant le blanc et le noir, ce qui désigne ainsi les trois Sephirot métaphysiques de l'Arbre de Vie. La couleur du Serpent est le pourpre, le Mercure sur l'échelle de la Reine. C'est l'influence de ce Dieu qui se manifeste dans la Nature, alors que les ailes sont teintées de rouge, la couleur (sur l’échelle du Roi) de Binah la grande Mère. Dans ce symbole il y a donc un glyphe complet de l'équilibre nécessaire pour débuter le Grand Oeuvre. Mais, comme pour le mystère final, il reste non résolu. Ce plan est parfait pour produire la vie, mais la nature de cette vie est cachée. Elle est capable de prendre n’importe quelle forme possible, mais quelle forme ? Cela dépend des influences associées à la gestation.
Le personnage en l’air présente une certaine difficulté. L'interprétation traditionnelle du personnage veut qu’il s’agisse de Cupidon, mais le rapport entre Cupidon et les Gémeaux n’est pas clair. La position du chemin sur l’Arbre de Vie ne nous en apprend pas plus puisque les Gémeaux mènent de Binah à Tiphereth. Voilà qui pose la question de Cupidon. Les dieux romains représentent généralement un aspect plus matériel des dieux grecs dont ils sont issus. Ici c’est Eros. Eros est le fils d’Aphrodite et selon les traditions son père était Ares, Zeus ou Hermès c’est-à-dire Mars, Jupiter ou Mercure. Son apparition sur cette carte suggère qu’Hermès serait le véritable père, et cette idée est confirmé par le fait qu’il n’est vraiment pas facile de le distinguer de l’enfant Mercure, car ils sont tous deux débauchés, irresponsables et aiment jouer des tours. Mais sur ce dessin il y a des caractéristiques particulières. Il a un arc et des flèches dans un carquois d’or. (Il est parfois représenté avec une torche.) Il a des ailes d’or et les yeux bandés. On peut ainsi penser qu’il représente la volonté rationnelle (et, en même temps, inconsciente) de l’âme de s’unir avec tout le monde comme cela a été expliqué dans la formule générale en lien avec l’agonie de la séparation.
Aucune importance particulière n’est attachée à Cupidon au niveau alchimique. Pourtant, dans un sens, il est la source de toute action, la libido qui exprime le Zéro sous la forme du Deux. D’un autre point de vue, il peut être considéré comme l’aspect intellectuel de l’influence de Binah sur Tiphareth, car (dans une tradition) cette carte c’est « Les Enfants de la Voix, l’Oracle des Puissants Dieux ». De ce point de vue, c’est un symbole d’inspiration, qui descend sur le personnage encapuchonné, qui est, dans ce cas, un prophète opérant la conjonction du Roi et de la Reine. Sa flèche représente l’intelligence spirituelle nécessaire aux opérations alchimiques plutôt que la simple envie de les pratiquer. D’autre part, la flèche est un important symbole de direction, il est donc approprié d’inscrire le mot « Thelema » en lettres grecques sur le carquois. On notera également que la carte opposée, Le Sagittaire, représente le Porteur de la Flèche, ou l’Archer, un personnage qui n’apparait pas du tout sur l’Atout XIV. Ces deux cartes sont donc si complémentaires que, pour une interprétation complète, elles ne peuvent être étudiées séparément.


 

retour

 

 

Dans la joie nous nous sommes réunis, dans la joie nous nous séparons et dans la joie nous nous retrouverons!