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Le Diable
par Alfred Douglas
version française Tof & Xavier
Une version conventionnelle du Diable est représentée sur
cette carte, il est debout ou accroupi sur un socle en pierre. Il a une deux
ailes en cuir et des cornes poussent sur la tête. Son corps nu est d’aspect
plutôt féminin et ses seins sont lourds. Dans certaines Tarots il a une torche
en flamme dans une main. A ses pieds se tiennent deux démons mineurs, nus eux
aussi, ils ont des cornes et une queue, mais pas d’ailes. Chaque démon a une
corde autour du coup, corde dont l'autre extrémité est fixée au socle de pierre.
Cette représentation du Diable et de ses serviteurs est un tableau typiquement
médiéval. Dans certains anciens Tarots, il semble porter un casque où des cornes
sont fixées plutôt que d'avoir de véritables cornes et ressemble beaucoup à
l'ancien dieu celte Cernunnos qui fut peut-être le prototype du Diable chrétien
traditionnel.
Cette carte porte le numéro quinze, en chiffres arabes il est constitué de un et
de cinq, ce qui se réduit à six. Six est un chiffre de la conjonction des
principes opposés (voir Les Amants), et est le chiffre de l'amour. L'étoile à
six branches ou hexagramme est composé de deux triangles entrelacés, le symbole
alchimique pointant vers le haut du feu combiné avec le symbole pointant vers le
bas de l'eau.
Nous avons ici une nouvelle carte liée à la réconciliation de la conscience avec
des éléments inconscients.
Après avoir forgé un lien avec son moi intérieur, le chercheur est maintenant
capable d’aller encore plus loin dans la quête du centre caché. Il n’est plus
confiné aux limites étroites de son ego, mais a établi des contacts avec les
forces créatrices de l'inconscient.
C’est à ce stade qu’il rencontre pour la première fois les personnages puissants
qui ne font pas simplement partie de sa psyché personnelle, mais qui
appartiennent aux couches inconscientes de l’humanité dans son ensemble. Ce sont
des « images primordiales » qui appartiennent à l’aube de l’existence, les dieux
chthoniens dont la puissance est grande et qui ont un attrait mortel pour
l’esprit conscient.
L’inconscient collectif, comme l'ego, a un côté sombre qui contient tous les
aspects latents de l'humanité. Dans le christianisme, Satan, le Diable, le
grand tentateur, l'essence même du mal personnifient cela.
Dans l'antiquité cette force indomptée était incarnée par des divinités telles
Dionysos, dont Jung a dit: « Dionysos est l’abîme de la dissolution passionnée,
où toutes les distinctions humaines se mêlent dans la divinité animale de la
psyché primordiale - une expérience merveilleuse et terrible ».
En rencontrant ce personnage, celui qui cherche est confronté à un défi, il voit
maintenant pourquoi sa quête est appelée « la quête du héros », car seul un
héros peut résister à la puissance du Diable. Comme dans les étapes précédentes
de la quête, quand il a dû faire face à sa propre ombre, la vaincre et ainsi
gagner grâce à la renaissance un accès à un niveau supérieur, un combat
similaire doit avoir lieu.
La rencontre avec le Diable est la rencontre la plus dangereuse de toutes, car
il incarne l’énergie du moi intérieur. S’il triomphe, alors la conscience est
inondée par sa force obscure et celui qui cherche peut devenir un mégalomane.
Réaffirmant son égocentrisme, il sera possédé par le sentiment de sa propre
puissance et de sa sagesse. Il va croire qu’il possède tous les savoirs, qu’il
est le messager divinement désigné par Dieu – qu’il est l’incarnation de Dieu
lui-même. Il sera comme un possédé et s’attribuera les qualités du divin.
Mais si le défi de l’ombre collective peut être acceptée et reconnue pour ce
qu’elle est, si la puissance du Diable peut être emportée dans la sphère de la
conscience d’une façon mesurée et contrôlée, puis les forces des ténèbres
pourront être transformées en pouvoirs de lumière. Dans les ténèbres de la mort
se trouvent les germes d’une nouvelle vie, Satan devient Lucifer, l’Ange
Brillant dont le nom signifie « Celui qui apporte la lumière ».
A ce stade de la quête mystique la tâche est de comprendre et d'intégrer les
plus profondes pulsions de la nature, des pulsions qui suivent leurs propres
lois puissantes et qui doivent être canalisées sur des voies qui améliorent la
vie et la font évoluer.
Dans le savoir occulte traditionnel Pan est le personnage central de cette
carte. Autrefois on adorait Pan comme l’un des dieux qui donne la vie, le
Seigneur de la Fertilité, de l’abondance et de la procréation. Le personnage de
Pan est aussi crucial dans son importance de dieu de la Mort. Sans mort, la vie
serait intenable dans un monde surpeuplé, sans la force de vie, la vie ne serait
jamais sortie des marais primitifs.
La leçon de Pan est qu’il ne faut pas dédaigner la nature. Tout le monde, à
n’importe quel stade de son développement, est incarné dans un corps humain,
doté d’instincts humains et de pulsions affectives. Mais il faut aussi ne pas
être asservi par eux, les deux personnages représentés sur la carte illustrent
ce danger et démontrent aussi que cela peut être évité. La chaîne qui les
retient n’est pas aussi solide qu’elle paraît à première vue et pourrait être
retirée s’ils le souhaitaient. Les pouvoirs de l’instinct existent et sont une
part essentielle de la vie, mais ils doivent être subordonnés aux aspects
civilisés de la conscience.
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